Faits divers

TRIBUNAL DE CHALON - « J’ai besoin d’aller en prison le cœur léger »

Par Florence SAINT-ARROMAN

Publié le 18 Novembre 2022 à 06h57

TRIBUNAL DE CHALON - « J’ai besoin d’aller en prison le cœur léger »

Alors que le tribunal jugeait un premier prévenu, ce jeudi 17 novembre, un homme âgé de 28 ans qui attendait son tour dans les geôles du palais essayait d’attenter à sa personne. Une visite du SAMU et le voilà dans le box.

« Vous étiez dans une particulière détresse, monsieur, vous avez reçu des soins. Etes-vous en capacité aujourd’hui de répondre des faits qui vous sont reprochés ? » lui demande la présidente Barbut. Il répond : « J’ai toujours assumé et j’assumerai jusqu’au bout. Vu mon casier, je sais que j’irai en prison, mais je n’ai pas les papiers qui seraient utiles pour me défendre… Je sais, c’est pas moi qui décide, mais l’idéal pour moi serait de voir mes parents. J’ai besoin de leur soutien, et de celui de ma femme. J’ai besoin d’aller en prison le cœur léger. » Il demande un délai.

« Pourquoi vous avez tenté deux fois de vous porter atteinte ? » 

Il raconte qu’en sortant de prison, la dernière fois, il avait trouvé un logement, un travail, « et une copine qui est formidable ». « J’ai pris conscience que je risquais de tout perdre, ce que j’ai construit de mes propres mains. »  Il a travaillé d’avril à juillet ou août, et puis pause, « on m’a dit que ça reprendrait en novembre ». « Mon erreur ça a été de divaguer, mauvaises fréquentations, … par ma faute ! » Il dit aux juges : « Je ne vous en veux pas de me punir ! Alors je m’en suis pris à moi. »

Déni 

« Ce que vous avez fait il y a peu de temps, montre que vous avez besoin d’une prise en charge, il y a de la détresse en vous. » Rien à faire : « Non ! Je me voyais comme un mauvais père (sa copine rencontrée il y a quelques mois est enceinte, ndla), et comme un mauvais fils. Mais les gendarmes (de son escorte), mon avocat, m’ont dit qu’il ne fallait pas que j’aie des pensées comme ça. Ça a juste été 5 minutes en moi. » La présidente l’interrompt : « ça a duré plus longtemps que ça, monsieur. »

Y a du souci

Cet homme a collecté 20 mentions à son casier (en 10 ans). Des vols, beaucoup, des outrages. Ce jour il comparaît pour avoir volé un téléphone portable dans une grande surface à Sennecey-le-Grand, il y a deux jours. Et puis pour avoir conduit sans permis, sans assurance et pris la fuite après un accident (il contestera ce point, dit-il). Une autre procédure est en cours pour des vols en réunion et escroquerie. Il est convoqué le 1er décembre. « J’ai de la chance d’avoir une femme formidable, des parents formidables. Je voudrais une chance de les rendre fiers, parce que je déçois tout le monde, et même moi, je me déçois. » Y a du souci. 

Pour la détention provisoire

Angélique Depetris, substitut du procureur, a « écouté attentivement. S’il a touché le creux de la vague, on ne peut que lui souhaiter de remonter, et ça sera bien pour les victimes qu’il laisse derrière lui à chaque fois. Malgré le sursis probatoire il a commis de nouvelles infractions. Je demande qu’il soit placé en détention provisoire, pour éviter tout renouvellement d’infractions. »

Pour le contrôle judiciaire

Maître Marceau plaide pour un contrôle judiciaire. « S’il est assigné à résidence, il ne volera pas, et puis il pourra honorer tous les rendez-vous de son suivi. La détention aurait un effet désastreux sur la psychologie de monsieur, on pourrait craindre un effondrement complet. Il faudrait solliciter une hospitalisation en milieu ouvert, car il se procure de la méthadone au noir, c’est dire qu’on ne sait pas ce qu’il ingère exactement. Sa situation sanitaire est désastreuse. »

Obligation de soins d’ici au jugement 

Le tribunal renvoie le jugement en janvier prochain, ordonne le placement du prévenu sous contrôle judiciaire. Il a l’obligation de fixer sa résidence chez sa mère, de pointer deux fois par semaine à la gendarmerie de Tournus, l’obligation de suivre des soins en addicto et psychologiques, « voire psychiatriques ». S’il commettait de nouveaux faits, il n’y aurait plus de mesure de confiance. Il a besoin de soins, y a vraiment du souci.