Saône et Loire économie

"Cela faisait 3 années que nous n’avions pas connu un recul de notre activité" constate le Président de la CAPEB Saône et Loire

"Cela faisait 3 années que nous n’avions pas connu un recul de notre activité" constate le Président de la CAPEB Saône et Loire

Interrogé par info-chalon.com sur l'état de santé du bâtiment en Saône et Loire, c'est Denis Guigue, Président de la CAPEB Saône et Loire qui s'est plié au jeu du question-réponse.

On dit que quand le bâtiment va, tout va. Alors est-ce que ça va en Saône et Loire ? 

Depuis quelques mois, la situation pour les 5 500 entreprises artisanales du bâtiment de Saône-et-Loire est en train de se tendre. Cela faisait 3 années que nous n’avions pas connu un recul de notre activité. Cela s’explique notamment par un affaissement assez marqué du marché du neuf. Les particuliers ont beaucoup plus de mal à accéder aux crédits immobiliers. Donc, ils ne font plus construire, ou ils n’achètent plus de maisons anciennes à rénover. Nos entreprises subissent toujours la hausse des prix des matériaux et celle du coût des énergies : électricité et carburants. Tout cela pèse sur les marges et donc sur les trésoreries. Et dans ce contexte incertain, le Gouvernement envisage de supprimer la TVA à 10 % sur les travaux de rénovation, ce qui serait une grave erreur.

 Le gouvernement a promis la planche à billets pour la rénovation énergétique des logements. Vous vous sentez entendu sur le sujet ? 

Pas du tout ! Le système des aides à la rénovation énergétique reste trop complexe et bien souvent un véritable parcours du combattant pour les clients. L’Administration change trop souvent les critères et les conditions. Plus personne n’y comprend rien. Le Gouvernement veut aussi encourager les rénovations globales mais le reste à charge est souvent très important malgré les aides et peu de gens peuvent s’engager dans ce type de travaux. La CAPEB prône la rénovation énergétique par étapes. Il faut être pragmatique et s’adapter aux réalités du terrain. C’est juste du bon sens. Malheureusement, dans les Ministères on en est très loin ! Quand aux artisans, ils sont de plus en plus découragés par la complexité et le coût des qualifications RGE et des audits. Résultat, il y en a de pus en plus qui renoncent. Or, sans artisans RGE, les clients ne pourront pas faire les travaux de rénovation énergétique et prétendre aux aides. Alors au final, augmenter les financements dédiés à la rénovation énergétique est une très bonne orientation, mais revoir l’ensemble du processus pour faciliter le parcours client et optimiser la réalisation de travaux est indispensable. La CAPEB 71 en appelle donc à une véritable simplification de cet écosystème. Elle a mis sur la table des propositions concrètes et attend maintenant que le Gouvernement s’en empare.

Quels sont les secteurs d’activité en Saône et Loire sur lesquels vous êtes en inquiétude ? Et ceux qui sont dynamiques ? 

La construction neuve souffre vraiment. La rénovation quant à elle stagne. La rénovation énergétique pourrait tirer toute la construction vers le haut à condition de réformer et simplifier le système des aides. Le maintien à domicile et l’accessibilité, au même titre que la transition énergétique, constituent des opportunités majeures pour le bâtiment et pour améliorer le confort des personnes. Mais il faut que le Gouvernement et son administration créent les conditions de leviers favorables. Il faut aussi une politique de construction et de rénovation des logements plus ambitieuse pour permettre à chacun d’accéder à l’habitat. Le bâtiment, notamment en Saône-et-Loire pourrait être une véritable locomotive économique.

 Quel est l’état d’esprit de vos adhérents ? 

Nos adhérents sont extrêmement courageux et s’adaptent en permanence. Nous constatons toutefois que certains éprouvent un sentiment de lassitude et sont tentés d’abandonner l’entrepreneuriat. Ils aiment profondément leur métier mais l’environnement dans lequel nos petites entreprises évoluent devient de plus en plus complexe et contraignant : les tâches administratives ne font qu’empirer, les normes sont de plus en plus en plus nombreuses et les risques juridiques omniprésents. Les artisans veulent avant tout produire sur leurs chantiers, pas remplir de la paperasse et faire de l’administratif. Derrière tout cela, il y a des points de croissance qui se perdent pour notre pays et si nous continuons de décourager les entrepreneurs, alors demain, qui construira et entretiendra nos maisons, notre patrimoine bâti tellement beau en Saône-et-Loire ? Nos artisans veulent juste respirer, ne plus être étouffés et travailler sereinement. C’est le combat majeur que porte la CAPEB 71.

Quelle serait aujourd’hui une décision politique majeure à prendre en priorité selon les artisans du bâtiment ? 

Arrêter cette production de normes et de règlements délirante qui freine l’activité et l’initiative et qui crée beaucoup d’incertitudes pour les artisans et les TPE. Et surtout, simplifier véritablement en réapprenant à écouter le bon sens de terrain. La CAPEB 71 est mobilisée en ce sens et attend donc avec impatience les « Assises de la simplification » annoncées par Bruno LE MAIRE le 28 septembre dernier lors du congrès de l’U2P (Union des Entreprises de Proximité).