Faits divers

TRIBUNAL DE CHALON - Chez Casto... y'a tout ce qui faut.. Elle volait pour payer ses doses de drogue

Par Florence SAINT-ARROMAN

Publié le 13 Décembre 2022 à 10h56

TRIBUNAL DE CHALON - Chez Casto... y'a tout ce qui faut.. Elle volait pour payer ses doses de drogue

« J’ai des problèmes de toxicomanie. J’échange ces mitigeurs contre de l’argent pour payer ma consommation. » Les trois derniers volés au Castorama de Chalon, ce 9 décembre, elle a dû les rendre illico, et la police l’a placée en garde à vue.

Elle est jugée en comparution immédiate ce lundi 12 décembre. Elle est en état de récidive légale. 34 ans, jolie en dépit de sa maigreur, son seul fils est placé chez un tiers de confiance, elle est hébergée chez un ami, domiciliée chez son père, elle perçoit le RSA depuis 3 ans, a fait quelques missions d’intérim comme manutentionnaire. Pourquoi ne stabilise-t-elle pas sa situation ? « A cause de ma toxicomanie. » Quand a-t-elle commencé à se droguer ? « Il y a 5 ans. Mon appartement a brûlé, j’ai eu du mal à m’en remettre, j’ai plongé là-dedans pour oublier. »

Le dispositif AIR

Peut-être que c’était pour oublier, admettons (non que nous doutions de sa sincérité, mais la cause de l’addiction est ailleurs), sauf que l’addiction, elle, ne se laisse pas oublier, elle tenaille sans relâche. Et quand la justice intervient, elle ne relâche pas non plus, et ça tire dans deux sens opposés. Pour le moment, le seul maître de cette femme, c’est la drogue.
 Déjà condamnée 6 fois depuis 2011 (violence, vol, vol en réunion, usage de stups, puis vol en récidive, en juin dernier), elle est en sursis probatoire avec obligations de travailler et de suivre des soins en addicto. Le tribunal l’avait aussi condamnée à intégrer le dispositif AIR. 
AIR, pour accompagnement individualisé renforcé*. Un dispositif qui n’existe pas dans toutes les juridictions, et qui vise à aider certaines personnes récidivistes à casser le cercle infernal dans lequel elles tournent, en les accompagnant vers l’accession à un logement, à un emploi, à des soins, à tout ce qui est, selon les cas, nécessaire.

Traitement en addicto : médicament. « Ce n’est pas suffisant » témoigne la femme

Cette femme-là devait bénéficier du dispositif-ressource, mais voilà, elle rate les deux-tiers de ses convocations. Elle est suivie au KAIRN, elle prend de la méthadone, « mais ce traitement n’est pas suffisant », dit-elle au tribunal. Elle avait entamé une cure de sevrage – « vous voyez, c’est aussi ce à quoi l’AEM peut vous aider, trouver une cure » lui dit le président Marty – mais « je me suis fait virer, pour mauvais comportement. J’ai pris une crise de nerf, j’ai cassé une assiette ». « Une seule assiette ? » demande le président. « Oui. » La prévenue psychologise vaguement ses malheurs, « d’une certaine manière, je me punis, je fais l’autruche ».

« Lorsqu’on vous tend la main et que vous ne la prenez pas, que faire ? »

Angélique Depetris, substitut du procureur, trouve « un peu aisé, de venir dire que la détention n’est pas une solution et qu’il faut des soins, mais lorsqu’on vous tend la main et que vous ne la prenez pas, que faire ? En ce cas, il faut suivre les soins, et se rendre aux convocations de l’AEM qui sont faites pour aider. » Elle requiert 6 mois ferme et la révocation totale des 3 mois de sursis de juin dernier, avec incarcération.  « 9 mois de prison ferme pour quelqu’un qui reconnaît les faits et témoigne d’une addiction qui ne laisse pas de répit, c’est disproportionné », plaide maître Sarikan.

6 mois ferme puis un nouveau SP renforcé

La femme est déclarée coupable et condamnée à la peine de 9 mois de prison dont 6 mois sont assortis d’un sursis probatoire (SP) renforcé pendant 2 ans, avec le même cadre que celui qu’elle avait (obligations de travailler, de se soigner, d’intégrer le dispositif AIR). Un sursis probatoire qui se substitue à celui qui disparaît avec la révocation totale du sursis de juin dernier. Maintien en détention pour les 3 mois ferme, incarcération immédiate pour la révocation des 3 mois de sursis. 6 mois ferme.

* https://www.info-chalon.com/articles/2021/09/10/63118/damien-savarzeix-procureur-de-la-republique-se-confie-avant-son-depart-de-chalon-sur-saone-pour-grasse/  
http://association-aem.fr/index.php/dispositif-air-et-justice-therapeutique/