Opinion

RETRAITES - "Sur ce dossier ô combien important, soyons sérieux" insiste le député de Saône et Loire, Rémy Rebeyrotte

RETRAITES - "Sur ce dossier ô combien important, soyons sérieux" insiste le député de Saône et Loire, Rémy Rebeyrotte

Tribune

De la réforme des retraites

 


Sur ce dossier ô combien important, soyons sérieux. 

Un gouvernement, quel qu'il soit, ne s'amuserait pas à porter une réforme si elle n'était pas nécessaire pour sauver dans la durée notre système de retraite par répartition et éviter la hausse massive des cotisations ou la baisse des pensions. Tout le monde a en souvenir 1995, sous la droite, ou 2014, sous la gauche. Pour un gouvernement, une réforme des retraites n'est jamais une partie de plaisir. La nouveauté ici : éviter d'y revenir à chaque décennie et de donner de la lisibilité, tant il est désagréable de se projeter sur un âge de départ et de le voir changer à une encablure de l'échéance, même si c'était connu par avance et su par les spécialistes de la question. 

Je suis né en 1966. Je devrais hurler, mais je m'attendais depuis longtemps à ces mesures, et plutôt avec un départ à 65 ou 67 ans, comme chez beaucoup de nos voisins européens -64 ans est plutôt une bonne nouvelle. Pourquoi ? Notre génération succède à celle du baby-boom, devenue mamie et papy-boom avec de très nombreuses retraites à payer et dans la durée (allongement de l'espérance de vie et vieillissement de la population). Ma génération précède des générations peu nombreuses, moins contributrices, et marquées par un chômage endémique. Le système sombre dans les déficits à partir de 2023, même en cas de plein emploi, pour atteindre déjà 12 milliards d’euros annuels à combler dès 2027. Donc, rien de surprenant à la mise en place de ce report progressif de l’âge de départ.

Ce qui m'a surpris à l'inverse, c'est la dimension sociale de la réforme, ses avancées, son rééquilibrage vers plus de justice : pour les petites retraites, y compris celles d'aujourd'hui, pour les bénéficiaires des Travaux d’Utilité Collective (TUC) des années 80 ;  la prise en compte des temps de congés parentaux ou d’aidants familiaux ; des carrières longues pour lesquelles le dispositif est renforcé ; de la pénibilité pour laquelle a été trouvé enfin un système efficace qui échappe à l'usine à gaz ; pour le handicap, l’invalidité ou les affections de longue durée, etc.

L'exigence faite aux entreprises de développer l’emploi des séniors et l'adaptation des postes de travail, comme le rapprochement des systèmes de retraite du privé et du public, et donc des passerelles entre les deux, vont aussi dans le bon sens, indiscutablement, comme le strict maintien des régimes spéciaux pour des motifs d’intérêt général évidents (forces de l'ordre et de sécurité civile, métiers liés à la sécurité sanitaire et à la santé).

Je m'étais fait une liste des avancées possibles, indispensables. Toutes les cases sont cochées et, à vrai dire, je n'en reviens pas, mais la concertation, la pression des syndicats, des différents acteurs du dossier, des groupes politiques qui acceptent le dialogue républicain ont beaucoup pesé. Ce serait dommage de passer à côté de telles avancées sociales. 

Reste une proposition que je porterai aux côtés de ma suppléante : accorder deux trimestres supplémentaires aux personnes bénévoles qui ont occupé pendant au moins 15 ans une fonction de Président, de secrétaire ou de trésorier dans une association. Mais cela, c'est un autre combat pour une autre reconnaissance légitime.

 


Rémy REBEYROTTE

Député de Saône-et-Loire