Sport
J’ai suivi un stage de Krav-Maga, plongée dans l’univers de l’autodéfense
Publié le 09 Décembre 2022 à 17h03
Le retour d'info-chalon.com
Créé par Imi Lichtenfeld dans les années 1930 pour se défendre lors d'attaques de groupes fascistes contre la communauté juive, le Krav-Maga se fonde sur des techniques de combat de rue et met l'accent sur les capacités d'autodéfense, que ce soit pour soi ou pour protéger une autre personne.
Fin novembre, le club de Krav-Maga de Saint-Rémy organisait un stage sur la journée, l’occasion pour moi d’aller découvrir cette discipline qui, depuis quelques années, a le vent en poupe. Le stage se déroulait sous la houlette d’Emmanuel Ayache, instructeur bienveillant et pédagogue, mais également une personnalité bien connue dans le monde du Krav-Maga (voir encadré).
Je vous avoue qu’en arrivant ce matin-là dans le gymnase, je n’en menais pas bien large. Perdue au milieu d’une cinquantaine de participants qui, à la vue de leurs t-shirts, semblaient tous venir d’un club, moi qui ne pratique aucun sport de combat, je me demande à quelle sauce je vais être mangé...
Déjà, au moment de l’inscription, lorsque Thierry Dureuil, le président du club, m’a indiqué que protège-dent et coquille étaient obligatoires, je n’étais pas franchement rassurée, et lorsqu’à mon arrivée, Claire, pratiquante à Chevigny, avec qui je fais connaissance me demande si j’ai mes protège-tibias et me dit « Oui on repart avec quelques bleus, mais c’est pas bien grave... » , je ne suis pas loin de faire demi-tour ! Mais l’ambiance conviviale, les sourires, et l’accueil chaleureux des autres participants ont raison de mes appréhensions et nous voilà partis pour un échauffement au pas de course.
Emmanuel nous donne plusieurs consignes différentes sous forme de numéros; 1; coup de poings et coups de pied (dans le vide, ça reste un échauffement tout de même…), 2: faire une pompe, 3: localiser son binôme et lui taper sur l’épaule, etc. Et pendant que nous courons dans tous les sens, notre instructeur enchaine les consignes de plus en plus rapidement, pas facile.
En réalité, ces allures d’entraînement « Boot Camp » ont une visée bien spécifique : rester alerte malgré un environnement chaotique. Parce que dans le domine de l’autodéfense, une des composantes essentielles est de savoir rester vigilant et réagir dans une situation de stress.
Agir certes, mais sans nécessairement aller à la castagne, « Le but c’est de s’en sortir, c’est de sauver votre peau. Et peut-être que dans certaines situations, la meilleure réponse sera la communication ou alors déstabiliser votre adversaire pour avoir le temps de vous enfuir » explique Emmanuel avant de rappeler de rester dans le cadre légal de la légitime défense.
Un rappel qu’il fera d’ailleurs à de nombreuses reprises au cours de cette journée et qui n’est pas nécessairement superflu, puisque l’on parle d’une pratique qui ne compte aucune règle et où tous les coups sont permis…
Nous passons ensuite aux exercices au sol. Tour à tour « agresseur » et « victime », nous apprenons deux systèmes de défense; des prises qui permettent de maintenir un assaillant à terre, mais aussi les gestes qui nous donneront l’opportunité de se sortir d’une immobilisation au sol.
Nous répétons l’exercice une vingtaine ou peut-être une trentaine de fois , le but ici est de s’approprier les mouvements. Même si certains binômes autour de nous se donnent mutuellement du fil à retordre, mon partenaire, étant tout aussi peu expérimenté que moi, ne me complique pas beaucoup la tâche, mais ça ne va pas durer…
Étant trop nombreux, le stage s’est déroulé sur le terrain de basket intérieur du gymnase, mais Emmanuel profite de la pause et emmène la moitié du groupe dans la salle de judo, avec tatami au sol, pour une application plus réaliste de ce que l’on vient d’apprendre.
