Culture

Cette Vanessa Paradis qui a lutté de toutes ses forces pour mettre fin à son manque d’enfant…

Cette Vanessa Paradis qui a lutté de toutes ses forces pour  mettre fin à son manque d’enfant…

Il y a au théâtre les pièces qui donnent à rire, et les autres, qui forcent le spectateur à puiser au fond de lui-même pour que les picotements intérieurs se gargarisent de la substantifique moelle mise en jeu. Ce samedi soir 17 décembre à l’Espace des Arts de Chalon-sur-Saône c’est la seconde hypothèse qui l’a emporté dans « Maman ».

Se hisser au statut de mère à tout prix à l’aide d’un mental d’acier

Bien que foncièrement braquée sur le vague à l’âme au caractère punitif et sa fidèle acolyte la grisaille vibrionnante ou la noirceur oppressante, contexte de désappointement oblige, la représentation théâtrale n’élude pas pour autant la souplesse de la frivolité. On cogite abondamment donc, mais on rit aussi afin d’évacuer l’intensité émotionnelle néfaste, même si cet aspect n’est pas la fonction première du canevas. Imaginez une femme piquée au vif par l’absence insupportable de maternité qui décide un beau jour d’y remédier, quitte à remettre en question le cours normal de la vie. C’est tellement prégnant que ça force l’admiration, et l’on ressort forcément de cette épreuve galvanisé par l’emprise effectuée dans un abîme de réflexion.

L’une des composantes de la féminité a trouvé là chaussure à son pied en exhibant un coeur gros comme ça, avec cette inclination ô combien naturelle à la parentalité jamais prise en défaut. Fragilité à fleur de peau, Vanessa Paradis incarne cette potentielle mère qui a la charge d’amener sur un plateau les affres qui la tourmentent, puis de persuader son conjoint d’accéder à son désir le plus intimement inusable. Au milieu des non-dits, d’une certaine vacuité sentimentale, ainsi que de la câlinothérapie, la comédienne dont il s’agit de sa première affectation au théâtre, fera in fine pencher la balance de son côté. A force d’arguments persuasifs distillés à bon escient.

Cette douleur cuisante, son compagnon la prendra de plein fouet avant d’abonder dans son sens. Samuel Benchetrit, à l’écriture, à la mise en scène et sur les planches, aura été celui qui a tenté de dédramatiser et de dénouer l’inextricable écheveau avec un recul plaisant au premier degré. Avec en complément les prestations de Simon Thomas et de Gabor Rassov, le premier dans la pesanteur de ses choix existentiels, le second dans la futilité. Le tout sous le joug de situations embarrassantes à contourner ingénieusement.

 

« Berlin Berlin » le 12 février

La prochaine session des Théâtrales de Chalon se déroulera le dimanche 12 février à 16h30 à l’Espace des Arts, et c’est « Berlin Berlin » qui tiendra le haut du pavé avec notamment Patrick Haudecoeur. Informations et réservations : A Chalon Spectacles au 03 85 46 65 89, www.les-theatrales.com, www.achalon.com

                                                                                                                                   Michel Poiriault

                                                                                                                                                             [email protected]