Bresse Chalonnaise
Il tue et désosse un veau en avril, menace de découper sa copine en septembre
Par Florence SAINT-ARROMAN
Publié le 31 Octobre 2022 à 19h04
La dernière fois qu’on a vu cet homme dans le box, il avait tiré et désossé un veau*. Il était ivre, son pote qui conduisait sans permis, l’était aussi.
« La question de l’autodestruction, moteur de son comportement, reste posée », lit-on dans le rapport du conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation. Combien d’entre nous sont concernés par cette question ?
La dernière fois qu’on a vu cet homme dans le box, il avait tiré et désossé un veau*. Il était ivre, son pote qui conduisait sans permis, l’était aussi. L’alcoolisme du prévenu était établi. C’était en avril dernier. A la suite, monsieur est parti en cure de sevrage au CHS de Sevrey, pendant l’été. Il y rencontre une femme, hospitalisée également, pour dépression. Ils se fréquentent, et dès leur sortie du CHS, se voient. Elle garde son logement à Etang-sur-Arroux, mais passe beaucoup de temps vers lui, en Bresse.
Un mois de relation qui prend fin en comparution immédiate
Ce jeudi 27 octobre, l’homme comparaît à nouveau, selon la procédure de comparution immédiate, parce que l’unique mois de fréquentation à l’air libre, sans cadre, sans encadrants, a été catastrophique. Le 23 octobre en fut l’apothéose, et une fois qu’il a eu confisqué téléphone et clés de madame, celle-ci est allée voir les gendarmes de Saint-Germain du Bois. « Elle a eu très peur » dit maître Bouflija pour elle.
« Je saurais te découper, je sais faire, je suis boucher »
Le prévenu, 34 ans, les bras revêtus de tatouages sur des biscoteaux entretenus, garde le front plissé. La peine d’avril pour le veau a été ramenée à exécution, il purge d’ores et déjà une peine de 6 mois. Pour l’affaire du jour, on lui reproche donc des violences, verbales (« je saurais te découper, je sais faire, je suis boucher », « tu seras porté disparue » - mais c’est que des mots, dit-il), et physiques, parfois. Il parle de « chamailleries », de « on jouait à touche-touche » au motif qu’elle fait un peu de boxe, qu’il a pratiqué le MMA. La présidente Catala lui demande d’expliquer tout ça un peu mieux, « parce qu’on a du mal à se projeter sur ce genre de relation un peu tonique ». Il ne sait pas expliquer, il dit juste que sa copine « a un peu abusé, elle a un peu poussé les choses ».
« Quand il est alcoolisé, il fait peur »
C’est possible mais il n’en reste pas moins qu’il reconnaît les faits, et qu’une de ses voisines a témoigné, la peur au ventre qu’il ne le lui fasse payer : « Quand il est alcoolisé, il fait peur. » Cette relation se déroulait de toute façon sur un terreau malsain au possible, monsieur conseillant madame sur les façons d’en finir, puisqu’elle serait en proie à des idées suicidaires. A part ça il est toujours en arrêt maladie (voir l’article d’avril*).
15 mois ferme requis
Anne-Lise Peron, substitut du procureur, relève que monsieur, prompt à trouver des fautifs et des responsables autour de lui, « parle peu de lui », « s’interroge peu sur lui ». Elle maintient qu’il s’agit de violences habituelles et requiert une peine de 18 mois de prison dont 6 mois seraient assortis d’un sursis probatoire, avec maintien en détention et la révocation de 3 mois du sursis d’avril.
« Le problème de monsieur, c’est l’alcool »
Maître Pépin plaide contre les violences habituelles, éclaire une nébuleuse de relations avec les entourages familiaux qui nourrissent à leur façon la violence relationnelle. « Le contexte est moins clair, moins évident. » Le psychiatre qui a signé le bulletin de sortie de monsieur du CHS de Sevrey écrit qu’il « ne relève pas du tout d’un caractère dangereux, ni pour lui, ni pour les autres ». Ce point est intéressant : le médecin ne place pas le curseur au même endroit que la justice, et c’est tant mieux. Alors, l’avocate répète ce qui fut dit en avril dernier : « Le problème de monsieur, c’est l’alcool. »
11 mois + les 6 mois mis à exécution
Le tribunal dit monsieur coupable de ce qu’on lui reproche, le condamne à la peine de 14 mois de prison dont 6 mois sont assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans, avec obligations de soins psychologiques et en addictologie, travailler, et interdiction de contact ainsi que de paraître au domicile de la victime. Ordonne son maintien en détention. Le tribunal révoque en outre 3 mois du sursis d’avril, ordonne son incarcération immédiate. Ça fait 11 mois ferme en tout, auxquels s’ajoutent les 6 mois mis à exécution, on arrive donc à 17 mois, et même avec les réductions de peine, ça fait beaucoup. « La question de l’autodestruction, moteur de son comportement, reste posée. »
FSA
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