Un vertigineux tourbillon de vie sera bientôt déclenché par Michaël Gregorio à Chalon

Un vertigineux tourbillon de vie sera bientôt déclenché par Michaël Gregorio à Chalon

Colossal Michaël Gregorio, attendu que l’artiste aux innombrables visages ne fera ni une ni deux le samedi 28 octobre à partir de 20h au Parc des Expositions de Chalon-sur-Saône. Entretien pour info-chalon.com

Ancré dans son spectacle L’Odyssée de la Voix effacera-t-il prestement les marches quatre à quatre devant le mener jusqu’à l’autel de l’impérial don d’ubiquité.  Pour mettre le grappin sur le meilleur. Entretien pour info-chalon.com

Faites-nous saliver avec cette Odyssée de la Voix que vous incarnez…

«Ca faisait très longtemps que j’avais envie de faire un spectacle autour de la voix, et quand j’ai commencé à l’écrire, très vite je me suis rendu compte que, en fait, ça s’écrivait un peu comme un voyage. Au départ c’était une ode à la voix, et très vite ça s’est transformé en odyssée. Forcément, l’Odyssée de la voix résonnait dans ma tête un peu comme l’Odyssée de l’espace, le film de Stanley Kubrick. Avec Arnaud Lemort, qui coécrit et met en scène le spectacle avec moi, on s’est dit de jouer un petit peu sur les références de ce film. D’une manière plus générale j’avais envie de parler de la perte de la voix à travers le cinéma muet, celui de Charlie Chaplin et de Buster Keaton, tous les films musicaux de Michel Legrand, et des films de la Pop Culture comme « Dirty dancing », « Rocky », etc. »

N’est-il pas particulièrement ardu de construire un nouveau spectacle, alors que vous vous êtes déjà mis dans la peau de tellement d’artistes ?

« Justement, pour ce spectacle-là je n’avais pas envie que ce soit juste un nouveau spectacle. Je voulais aller plus loin, c’est-à-dire que, même s’il a l’ADN des précédents spectacles, il est beaucoup plus ouvert. On a tourné des films en amont, on ne pouvait pas parler du cinéma sans faire nous-mêmes « du cinéma » avec l’équipe. Le fait d’ouvrir, ça a été plutôt quelque chose d’hyper excitant et d‘hyper amusant à faire, parce que je ne l’avais jamais fait. Enfin, le spectacle est hyper singulier, il ne ressemble à aucun autre, parce qu’il a l’ADN des précédents spectacles, avec évidemment des imitations, des parodies, la comédie, etc. D’un autre côté il y a des sketchs, des chansons, des films… »

Une fois que vous avez obtenu le ton juste, est-ce acquis pour toujours ?

«Je n’ai jamais la voix d’untel ou d’untel, d’ailleurs quand on me demande combien j’en ai, je réponds toujours que ne n’en ai qu’une seule. C’était d’ailleurs  l’une des choses que j’avais envie de raconter dans ce spectacle : je n’en ai pas cinquante, j’en ai qu’une seule. Lorsque je la perds, je n’en ai pas cinquante autres pour continuer à chanter, donc c’est quelque chose qui, pour moi,  était très important, que j’avais vraiment envie de raconter dans ce spectacle avec mes mots, évidemment d’une manière décalée. Il y a toujours cette idée qu’il n’y a jamais rien d’acquis. » 

Les imitateurs sont-ils reconnus comme ils devraient l’être ?

«Je pense que oui. C’est sûr qu’Il y a énormément de travail, notamment, ce qu’on oublie souvent, c’est plutôt le travail de mise en scène et d’écriture. Je travaille énormément, énormément là-dessus, c’est vrai que les gens retiennent beaucoup, et je comprends, d’une manière globale le travail vocal, alors que ce n’est qu’une partie du travail pour faire un spectacle. Celui-ci, ça a été plus d’un an et demi de travail, on a tourné en amont pour avoir les films, il y a tout un film qui a été tourné sur l’univers de Chaplin. Tant mieux, si les gens ne se rendent pas compte du travail, l’idée c’est que quand les gens sortent du spectacle, ce n’est pas qu’ils se disent ! oh là là, quel travail ! Non, c’est d’avoir passé un bon moment. Après, s’ils analysent, j’espère qu’ils verront qu’on n’est pas juste monté sur scène les mains dans les poches, mais qu’on a travaillé. J’espère que ce n’est pas la première chose qu’ils pensent de mon spectacle. »

Y a-t-il des voix qui vous donnent du fil à retordre ?

