Chalon sur Saône

HOPITAL DE CHALON - Derrière la problématique de l'absence d'anesthésistes et la fermeture des blocs opératoires... les recettes de l'hôpital menacées !

HOPITAL DE CHALON - Derrière la problématique de l'absence d'anesthésistes et la fermeture des blocs opératoires... les recettes de l'hôpital menacées !

Certains se contenteront que de l'écume mais finalement avec l'application stricte de la loi RIST sur le recrutement des médecins remplaçants, c'est le fonctionnement même de l'hôpital public qui est atteint. Un signal d'alerte que la CGT du Centre Hospitalier n'hésite pas encore à réactiver.

Depuis le mois d'avril et l'application de la loi RIST, qui plafonne le montant de la garde d'un médecin, dans les hôpitaux publics, à 1 390 € brut pour 24 heures, le déséquilibre est devenu encore plus criant au sein de l'hôpital public William Morey. Déjà que la situation était quelque peu ardue sur le fait de trouver des médecins anesthésistes, au fil de l'eau, le recours à des médecins "mercenaires" était devenu monnaie courante dans bon nombre d'établissements médicaux. Depuis le changement des règles du jeu qui ne touchent que le secteur public, le vivier s'est considérablement amoindri au point de venir plus que jamais provoquer des zones d'ombre dans lesquelles l'hôpital public plonge au fil du temps.

Plusieurs centaines d'opérations déprogrammées et reportées

La file d'attente ne fait que s'agrandir avec une activité chirurgicale en berne à l'hôpital de Chalon sur Saône. Faute de médecin-anesthésiste, la capacité de traitement dans les 7 salles de blocs se contente bien souvent d'une salle de bloc ouverte. C'est dire l'ampleur de la difficulté sans que finalement personne ou pas grand monde ne se mobilise à trouver des solutions pérennes. 

Les délégués CGT du personnel du Centre Hospitalier William Morey  sont en accord sur le principe d'une réglementation sur la question du mercenariat médical  mais ils veulent voir au-delà et pointent les risques pesant sur l'ensemble de la filière publique hospitalière. Une stratégie d'ores et déjà perdante portée par le gouvernement et ses représentations régionales que sont les Agences Régionales de Santé. 

Sur le seul hôpital de Chalon, les besoin en médecin-anesthésistes sont de 16 temps plein, pour s'afficher à 9 sans compter les arrêts maladie et les désistements de remplacement. "Certains jours l'activité est divisée par deux" faute de moyens humains. 

Les opérations les "moins" urgentes sont reportées et reprogrammées, avec le risque que les pathologies s'aggravent et que les capacités de rétablissement soient lourdement impactées. Pire, en agissant de la sorte, c'est oublier que "l'hôpital de Chalon assure la permanence des soins pour la majeure partie de l'activité chirurgicale sur l'ensemble du Nord Saône et Loire" ajoute Alain Challot. Une stratégie qui ne restera pas sans conséquences à un moment. 

Une absence totale de réponse de l'ARS 

Le sujet a été maintes fois abordé par la CGT au sein des instances mais personne ne semble être en capacité de mesurer le mur qui s'approche. Alors que certains élus surfent sur des batailles médiatiques personnelles, sans doute que la question de l'hôpital de Chalon mériterait une prise en considération bien plus étoffée. Du coté de l'ARS, les réponses sont absentes au point de susciter de lourdes conséquences sur les équipes médicales en place, et de provoquer des vagues de découragement dont les décideurs ne mesurent pas les effets à venir.

Réorganisation des plannings des équipes, redéploiement des équipes, le personnel médical et paramédical , déjà affaiblie par des mois intenses de crise sanitaire, sont à nouveau dans l'incompréhension, et la question des vaccinés-non vaccinés n'étant plus là pour distraire le débat sur l'hôpital public. 

"Combien de temps ça peut durer ?" s'interrogent les délégués du personnel. Là encore, nul ne le sait, mais plus que jamais, il y a urgence à agir. 

Les actes chirurgicaux sont les plus rentables pour l'hôpital alors du coup ? 

Le pire dans toute cette histoire, c'est que le fonctionnement même de l'hôpital public, dépend de sa capacité à emmagasiner des actes médicaux. En cassant la dynamique chirurgicale de Chalon, c'est tout simplement, une activité en moins et des dotations budgétaires à venir qui sont revues automatiquement à la baisse. Tel est le principe de la T2A, le financement des hôpitaux à l'activité. 

Une activité chirurgicale en berne, c'est nécessairement le poste budgétaire le plus rentable de l'hôpital qui est mis à mal, et avec quelles conséquences à terme ? Autant de questions soulevées par les délégués du personnel qui restent dans le flou. Et quand c'est flou ! 

Finalement, c'est qu'en tirant au maximum sur les équipes en place, le découragement risque de s'instaurer au point de susciter une hémorragie au sein du personnel. Bref le Lion qui se mord la queue.. mais en attendant on fait quoi ? 

Laurent Guillaumé