Chalon sur Saône

Des guerriers masaï du Kenya de passage à Chalon : ‘Respecter la vie sous toute ses formes, la vie humaine, la nature et tout ce qui nous entoure mais surtout respecter l’autre !’

Des guerriers masaï du Kenya de passage à Chalon : ‘Respecter la vie sous toute ses formes, la vie humaine, la nature et tout ce qui nous entoure mais surtout respecter l’autre !’

L’ interview  d’info-chalon! 

Si nous continuons, nous, les peuples occidentaux à les appeler les guerriers masaï, il faut savoir tout de même, que ce peuple masaï reste un peuple très pacifique qui s’appuie sur ses propres traditions, c'est-à-dire le respect de l’humanité. Ils défendent de plus une  spiritualité envers une divinité qui vise à protéger leur écosystème.

Grâce à la famille chalonnaise Monnot, info-chalon a pu rencontrer un trio masaï composé d’un couple, Memusi et Nenkaï son épouse ainsi que Papiyio l’ami du couple, qui viennent tout droit du Kenya plus précisément du district de Narok dans les Loïta Hills (région montagneuse d’Enkiyio située à 2 700 mètres d’altitude), une forêt qui regroupe un village de 1500 habitants, située en bordure de la Tanzanie.

Memusi et Papiyio âgés d’environ 27 ans car ils ne connaissent pas leur date exacte de naissance, ne vivent pas du tout dans une région touristique du Masaï Mara mais dans une forêt primaire bien loin de notre confort européen. Sur place, comme ils aiment à l’expliquer : pas de dictature, pas de commandant, pas de chef, même pas de chef du village, juste un clan des hommes médecine qui sont des chefs spirituels et qui sont habilités à prier pour l’ensemble de la communauté. Prier aussi pour leur divinité « Enkaï » qui contribue aussi d’une certaine façon à l’unité de ce peuple, qui souffre terriblement du réchauffement climatique.

D’une grande gentillesse, avec beaucoup d’humilité et de timidité aussi, Memusi et Papiyio ont accepté de répondre aux questions d’info-chalon, avec la contribution de Nenkaï (européenne) pour la traduction, qui vit maritalement au Kenya désormais :

Que pensez-vous de notre civilisation que vous venez seulement de découvrir en 24 heures ?

‘P’ : « Moi, c’est la première fois que je viens en France et ce que j’ai vu jusqu’à maintenant c’est très beau ! J’ai vu une belle nature avec des prés très verts (plateau du châtillonnais en bord d’autoroute) et j’ai pu la comparer à celle de chez nous. J’ai rencontré aussi des belles personnes (famille Monnot et leurs enfants). Par contre, ce que je me suis aperçu, c’est qu’ici, les gens sont toujours en train de courir à droite et à gauche et qu’ils sont constamment sur leur téléphone. Moi, je pense qu’ils devraient privilégier les temps en famille et plus de temps à la socialisation. J’ai vu qu’ici beaucoup de gens sont dans l’urgence et dans le stress! ».

Et vous Memusi ?

‘M’ : « Ce que j’aime chez vous, c’est qu’ici, quand je regarde cela me parait propre et organisé dans l’environnement et c’est le bon côté des choses. Mais quand tu regardes bien, quand tu regardes les choses en profondeur, tu te rends vite compte que ce n’est qu’un leurre. Tu comprends vite que ce n’est pas la réalité. C’est pour cela que notre pays qui est en voie de développement ne doit pas perdre ses traditions ! ».  

 

Alors justement Papiyio, pouvez-vous nous parler de votre mode de vie ?

‘P’ : « La grande différence avec vous, c’est que nous, nous prenons le temps pour échanger entre nous. Chez nous, il y a des classes d’âges et même si on ne fait pas partie de la même famille, on fait partie du même groupe d’échanges. En fait, on se connait depuis tout-petit, on grandit ensemble et ensuite, ce sont nos anciens qui nous enseignent les traditions : notamment respecter la vie sous toutes ses formes, respecter la vie humaine, respecter la nature, respecter tout ce qui nous entoure mais surtout respecter l’autre ! Par contre, c’est vrai que chez nous, nous avons la circoncision mais il faut savoir que c’est notre rite qui nous permet pour nous les garçons de passer de l’enfant à l’homme et être reconnu comme tel. Une chose aussi importante pour nous les masaï, c’est que tout être est le prolongement de la vie. Donc si tu critiques ou si tu fais du mal à quelqu’un, tu te fais du mal à toi aussi. Certains masaï peuvent devenir chez nous Mauran, ce qui représente toute la culture et la spiritualité de notre peuple mais  pour cela, il faut passer par une grande cérémonie ‘l’Eunoto’. Pour cela, il faut errer dans tous les territoires pour se renseigner sur les valeurs de la vie, les valeurs humaines sur toutes les valeurs des plantes médicinales et alors seulement tu peux accéder à la cérémonie. Ensuite, après 6 mois de cérémonie, ils vont avoir le crâne rasé par leurs mères afin d’intégrer un village éphémère de 500 maisons où ils vont pouvoir en tant qu’hommes, pouvoir se marier mais surtout enseigner les valeurs. Car chez nous, le respect est pour tous ! D’ailleurs les anciens masaï aiment à le dire : ‘La sagesse n’attend pas les cheveux blancs !’ Ce qui veut dire que chez nous un enfant est autant respectable qu’une grand-mère ! ».                   

Actuellement nous parlons beaucoup de réchauffement climatique qu’en est t’il sur votre territoire ? 

'M' : « Ce que nous vivons est dramatique ! Nous vivons depuis plusieurs années des grandes sécheresses qui assèchent nos lacs et nos rivières. Et puis, quand il pleut maintenant, les pluies sont diluviennes mais elles ne s’intègrent pas dans nos sols trop secs mais elles ruissèlent. Pour nous, ce qui est catastrophique, c’est que du coup, nous perdons nos troupeaux d’animaux, vaches, chèvres, poules et cela devient vite dans certaines contrées la famine. Nous concernant, heureusement, nous vivons dans la forêt montagneuse ce qui nous permet de garder une certaine fraîcheur, c’est pour cela que notre montagne et notre forêt sont précieuses et que l’on fait tout pour protéger leur écosystème ! ».

Quel message souhaiteriez-vous passer au peuple chalonnais et français ?

‘N’ : « Nous sommes ici pour transmettre le message des masaï, qui est un message de grande humanité, du respect de l’autre,  de respect de l’écosystème et de spiritualité sans dogme qui vise à protéger. Vous savez nous avons créé dans notre forêt un lieu qui a pour vocation de recevoir des thérapeutes français dans le but de transmettre en occident la spriritualité qui est la nôtre et faire un échange entre vous et nous, le tout dans une grande convivialité et le respect des valeurs et des traditions de chacun! ».

De passage sur le territoire vous pouvez les contacter actuellement  sur le site https://travel-maasai.com/   

Info-chalon adresse un grand merci à Gilles Monnot, à sa fille et son gendre qui ont pu permettre cette belle rencontre 

J.P.B