Chalon sur Saône

On n’a pas mâché ses mots à Chalon durant « La guerre des sexes », amplement débridée

On n’a pas mâché ses mots à Chalon durant « La guerre des sexes », amplement débridée

Même si ladite comédie roule sa bosse à un train d’enfer, à Paris et en province (aucun répit pendant les sept jours de la semaine !), grâce à une phalange de comédien(ne)s qui alternent, Chalon-sur-Saône lui a donné un coup d’arrêt ce vendredi 31 mars. Momentané, car elle reprendra du service au mois d’octobre prochain en raison d’une aspiration au repos et du besoin légitime de se revitaliser.

Le brave homme tente de se soustraire aux remarques acides par un humour terre à terre

Mais avant de souffler et de se requinquer, les artistes de la tournée ont croisé le fer à coups de joute verbale dans une salle Marcel-Sembat pleine comme un œuf, pour assister toutes proportions gardées à une nouvelle version des jeux du cirque ! Dame, c’est que le tapis rouge était déroulé pour « La guerre des sexes », l’enjeu valait la chandelle. Un intitulé au demeurant suffisamment explicite qui avait décidé le plus grand nombre à en être pour compter les coups et, peut-être, se frotter les mains…Anne-Laure et Pierre, unis par les liens du mariage depuis plus de cinq ans, sont au creux de la vague quant à leurs ébats sexuels, en berne. La quintessence de la pièce réside dans le redressement de l’attirance corporelle mutuelle.

Lui, homme primaire, survolté, volontiers goguenard et à la plaisanterie plus ou moins fine éternellement à portée de bouche, n’est pas du genre à se formaliser plus que ça. Elle, beaucoup plus mesurée, a la lucidité en bandoulière, et ne se prive pas d’appeler un chat un chat. La distance entre eux saute aux yeux, les clichés du mâle aux abois sont susceptibles de faire pleurer dans les chaumières de France et de Navarre…mais en réalité le garçon s’attire la sympathie, étant tellement barré ! Ses vannes sont omniprésentes, et dans les travées on se tape systématiquement sur les cuisses, démontrant ostensiblement que du bon temps est pris.

Le sexe en vecteur de communication

Au centre des discussions et des récriminations partagées, l’omnipotent sexe. Il fait figure de centre du monde, de baromètre, et fixe les reproches encourus. On ne s’épargne rien avec un parler cru, on se rend coup pour coup en se servant le cas échéant d’une gestuelle à faire pâlir d’envie bien des morts-vivants, voire des trépassés ! Ou alors, pruderie oblige, d’aucuns trouvent ici la pomme de discorde. C’est selon…mais, vu le vacarme assourdissant dans les rangs des spectateurs, causé par les effets de manche du couple convergeant dans le même sens avec pour point névralgique le bas-ventre…Anne-Laure et Pierre ne se sont pour autant point écharpés, puisqu’au fond d’eux la flamme qui brûle l’un pour l’autre n’avait rien perdu de son ardeur. L’amour était sauf, même si le verdict final reste quelque peu en suspens !

Des interprètes brillants qui ne l’ont pas envoyé dire

Pascal Grégoire (Pierre), est non seulement le comédien, mais également l’auteur, le metteur en scène et le producteur. Excusez du peu ! Il a signé là une pièce qui fait un tabac, au cours de laquelle on s’amuse  et pouffe de rire énormément. A titre individuel s’arrange-t-il pour que ses répliques successives ne baissent pas d’un ton dans un joyeux bazar. Camille Roy incarne Anne-Laure, conseillée par sa copine Isabelle, sexologue et nymphomane !  Son rôle n’est pas simple devant le déferlement de paroles et des différentes outrances de son compagnon ; elle s’en sort merveilleusement bien en tant qu’alter ego, usant d’expédients ajustés. Tout cela méritait un ban bourguignon ainsi qu’une ovation debout.

                                                                                                   Michel Poiriault

                                                                                                   [email protected]