Faits divers

TRIBUNAL DE CHALON - « ‟Arrête ! Je t’en supplie !”, c’est la phrase que maman dit souvent »

Par Florence SAINT-ARROMAN

Publié le 12 Juillet 2022 à 18h07

TRIBUNAL DE CHALON - « ‟Arrête ! Je t’en supplie !”, c’est la phrase que maman dit souvent »

« Il y a toujours des disputes, alors je suis triste et en colère. » Le garçonnet a 11 ans. Dans le box, le père de son demi-frère : « Non, madame la juge, c’est encore des accusations mensongères. »

Pourtant il pense que « les enfants passent avant tout ». Tiens donc. Pourtant le petit a tenu d’autres propos aux enquêteurs qui racontent une situation intrafamiliale cousue d’éclats, de cris, d’insultes, et quoi encore ? Encore une situation terrible, embrouillée à souhait. Les cris, des insultes, des disputes à la pelle, ça au moins le prévenu reconnaît. 
L’homme, né en 1983 dans le Var, est en détention provisoire depuis le 20 juin dernier. Il est jugé ce lundi 11 juin à l’audience des comparutions immédiates. Un homme calme, posé. Il reconnaît (et le regrette fort, dit-il) une gifle en 2016 (ça tombe bien, c’est hors période de prévention, qui démarre en 2018 pour s’achever en juin 2022), et tient à l’expliquer (« Elle m’avait appelé en disant qu’elle connaissait des gens sur Lyon, capables d’enlever un membre de ma famille. ») 

C’était la 8e plainte qu’elle déposait

Madame n’est pas à l’audience mais si ce dossier arrive devant le tribunal c’est que madame a déposé plainte à Chalon en octobre dernier et que les recherches ont exhumé plusieurs mains courantes et 7 plaintes dans le Var, classées sans suite. Au TAJ, elle est connue deux fois comme victime. En 2017 elle est jugée et condamnée pour avoir porté un coup de couteau à monsieur (12 mois de prison assortis d’un sursis probatoire de 2 ans). En 2017, elle avait elle-même déposé deux plaintes. 2017, mauvaise année.

« C’est elle qui est difficile à gérer »

Du Var ils se déplacent jusqu’à Saint-Remy, ils s’étaient séparés, il est revenu. Elle le dit harcelant, insultant, violent, il dit ben non, « c’est elle qui est difficile à gérer ». Et puis son fils est « perturbé ». Le médecin légiste a constaté des cicatrices lésionnelles dans le cou de madame : monsieur l’a coupée avec des bouts de verre. « Du tout, elle a eu un accident de voiture » oppose le prévenu. « Un médecin expert aurait vu si ces cicatrices provenaient d’un accident », lui répond maître Leray pour la victime. « Il humilie et rabaisse sa compagne à l’audience, ce n’est pas le discours de quelqu’un d’innocent. Il la discrédite mais il n’est pas constant dans ses propos. Le menteur est de l’autre côté de la barre. »  

« Epuisement moral », ITT de 30 jours

Clémence Perreau, substitut du procureur rappelle les faits les plus graves, à commencer par leur caractère « habituel ». « Ils ont tous peur, et tous seraient menteurs ? » Elle rappelle « l’épuisement moral » de la femme, l’ITT de 30 jours ! et requiert la peine de 36 mois de prison dont 18 mois sont assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans, maintien en détention pour 18 mois. « Je ne dis pas que madame et les enfants sont des menteurs, commence maître Bouflija. Mais je vais m’en tenir au dossier pénal. » L’avocate liste des éléments « qui peuvent faire subsister un doute », « son casier est néant ». En gros : pas de preuves des violences physiques et sexuelles, donc il faut s’en tenir aux violences verbales, « et pas de maintien en détention pour ça ». 

« Et surtout : ne pas vous approcher de madame »

Le tribunal déclare cet homme si plein d’aplomb, coupable de violences verbales uniquement. Il est donc relaxé pour tout le reste, « faute d’éléments probants ». Le condamne à la peine d’un an de prison assorti d’un sursis probatoire pendant 2 ans. Interdiction de contact avec la victime ainsi que de paraître à son domicile. Obligations de soins, de travailler, de faire un stage de sensibilisation aux violences intrafamiliales, d’indemniser la partie civile, « et surtout, conclut la présidente : ne pas vous approcher de madame. »

FSA