Culture

L’humour sans fard de Thomas Ngijol, les pieds ancrés dans le sol chalonnais

L’humour sans fard de Thomas Ngijol, les pieds ancrés dans le sol chalonnais

Son stand-up estampillé « L’œil du tigre » s’est hissé jusqu’à la salle Marcel-Sembat de Chalon-sur-Saône ce jeudi 26 janvier, pour un avis à la population, autrement dit au bon peuple chalonnais, alléché par le flagrant délire et la faculté de se lécher les babines plus que de raison.

Tout est moyen, tout est but, il n’y a pas que de la complaisance

Sous des dehors patelins, Thomas Ngijol met en branle sa mécanique bien huilée du rire, puis manœuvre sa ligne de conduite à coups de secousses sismiques faisant la nique à la pondération. La manière de se comporter à géométrie variable, pour un peu, équivaudrait à une revue sociologique tant l’artiste ratisse large, improvise avec des personnes du public, crée des apartés, accorde la vie à un nombre incalculable de déviances. « Je m’engage à jouer ce spectacle comme si c’était le dernier », a-t-il lancé à la cantonade.

De fait le garçon n’a pas été avare en saillies, à prendre ou à laisser avec la hauteur de vue nécessaire. En endossant le rôle de l’inquisiteur maison, l’humoriste fait sienne la raillerie, l’autodérision, pousse le bouchon parfois loin, passe au tamis les différents usages du citoyen lambda, et ce qui selon lui semble irrationnel. Les manifs à Paris qui lui ont fait fuir la capitale, la Palestine, l’autorité, le respect, les Noirs, les Blancs, les Arabes, le racisme, Hitler, ses filles, la libération de la femme, la colonisation et le déni…Derrière les apparences qui ne manquent pas de déclencher des accès d’hilarité, les messages –subliminaux ou non- jettent les uns et les autres dans un océan de perplexité à tout le moins, assimilables à de la « philosophie de comptoir ».

Ca tombe tellement sous le sens que d’aucuns en restent pantois. Cette valeur ajoutée branchée sur un semblant de courant alternatif n’a donc aucunement fait tache dans le tableau exposé avant toutes considérations pour se la couler douce les mâchoires décrispées entre gens de bonne compagnie. De quoi numéroter ses abattis ! D’ailleurs Thomas Ngijol n’avait pris personne en traître, mettant tout le monde sur un pied d’égalité : »Quand je suis là on est entre beaufs »…

 

Pas photogénique ?

Signalons quand même que la prod avait refusé en amont la parution de photos concernant le narrateur sur scène. A chacun(e) d’apprécier…

                                                                                                                     Michel Poiriault

                                                                                                                     [email protected]