Culture

Roland Magdane s’y plie : »Le spectacle, c’est un rendez-vous d’amour ». A charge de revanche, en confirmant sans faute le samedi 11 février à Chalon…

Roland Magdane s’y plie : »Le spectacle, c’est un rendez-vous d’amour ». A charge de revanche, en confirmant sans faute le samedi 11 février à Chalon…

On a beau s’appeler Roland Magdane, ce n’est pas pour autant que l’on estime s’aventurer en Terre inconnue si le sujet épineux des turbulences intraconjugales revient sur le tapis. Preuve en est avec son spectacle « Ma femme et moi », où le représentant du sexe dit fort devrait être soumis à rude épreuve en vacillant sur ses bases, salle Marcel-Sembat de Chalon-sur-Saône le 11 février à 20h. Interview -jalonnée de rires- de Roland Magdane.

Avec « Ma femme et moi », c’est votre vie privée que vous rendez publique ?

« Ah, carrément ! Mais il s’avère que ma vie privée ressemble énormément à la vie privée des gens. C’est-à-dire qu’on pense toujours que les artistes sont dans un cocon, qu’ils ne vivent pas sur terre. On a la même vie, Il y a la même femme qui nous gueule après, comme elle gueule après tout le monde. Dans un couple c’est la femme qui tient le mec, eh bien moi c’est pareil, je suis exploité par ma femme ! »

Est-ce éreintant de se renouveler en dénichant de nouvelles idées ?

« Vous ne pouvez pas savoir ! En plus maintenant je change de spectacle à peu près tous les deux ans. Une fois que c’est terminé ça paraît tellement facile ! C’est pour ça qu’ils veulent tous faire du one-man-show, parce qu’une fois que c’est terminé ça semble tellement évident ! Mais pour le faire, c’est une merde, c’est un boulot de titan ! J’en ai à peu près la moitié pour le prochain spectacle, qui va arriver dans un an et demi, et là il faut que je tape dans le gras pour trouver de nouvelles idées de sketchs, des machins…Oh mon Dieu que c’est difficile, parce que beaucoup de sujets ont déjà été traités par d’autres comiques, alors il faut trouver un autre axe. L’axe que je prends, Roland Magdane, c’est celui de la victime. Quand on me parle d’écologie, je suis la victime de l’écologie. »

Avez-vous des formules infaillibles pour faire rire votre public ?

« Non, j’aimerais tellement en avoir ! D’ailleurs si Dieu me demandait ce que je voudrais, je luis dirais que je veux une méthode infaillible, que j’aie l’air d’un génie ! Ce serait pas trop pour ça, mais surtout pour moins travailler. Quand je parle d’un boulot de titan, les jeunes ne peuvent pas s’imaginer. Je passe deux heures tous les jours, quoi qu’il arrive, à travailler, mais il y en a beaucoup qui ne le font pas. »

Votre expérience américaine a-t-elle nourri votre travail français, ou bien y a-t-il trop de différences ?

« Non, c’est complètement différent, en revanche le seul truc qui m’a plu quand je suis arrivé là-bas, c’est que dans mes spectacles je parle de la bêtise humaine. C’est ça qui fait rire, les petits travers, et, ou les gros travers de l’être humain, du mari, de la femme, etc. En fait je me suis aperçu que quand je faisais ça aux Etats-Unis les gens se marraient de la même manière, car effectivement, comme le disait Einstein, la bêtise humaine c’est un puits sans fond. Il n’y a pas de frontière, et c’est là qu’on s’aperçoit que dans le rire il n’y a pas de frontière. Bien entendu, quelqu’un qui parlerait de la politique française, c’est sûr les Américains n’en ont rien à foutre, mais quand on parle de l’être humain on peut faire le monde entier. »

Humoriste est un terme trop restrictif vous concernant. Appréciez-vous tout autant les autres facettes de votre personnalité artistique ?

« C’est-à-dire que je suis comme quelqu’un qui est sur l’autoroute. L’autoroute c’est une voie, et puis il y a des sorties, des petits chemins qui partent, et dès que je vois un petit chemin qui part, je tente le coup. C’est-à-dire qu’il y a des téléfilms, hop je fais des téléfillms, il y a du cinéma, hop, je fais du cinéma. Mais disons que l’autoroute de l’humour, c’est comme un long fleuve tranquille ; c’est là où je me sens bien, pour une simple raison, parce que dans l’humour j’ai les deux facettes : l’écriture, même si elle est pénible, c’est quand même super sympa d’écrire, et puis j’ai la rencontre avec le public, où à un moment donné je suis comme un enfant dans une cour de récréation. Je fais le con sur scène, et ça c’est aussi le plus beau métier du monde. Je dis d’ailleurs à la fin aux gens que grâce à eux pendant quarante ans j’ai fait le plus beau métier du monde. »

Gardez-vous au chaud un souvenir plus marquant qu’un autre ?

«J’ai eu la chance d’en avoir beaucoup, des moments j’aillais dire inoubliables. Et puis il y en a quelquefois qui se gravent dans la mémoire pour un autre. La première fois que j’ai fait l’Olympia, ma mère était au premier rang, et elle n’a pas ri pendant deux heures, elle tenait son sac, elle me regardait comme ça…A la fin du spectacle je l’ai fait entrer dans ma loge et lui ai demandé s’il y avait un problème : il y a deux mille spectateurs qui se marrent, et toi tu es la seule à ne pas se marrer ! Elle m’a répondu : « Pendant deux heures j’ai eu peur, comme tu n’as jamais pu apprendre une leçon par cœur, et je me suis dit que tu n’allais pas aller jusqu’au bout ! » Comme quoi, même devant deux mille personnes, et qu’on est « une star », eh bien pour sa maman on est toujours un petit bébé !»  

