Faits divers
Centre pénitentiaire : « Il faut être fou pour l’agresser »
Par Florence SAINT-ARROMAN
Publié le 01 Septembre 2022 à 18h51
L’histoire se déroule dans le quartier centre du centre pénitentiaire de Varennes-le-Grand. A l’ouverture des cellules, le 17 juillet au matin, un détenu se précipite dans la cellule d’un autre. Il crie : « Je suis là pour te tuer ! »
L’autre est en train de faire sa toilette, il est courbé en avant. Son agresseur l’empêche de se redresser et frappe la partie exposée : la nuque. Il a son couteau de cuisine, un couteau à bout rond, non aiguisé, « un couteau à beurre » comme dit l’avocat de la victime. N’empêche le médecin relève des plaies superficielles mais visibles, sur la nuque, le cuir chevelu, le dos, et des hématomes aux bras.
Détenu contre détenu
L’auteur des violences est jugé ce jeudi 1er septembre, il est dans le box escorté par des gendarmes. Trois hommes de la pénitentiaire ont conduit la victime au tribunal, entravée par des menottes et tenue par une ceinture abdominale. L’homme est démenotté dans la salle et s’assied vers son avocat. Les agents de sécurité l’avaient reconnu. La victime, c’est quelqu’un. Il a bien plus de condamnations que son agresseur, il a déjà passé « plein d’années » en prison, et c’est son monde. « Un bonhomme, dit maître Jacquenet-Poillot (barreau Dijon). Je n’aurais pas imaginé qu’il soit agressé en prison. Il n’agresse personne, et on ne l’agresse pas. Il faut être fou pour l’agresser, sauf à ne pas savoir qui il est. »
« C’est que de la démence » dit le prévenu
Il faut être fou… Pas de contentieux entre les deux hommes, pas d’embrouille, donc pas de règlement de compte. La victime est auxiliaire à son étage. L’auxi est un détenu qui contribue au service général de l’établissement dans lequel il est incarcéré*, celui-ci sert les repas du soir, par exemple. Il faut être fou ? « C’est que de la démence » dit le prévenu. Quand les surveillants, arrivés rapidement – ils ont coursé celui qui courait, c’était pas normal -, l’ont maîtrisé, il tenait des propos incompréhensibles, avec toutefois cette demande : « Laissez-moi le terminer. » Les témoins parlent d’un « état second », qui évoque « une crise de délirium », « pas habituel ».
Tentative de suicide, hôpital psy, neuroleptique
Là-dessus on place l’agresseur au quartier disciplinaire. L’après-midi il essaie de se pendre avec un drap. On l’envoie au CHS de Sevrey, il y restera 15 jours. Là-bas, on lui prescrit du Risperdal, ni plus ni moins qu’un neuroleptique. De la nuit du 17 juillet, le prévenu, un homme né en 1972 - longiligne, teint pâle, cheveux grisonnants coupés très court -, dit ceci : « C’est comme si j’avais été empoisonné ou drogué à mon insu. Il y a eu toute la nuit une voix dans ma tête, la voix de monsieur (il désigne la victime) qui m’insultait. Au matin, il fallait que ça s’arrête. Après, je n’étais plus maître de moi-même. »
« Personnalité pathologique de type antisociale » écrit l’expert
L’expert psychiatre qui l’a rencontré a rendu un rapport salé. « Pas d’idées délirantes, minimise son passage à l’acte, aucun regret, pas de culpabilité, se fiche de la condamnation », « personnalité pathologique de type antisociale ». Le président Marty demande au prévenu s’il sait ce que ça signifie. « Euh, comme quoi je ne suis pas sociable, que je peux pas vivre en communauté. » Non, lui répond en substance le magistrat : ça désigne une forte intolérance à la frustration et une absence d’empathie (qui par voie de conséquence nuit fortement au vivre ensemble, comme disent les gens modernes, ndla). Le prévenu ne se reconnaît pas dans ce portrait, trouve que le psychiatre exagère.
« … le sentiment que quelque chose nous échappe aujourd’hui »
Maître Bouflija le trouve aussi, sur un autre versant : son client a manifestement un méga problème psy, mais l’expert conclut que tout va bien. … D’ailleurs, même madame Depetris, substitut du procureur, rejoint le prévenu qui s’interroge : « Y a eu quelque chose pour que je sois dans un état pareil, mais quoi ? » La magistrate le dit : « Les faits sont caractérisés mais il reste une chappe de plomb, le sentiment que quelque chose nous échappe aujourd’hui. Cela dit l’expert écrit que tout va bien, donc il est responsable de ses actes. » Au casier du prévenu 18 mentions, depuis 1994, dont 5 pour des violences.
« La violence en prison, il y en a tout le temps »
« La prison ne devrait pas être un lieu de violence, dit la procureur. Au contraire, les personnes qui y sont placées devraient démontrer à la société de quoi elles sont capables. La prison devrait être un lieu de rédemption. » Sarah Bouflija lui répond qu’au contraire, « la violence en prison, il y en a tout le temps ». On a envie d’ajouter, « par la force des choses », car les lieux d’enfermement et la promiscuité dans les prisons françaises, leur surpopulation, sont contraires à l’apaisement. C’est un milieu dur et violent.
« Il est seul dans la vie, pas d’appels, pas de visites »
Angélique Depetris requiert la peine de 3 ans de prison dont 6 mois seraient assortis d’un sursis probatoire, elle demande un mandat de dépôt, « cette peine n’est pas aménageable ». Le prévenu était libérable en mai 2023, ça reporterait sa sortie à l’automne 2025. « On peut comprendre la violence qu’a subie monsieur X (victime), coups de poings, coups de couteaux. »
L’avocate de la défense est bien d’accord avec ça, mais « monsieur (le prévenu) ne va pas bien ». « Il est seul dans la vie, n’a pas d’appels, pas de visites, il vit coupé du monde et ça rend fragile. » Elle « déplore » l’expertise psychiatrique, « fondée sur le casier judiciaire », or « ça n’est pas le travail du médecin ». Une agression sauvage le matin, une tentative de suicide l’après-midi, « ça inquiète ».
2 ans ferme puis deux ans sous main de justice
Le tribunal déclare le prévenu coupable et le condamne à la peine de 3 ans de prison dont 1 an est assorti d’un sursis probatoire pendant 2 ans. Obligations de travailler, de suivre des soins psychologiques et/ou psychiatriques, devra réparer les dommages causés, interdiction de tout contact avec la victime.
« En tout, en fait, j’ai pris combien ? »
Le condamné se déplie, il se lève puis se penche vers le micro : « En tout, en fait, j’ai pris combien ? – Deux ans ferme. » « Deux ??? », reprend l’homme, avec un mouvement de la tête qui pourrait vouloir dire « eh ben dis donc, tant que ça ! » Se projeter au printemps 2023, c’était possible, se projeter au printemps 2025, c’est plus compliqué.
Le juge qui préside, ce jeudi, est par ailleurs juge d’application des peines, il avait relevé que la peine que purge actuellement cet homme est une peine sèche : rien derrière. Il sortirait un jour, comme ça, sans rien, direct. Le sursis probatoire vient répondre à cette difficulté : peut-on laisser sortir un homme de ce profil sans l’accompagner et sans le suivre ?
Le condamné s’est rassis. Il regarde celui qu’il est allé agresser dans sa cellule et lui lance : « Eh le voyou, tu portes pas plainte ! » Le président fait noter ses propos, lui rappelle qu’il a une interdiction de contact, « même si vous le croisez dans un couloir, vous n’avez pas le droit de lui adresser la parole ».
…
FSA
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