Là il n’est plus question de se faire des politesses et de jouer les opposants coopératifs, maintenant, c’est chacun pour soi ! On démarre à genoux l’un en face de l’autre et le but est d’immobiliser l’autre au sol ou, si comme moi, vous n’avez même pas réussi à faire vaciller votre adversaire et que vous avez fini à terre au bout de 0,5 seconde, le but, et bien c’est de vous dégager ! Et certes, c’est un peu brouillon et ce n’est pas aussi propre que les démonstrations d’Emmanuel, mais ça marche ! Et je réussis plusieurs fois à m’extirper de l’emprise de mon camarade (qui fait pourtant deux têtes de plus que moi!).
L’après-midi, lui, est consacré à la défense contre une agression au couteau. Et cela a beau être de fausses armes en plastique souple, l’exercice reste impressionnant lorsque l’on est en position d’agressé. Les exercices s’enchainent; couteau sous la gorge, attaque de face, contre un mur, etc. et encore une fois, je reste impressionnée. D’une position qui semble inextricable, Emmanuel nous explique quels sont les points faibles de l’agresseur et quel est le mouvement le plus efficace pour s’en sortir. Et cerise sur le gâteau, ces gestes ne requièrent pas tant de force que cela. Pour certains exercices comme un couteau sous la gorge, le but sera d’aller déséquilibrer l’adversaire pour passer en passer en position de force et le désarmer.
Le stage s’est achevé avec un bref discours du président du KMC71 qui a remercié l’instructeur, les membres de l’association, mais également les 7 clubs ayant fait le déplacement depuis notamment l’Ain, la Côte d’Or et la région Rhône-Alpes. Une participation qui a ravi le président pour qui la fraternité et l’ouverture entre clubs sont une valeur importante tout comme le travail et le respect.
Emmanuel, de son côté, a demandé si chacun avait appris au moins une chose au cours du stage et tout le monde a répondu par l’affirmative. « Mon objectif est donc atteint », a-t-il conclu.
Pour ma part, en plus de tout ce que j’ai appris, je repars avec une véritable envie de pratiquer ce sport de manière régulière.
Alors oui, effectivement, comme Claire me l’avait dit, j’ai gagné quelques bleus, mais elle avait raison, ce n’est pas bien grave, et ce n’est clairement pas ce que je retiendrais de cette journée. Il va sans dire que j’espère ne jamais avoir à mettre en pratique dans la vie réelle ce que j’ai appris, et si malheureusement c’est le cas, je ne sais même pas si j’aurais le mental pour faire face, mais il n’en reste pas moins que cette discipline vaut vraiment le détour et qu’avec une pratique régulière, le panel de technique s’étoffe, mais c’est à ne pas douter, le muscle de la confiance en soi qui se développera le mieux.
Zoom sur Emmanuel Ayache
Pour diriger ce stage, l’association Sanrémoise a fait appel à un expert dans le milieu du Krav-Maga.
Emmanuel Ayache, ceinture noire sixième dan, pratique le Krav-maga depuis plus de trente ans. Suite à une agression dans sa jeunesse où il s’est senti impuissant, Emmanuel se tourne vers les arts martiaux traditionnels, mais c’est lorsqu’il découvre le Krav-Maga qu’il a vraiment une révélation.
Il partira par la suite faire son service militaire dans l’armée israélienne (berceau du Krav-maga) puis il sortira major de sa promotion au stage d’instructeur de Krav Maga militaire au sein de Tsahal (Armée de défense d'Israël).
Tout en enseignant aux soldats les techniques essentielles du combat au corps à corps, il continue à se former auprès d’Eyal Yanilov, sommité dans le monde du Krav-Mage ayant lui-même été formé, entre autres, par Imi Lichtenfeld, le créateur de la discipline.
De retour en France, après un détour professionnel pour se former comme ostéopathe (mais sans jamais abandonner le Krav-maga), il décide de se consacrer à ce qu’il considère comme sa mission de vie. Dès lors, il aura à cœur de faire connaître le Krav Maga en écrivant notamment deux ouvrages « Défendez-vous » et « Le réveil du guerrier », en réalisant de nombreux programmes en ligne et en fondant sa chaine YouTube qui compte actuellement plus de 70 000 abonnées. Depuis 2012, il est le directeur de Krav-Maga Global France, réseau de partenaires, et intervient régulièrement, en France et à l’étranger comme instructeur.
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