Comment l’humour suit-il l’évolution des générations ?

«J’ai beaucoup adhéré à l’humour de la nouvelle génération, quand il s’agissait des Palmade, des Robin, des Bigard, enfin ceux qui sont arrivés derrière moi. Derrière nous il y avait Coluche, Bedos, Devos, Magdane…bon, et encore j’étais plutôt dans la génération Coluche, Magdane, Le Luron. Après il y a eu les Palmade, Foresti, Gad Elmaleh. Tout ça me va super bien, j’ai vu l’autre jour un spectacle de Gad Elmaleh, je l’ai appelé pour le féliciter, lui dire bravo. Là où j’ai un point d’interrogation, c’est vraiment sur le stand-up, parce que j’ai été un des premiers à faire du stand-up, quand je suis revenu des Etats-Unis. Le stand-up c’est juste : on ne prend pas un sujet, on parle de la pluie et du beau temps pendant quinze secondes, après on parle des lunettes, les dix secondes d’après ce sera sur le stylo à bille…Peu importe, il n’y a pas d’ossature, de colonne vertébrale. Et le fait qu’il n’y ait pas de colonne vertébrale c’est bien, parce que ça permet à des gens qui n’ont pas de colonne vertébrale d’aborder l’humour, mais je crois qu’il faut attaquer l’humour avec peut-être du stand-up, mais il faut en sortir très, très vite. On s’aperçoit que parmi la nouvelle génération, vous avez des mecs comme les nouveaux qui marchent, car ils reviennent à des sketchs plus élaborés. On voit Paul Mirabel, grosse personnalité, et d’autres qui arrivent, il y a une génération qui est vraiment costaude. »

Y a-t-il quelque chose qui vous fait défaut à l’heure actuelle ?

«La jeunesse, j’aimerais tellement ! Je vous jure que c’est la vérité, l’autre fois, je me disais : là je fais mon spectacle jusqu’au mois de juin, bon. Et normalement l’an prochain je devrai faire une pièce de théâtre que j’ai écrite, ça ça va me prendre quoi, allez, deux saisons. Ca va faire trois saisons. Après il faut bien que je fasse encore un autre spectacle, j’ai déjà une idée, j’ajoute deux saisons, ça fait déjà cinq saisons. Ensuite je vais bien faire mes adieux au music-hall, un spectacle pour dire au revoir aux gens et les remercier, ça fait sept ans, quoi. Tout d’un coup je me dis : p….n j’ai 73 ans, c’est-à-dire que dans sept ans je serai à 80 berges déjà. Bientôt je vais jouer avec un déambulateur ! J’espère que j’aurai la santé pour pouvoir continuer à faire ce métier extraordinaire le plus longtemps possible. Mais il faut que j’arrête de me faire des projets, parce que sinon, à 95 ans je vais être encore sur scène ! D’ailleurs ma femme ne veut pas que je m’arrête pour ça, elle me dit qu’autrement tu vas devenir le plus grand casse-couilles du monde. Et puis je m’aperçois que les gens, quand ils sont vraiment à la retraite, curieusement c’est drôle, là maintenant c’est vrai qu’on vit des moments spéciaux avec cette loi sur la retraite, en tout cas il y a une chose qu’on ne peut pas nier, c’est qu’à partir du moment où ils sont à la retraite, ils prennent quinze ans sur la gueule. Je ne sais pas comment ça se passe, le mec qui dit qu’il est content d’être à la retraite, il a déjà 98 ans dans sa tête. Maintenant je comprends que le mec qui s’est levé tous les matins pour aller sur les chantiers, il ait envie d’être à la retraite un petit peu plus tôt. En même temps, en tant qu’humoriste, il me semble que les mecs qui déchirent les billets dans les TGV et sont à la retraite à une cinquantaine d’années, je trouve indécent qu’ils fassent la grève, mais indécent. Ce sont eux qui sont les plus peinards de toutes les professions. Conducteur de TGV, faut pas me dire quand même que…d’accord quelquefois il ne dort pas chez lui, mais quand c’est le cas il a une journée de congé derrière. Tout ça est très difficile, j’ai la chance de faire un métier que j’aime, mais il va falloir que je me calme ! Je vais vous dire : le spectacle c’est un moment extraordinaire, c’est un rendez-vous d’amour, c’est vraiment ça. Samedi j’arrive, et c’est plus qu'un spectacle, d’ailleurs quand je monte sur scène les gens me font un triomphe, mais ce n’est pas un triomphe du style «Patriiiick, Patriiiick ». En fait ils applaudissent les quarante ans que je leur ai donnés, car pendant quarante ans ils m’ont vu lorsqu’ils avaient 14 ans à la télé, quand ils avaient 35 ans, à 50 ans ils me voient encore, ils emmènent avec eux leurs enfants qui ont 15 ou 16 ans, donc c’est ce qu’ils applaudissent, et c’est ce qui est merveilleux dans le métier que je fais. A présent j’aimerais me téléporter, car le problème c’est les trains, les avions, les bagnoles, ça je n’en peux plus, ce n’est pas de faire le spectacle qui est emmerdant. Il faudrait qu’on me filme chez moi, peut-être, je ne sais pas. »

Des places restent à pourvoir

Tarif : 39,50 euros. Places assises, placement libre. Location aux points de vente habituels. Renseignements auprès d’A Chalon Spectacles (03 85 46 65 89, [email protected] ).   

 

Crédit photo : photos fournies par Roland Magdane                           

                                                                                             Propos recueillis par Michel Poiriault

                                                                                                      [email protected]