Faits divers

Recel de biens volés - « Je choisis d’être condamné aujourd’hui »

Recel de biens volés - « Je choisis d’être condamné aujourd’hui »

« Y en a des choses chez vous ! Y a même des vélos qui disparaissent entre la première et la seconde perquisition. » Le president Dufour ne croit pas le prévenu qui, poursuivi pour recel, se dit non coupable.

Des objets volés en divers endroits

Pas franchement innocent, non. Il sait bien comment tout fonctionne : les vols, le recel, la justice. Il a déjà fait le tour du cadran plusieurs fois. « Non coupable » : la trancheuse professionnelle ? « Ma soeur avait acheté aux enchères la maison d’un ancien boucher. Il restait des affaires dedans, elle m’a donné la trancheuse. » Vérification faite, sa sœur a effectivement acheté le bien d’un ancien boucher, mais le parquet estime que l’appareil trouvé à Rancy, dans le sous sol du domicile du prévenu, est d’un modèle plus récent que ça. Les enquêteurs disent que cette trancheuse a été volée à une société dans la nuit du 13 au 14 décembre 2020.


« Si je l’avais volé j’aurais au moins effacé son numéro ! »

La machine à kebab « et son couteau électrique », précise le président ? « Je l’ai achetée sur une brocante, je ne sais plus quand. » Pour quoi faire ? Nul ne pose la question au prévenu, parce que personne n’y croit. Cette machine, identifiable à cause d’un détail d’ampoule, a été volée dans le département 70, dans la nuit du 3 au 4 mars 2021. Le moteur de sa voiture ? « Je l’ai acheté sur Snapchat. Le vendeur me l’a apporté. » 1000 euros, en liquide. « Si je l’avais volé j’aurais au moins effacé son numéro ! » Le moteur fut volé dans la nuit du 12 décembre à une dame. Le ou les voleur(s) ont forcé la porte de son garage. 

« Je choisis d’être condamné aujourd’hui »

Le prévenu est né en 1988 à Beaune. Il sort de garde à vue, les gendarmes l’ont accompagné au tribunal. Il se défend mais n’y croit pas, au fond. Preuve en est lorsque le président lui demande s’il souhaite un délai ou préfère être jugé tout de suite. « Je choisis d’être condamné aujourd’hui. » Rires, bien sûr, son propre visage s’éclaire aussi. D’ailleurs il va rester plutôt ouvert et souriant, jusqu’à la lecture de son casier judiciaire. 

Vols de DAB à l’explosif, wow

13 mentions dont violences, outrages, pas mal de vols, vols aggravés, recels, jusqu’à cette peine immense de 10 ans. Placé en détention provisoire en 2003, il bénéficie d’une libération conditionnelle en juillet 2019, sa peine court jusqu’en janvier 2023. Pourquoi ? Il volait des DAB (distributeurs automatiques de billets), à l’explosif.
Le visage de l’homme s’assombrit. « Ça va s’arrêter quand, monsieur, les ennuis avec la justice ? - Mon casier me rattrape, monsieur. - Savez-vous qu’il y a des gens qui ne sont jamais condamnés de toute leurs vies ? » Le prévenu pense-t-il à ceux, ça existe aussi, qui ne se font jamais choper ? Il répond, touchant de spontanéité : « Ah ben c’est pas mon cas, hein ! »


Pourtant, la vie s’annonçait pas mal

Son conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation (CPIP) témoigne d’un suivi qui se passe pourtant bien. Le condamné a trouvé un CDI, fait un travail qu’il aime. Il a une compagne qui travaille aussi. Bref, ça pouvait être bien, mais rien ne va plus et, en dépit de la plaidoirie de l’avocat qui l’assiste, et qui plaide le peu d’éléments voire l’absence de preuve, en dépit de la plaidoirie, il s’apprête à faire un nouveau tour de roue. 


8 mois, mandat de dépôt 

Le parquet avait requis 10 mois de prison avec mandat de dépôt, le tribunal le condamne à la peine de 8 mois de prison, et décerne mandat de dépôt. 

Le président avait été clair : « Compte-tenu de votre casier, vous savez très bien que si vous accumulez des biens dont vous ne pouvez pas justifier la provenance, vous risquez des poursuites pour recel. »

Procédure incidente 

L’affaire avait commencé par une perquisition de la brigade de recherche de Vesoul dans le cadre d’une enquête en cours. « On découvre des objets dont on ne sait pas ce qu’ils font là. » Le parquet de Vesoul ne se saisit pas, le parquet de Chalon se saisit. « J’ai rien à faire avec ces vols », maintient le mis en cause. « Ça fait quand même beaucoup d’affaires volées, chez vous. »

 


FSA