Chalon sur Saône

Agé de 18 ans, il avait tenté de braquer un tabac à Chalon ce lundi...

Agé de 18 ans, il avait tenté de braquer un tabac à Chalon ce lundi...

« Lâche ça avant qu’j’te fume. » Le braqueur, ce lundi, dans un bureau de tabac de Chalon, portait un masque sous sa capuche et brandissait un couteau. Il a 18 ans. Il est jugé ce jeudi 22 juin selon la procédure de comparution immédiate.

39 mois ferme requis

« Lâche ça avant qu’j’te fume. » Maître Bouflija a porté la parole des victimes, évoquant leurs situations respectives, leurs places respectives, le choc et toutes ses conséquences. Cyrielle Girard Berthet, substitut du procureur n’a pas manqué d’en parler elle aussi avant de requérir une peine de 3 ans de prison, la révocation d’un reliquat de 3 mois de sursis et l’interdiction de paraître à Chalon., soit une peine de 39 mois ferme. 

« De foyer en foyer, déplacé, il n’a jamais connu de stabilité »

C’est un enfant de la PJJ si on peut dire, déjà condamné 1 fois pour des faits similaires par le tribunal pour enfant et donc en état de récidive légale pour son passage devant le tribunal des adultes. « De foyer en foyer, déplacé, il n’a jamais connu de stabilité, une vie avec des repères fixes » dira pour lui maître Lopez. Sa mère et sa sœur se sont déplacées, de Seine-Maritime si on a bien compris, pour lui, c’est déjà ça, d’autres n’ont pas cette chance.

« Pour rembourser quelqu’un »

Alors cette tentative de braquage ? Le garçon était à Chalon depuis un mois, hébergé chez son frère. « Il vous nourrissait ? » demande le président Marty. « Je me nourrissais tout seul. J’allais voir des collègues à moi, ils me payaient (il veut dire par là : me passaient de l’argent). » Pourquoi avoir voulu voler ? « Ben pour rembourser quelqu’un. » Rembourser quoi ? « Ben, quand j’avais besoin d’argent pour manger, m’acheter un truc, il me passait de l’argent, et là il m’a demandé de le rembourser. » Combien ? « 400 euros. »

« Le cannabis, d’habitude, ça me pose. Mais là, je devais de l’argent »

Pour le parquet c’est une blague : le prévenu consomme du cannabis (d’ailleurs ne sait pas dire à quelle dose quotidienne, ce qui ressemble du coup à « beaucoup », ndla) et le procédé de mettre la pression en menaçant, c’est des méthodes du milieu des trafiquants. Il a commencé quand ? « Quand j’étais au CER*. J’ai demandé à fumer à un jeune, et il m’a donné ce produit. » Le tribunal s’interroge aussi, car il avait fumé de la drogue « juste avant d’y aller (braquer le tabac) ». « Quand vous entrez dans le tabac, vous vous sentez comment ? » lui demande une juge assesseur. « Le cannabis, d’habitude, ça me pose. Mais là, je devais de l’argent. » Son créancier, las de réclamer, lui avait donné « deux jours », « sinon... ». Il faisait quoi de ses journées ? « Je vais jouer au foot avec des collègues, je mange avec eux, on fait des tours, on se ballade. »

Le président se fait ferme et pressant

Sous l’emprise des stupéfiants et armé : est-ce qu’il est conscient que ça aurait pu mal se passer ? « Le risque de blesser ou le risque de mort, sont réels, et c’est vécu comme tel par les victimes » insiste le président qui devient offensif lorsqu’il aborde le casier du prévenu, un petit casier mais pour des faits graves. Son âge lui a permis une peine aménagée qu’il a fallu révoquer parce qu’au lieu d’attendre l’aménagement de sa peine, il a fugué… « C’était trop long, l’attente, et je préférais faire mes 4 mois. » Il suffisait de le demander, lui répond le président qui resserre ses questions pour confronter le garçon à sa responsabilité dans toutes ses conduites.

Des excuses

Le prévenu a la parole en dernier : « Bah… j’aimerais changer, arrêter ce que je fais. Je m’excuse encore pour tout. » Il a présenté des excuses aux victimes à trois reprises.

Peine mixte : 42 mois dont 18 mois de sursis probatoire

Le tribunal le déclare coupable et le condamne à une peine mixte : 42 mois de prison dont 18 sont assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans. Obligations de travailler ou de se former, suivre des soins en addictologie (il fume depuis ses 14 ans et se dit dépendant du cannabis), indemniser les victimes ; interdiction de paraître en Saône-et-Loire. 

27 mois d’incarcération

Le tribunal ordonne le maintien en détention pour les 24 mois ferme, révoque le reliquat de 3 mois du sursis antérieur avec incarcération immédiate : ça fait 27 mois en tout. Interdiction de porter une arme pendant 5 ans. Renvoi sur intérêt civil pour les parties civiles. 

Le président explique tout au jeune homme, détaille les conditions de son sursis, dans son intérêt, lui répète qu’il doit commencer à indemniser les victimes dès que possible, dans son intérêt toujours. Le garçon ne bronche pas mais il écoute. Il vient d’avoir 18 ans, il a pour projet de passer un CAP.

FSA

*Centre Educatif Renforcé : https://justice.ooreka.fr/astuce/voir/481287/centre-educatif-renforce