« Comme je le disais, je n’ai jamais l’impression d’avoir une autre voix que la mienne. C’est toujours une question de cadre. Qu’est-ce que j’en fais ? Parfois il y a des choses vocalement intéressantes, mais qui ne trouvent finalement pas leur place dans le spectacle. Quand on a démarré la première version du spectacle, il y avait une trentaine de nouvelles voix, ce qui est énorme, j’avais travaillé comme un fou pour le coup. Trop, parce que ça faisait des nouveautés pour des nouveautés, et ça ne prenait pas forcément la place. Petit à petit on a enlevé, enlevé, enlevé, pour revenir à des choses plus essentielles, qui prenaient sens dans l’écriture du spectacle. Chaque chanson était choisie, même si ce n’était pas forcément visible, il y avait quelque chose en filigrane qui les liait toutes. J’avais une histoire avec ces chansons, soit pendant les paroles, soit une histoire personnelle, soit avec ce que ça raconte. »

Votre mode d’expression a-t-il tendance à se démocratiser ?

« Parfois je reçois des messages qui me touchent énormément. Je me souviens de MB 14. Il y a quelque temps on avait pris contact, il m’avait dit que je l’avais beaucoup inspiré, ça m’avait énormément, énormément touché, surtout que c’est un mec qui a énormément de talent. D’ailleurs en retour il m’a fait travailler un petit peu le beatbox ; c’est toujours hyper touchant, hyper porteur, de recevoir des messages de gens qui vous disent qu’ils ont été inspirés…Je suis encore très jeune, même si ça fait un moment que je tourne, ça fait toujours bizarre, ça commence à arriver, et je trouve que c’est très émouvant. »

Finalement, ne vaut-il pas mieux venir vous entendre chanter seul, que de se rendre au concert de chacune de vos cibles ?

«(rires). Ca peut être un slogan intéressant ! Non, c’est complètement différent, parce que sans ces personnes il n’y a pas ce genre de spectacle. C’est bien de voir tout le monde, d’une manière globale : sortez, allez au spectacle vivant, allez au concert, c’est vraiment quelque chose qui est complètement unique. Bien sûr, on peut regarder les vidéos de live, que ce soit à la télévision, sur les réseaux sociaux, mais jamais, jamais, jamais, rien ne remplacera le spectacle vivant. On ne peut pas complètement capter ce qui se déroule dans une salle, on peut faire de très jolies captations, c’est super. Le précédent spectacle était sorti au cinéma ; au départ j’étais un peu sceptique, et après l’avoir vu je me suis dit que c’était génial, car c’était un regard que l’on ne pouvait pas avoir si on allait au spectacle. Mais en même temps ça ne remplace pas la respiration d’une salle, ça, ça se passe sur scène. Il faut sortir, il faut vraiment aller voir les artistes sur scène. »

Si vous deviez fournir un pourcentage entre vos aptitudes originelles et le travail ensuite fourni, cela donnerait quoi ?

« Je ne sais pas du tout. L’idée du talent, c’est d’avoir envie de faire quelque chose. J’ai énormément travaillé, effectivement il y avait clairement des prédispositions, mais si je n’avais pas travaillé cela n’aurait pas donné grand-chose. »

Le métier de comédien vous satisfait-il tout autant ? Et le fait de mettre votre liberté créatrice sur pause n’est-il pas frustrant ?

«Quand on est comédien on ne met pas sur pause, bien au contraire. On tient un autre endroit de création. J’ai commencé par ça, c’est vrai que je suis un peu revenu à mes premières amours, que ce soit dans le doublage, au cinéma, ou à la télévision avec les Bracelets Rouges. C’est quelque chose que j’aime énormément, parce qu’on est placé à un autre endroit. Dans le spectacle j’écris, je mets en scène, je joue, je suis à chaque poste de création. Comédien, c’est se mettre au service de la vision du réalisateur, il y a des propositions, de la création, il faut discuter, c’est hyper, hyper, hyper intéressant, et les deux emplois se nourrissent l’un de l’autre. C’est absolument génial.»

Pourquoi avoir dit oui aux Bracelets Rouges ?

« J’ai été touché à la lecture du scénario, et puis après j’ai passé un casting. J’ai été pris, et on m’a dit quels étaient les deux réalisateurs. Ca a été un grand, grand, grand oui, j’ai adoré travaillé avec Xavier de Choudens et Fabien Gorgeart. Je suis très heureux et très fier de ce qu’ils ont fait et de ce qu’on m’a proposé cette saison. »

Réservations sur le site RUQSPECTACLES BILLETTERIE, ainsi que sur les sites de réservation habituels.

 

Crédit photo : Pierre et Florent, Laura Gilli                              Propos recueillis par Michel Poiriault

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