Faits divers

« Bonjour, j’ai fait une connerie, j’ai étranglé ma femme" dit-il au commissariat de Chalon

Par Florence SAINT-ARROMAN

Publié le 12 Septembre 2022 à 21h03

« Bonjour, j’ai fait une connerie, j’ai étranglé ma femme" dit-il au commissariat de Chalon

Il s’est présenté vers 5 heures du matin, ce 10 septembre, au commissariat de Chalon-sur-Saône, et il n’a pas tortillé.

La police était déjà au courant, mais c’était pas plus mal que monsieur se pointe de lui-même. La police était déjà au courant, parce que la fille aînée de madame avait appelé au secours à 4 heures du matin. Il y avait eu une dispute, elle s’était levée et a vu sa mère allongée au sol qui a lancé « Appelle la police! ». Ça se passait en ville, moins de 20 mn plus tard les secours étaient là. Deux jours plus tard il est jugé, à l'audience de comparution immédiate. Il comparaît libre (placé sous contrôle judiciaire, il a renoncé au délai de dix jours).

Il a vu « noir »

La victime en larmes. Elle avait eu une nouvelle relation extra-conjugale. En 2017 c’était déjà arrivé. « Je l’avais massacrée », dit le prévenu, à la barre, devant un juge unique, ce lundi 12 septembre. Il fut jugé et condamné. A la suite de ça, il s’était arrêté de boire, mais ça ne l’a pas empêché, ce 10 septembre, voyant un nouveau message d’un nouvel amant, de « voir noir », de devenir « comme un taureau qui fonce, tête baissée ». Il a collé une baffe à sa femme, qui l’a mise « dans les vap’s », puis il dit qu’il a voulu l’empêcher de crier mais au final de ses deux mains lui a enserré le cou, écrasant la trachée. Elle a eu peur, et lui, il a frôlé les assises, lui rappellent les magistrats. 

« Comment on en est arrivés là ? »

Juge, procureur et avocate de la défense s’accordent sur la nature « toxique » de cette relation. Madame a eu 4 enfants, puis 3 autres avec monsieur. Ils sont en couple depuis 6 ans, avaient prévu « un grand mariage » pour célébrer leur union, et puis, et puis, « comment on en est arrivés là ? ». Maître Bouflija souligne la correspondance entre les infidélités de madame et les épisodes violents de monsieur. La victime dit qu’elle avait mérité la baffe, elle dit au président Mortières : « Je l’ai poussé à bout. » 

« A part les tromperies », il est heureux avec elle

Le prévenu dit l’aimer au point qu’il mourrait pour elle, s’il le fallait. C’est sympa mais au final c’est surtout elle qui risque d’y passer, à ce rythme. Sauf que, interrogé par le président, il ne parvient pas à dire que cette vie de couple ne lui convient pas. Il dit en être « heureux », « à part les tromperies ». Le juge estime que ça fait quand même un sacré « caillou dans la chaussure. On ne peut pas dire que ça se passe hyper bien. »

« On en arrive à des extrémités dramatiques »

Eh bien ça dépend de quel point de vue on se place puisque la victime elle-même vient dire combien « j’ai été atroce avec lui ». Ok, « il n’avait pas à faire ce qu’il a fait », « mais on a 7 enfants à la maison ». Elle travaille, elle a des horaires décalés, et lui, qui travaille aussi mais avec des horaires plus stables, assure les matins quand elle n’est pas là, et les fins de journées la semaine suivante. Du coup le juge rappelle à monsieur comme à madame que leur relation, toxique, fait « qu’on en arrive à des extrémités dramatiques, on est à la frontière (du criminel, ndla), là ».

« Pour les enfants, quand elle travaille » : leur struggle for life

Alexandre Marey, substitut du procureur, a pris bonne note du tout, et considère que vu l’antécédent de 2017, « aujourd’hui, on ne peut pas laisser passer ». Il requiert une peine de 8 mois de prison dont 4 seraient assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans, il demande l’interdiction de paraître au domicile ainsi que la révocation du sursis de 2017 à hauteur de 2 mois. « Eu égard à la situation d’insertion, plutôt stable, de monsieur, et comme son père est prêt à l’accueillir, je demande l’aménagement ab initio de la peine, en détention à domicile sous surveillance électronique (DDSE), pour les 6 mois ferme. » Maître Bouflija entend bien l’état de récidive du prévenu, du coup ne plaide que sur le droit de communiquer avec la mère de ses enfants, pour les enfants.

Le prévenu a la parole en dernier, et plaide tout seul contre l’interdiction de paraître à domicile, « pour les enfants, quand elle travaille ». C’est leur struggle for life, en dépit de tout, de tout.

8 mois ferme aménagés et 2 ans sous main de justice

Le tribunal déclare le prévenu coupable et le condamne à la peine de 8 mois de prison dont 5 mois sont assortis d’un sursis probatoire de 2 ans, avec obligation de soins et de travailler. Révoque le sursis antérieur à hauteur de 5 mois. Ordonne l’exécution provisoire, aménage la peine de 8 mois de prison (3+5) en DDSE.

« Volontairement je n’ai pas prononcé d’interdiction de paraître ni de contact, mais je vous le dis, à la moindre incartade, au moindre problème, vous partiriez immédiatement au centre de détention. » Le condamné acquiesce, le juge ajoute : « Et j’espère que l’un et l’autre vous saurez vous montrer digne de la confiance que nous mettons en vous. »

FSA