Chalon sur Saône

Entre présent et passé, Chantal Ladesou aura de quoi en perdre son latin ce dimanche à Chalon

Entre présent et passé, Chantal Ladesou aura de quoi en perdre son latin ce dimanche à Chalon

Interview de Chantal Ladesou pour info-chalon.com

Après avoir réussi haut la main dans le sulfureux monde de la mode, Chantal Ladesou se met en retrait. Pour, au départ, un relativement court laps de temps afin de se régénérer…qui dure quasiment quatre décennies ! D’où des allers-retours désopilants lors de la comédie « 1983 » des Théâtrales 2023-2024, laquelle aura pour écrin l’Espace des Arts de Chalon-sur-Saône le dimanche 12 novembre à 16h30.

Il paraît que les années 80, c’est votre fort ?

« Les années 80, j’étais plutôt avec mes bébés, j’avais des petits garçons, et je n’étais pas du tout dans les boîtes de nuit comme « Le Palace », etc. Un jour, Amanda Lear m’a dit : « Mais je ne t’ai pas vue au «Palace ». Je lui ai répondu que non, parce que je n’étais pas du tout branchée là-dessus. C’étaient de très belles années, car il y avait une espèce de liberté, d’insouciance, peut-être que j’idéalise, mais j’aimais beaucoup les années 80. »

On ne savait pas que la mode vous allait comme un gant ?

« J’adore la mode en fait. Quand je suis arrivée à Paris, je suis arrivée avec ma meilleure amie qui, elle, voulait faire de la mode, et moi je voulais faire du théâtre. On avait toutes les deux un projet. Elle en a fait, elle est partie à Londres, elle avait un très beau magasin, et elle a fait des émules. En ce qui me concerne j’ai fait du théâtre, et d’ailleurs quand on s’appelle on parle de toutes ces années-là, où on ramait dans les années 80, et on avait vraiment envie de faire ce qu’on avait envie de faire. « 

Qu’est-ce qui a le plus retenu votre attention dans cette comédie ?

« C’est justement l’univers de la mode que j’adore. C’est très amusant. Cette comédie est moderne, parce qu’elle est très originale. Ce l’est pas le boulevard classique avec le mari-la femme-l’amant-, ça va au-delà, et en même temps c’est nostalgique. On est un petit film qui passe avec tout ce qu’on a vécu depuis les années 80, les événements, etc. C’est dément, c’est dingue ! Ce couple, avec cette femme extravagante, un peu méchante comme toutes les femmes de la mode qui sont haut placées, un peu sévères et  très exigeantes, elles ont un œil terrible qui vous tue en vous regardant juste comme ça, elles voient tout. Incarner le personnage est intéressant, car elle est méchante, et puis on peut moduler en même temps ; petite fille, elle est tendre, et d’un seul coup elle devient odieuse. Elle martyrise son assistant qu’elle enferme aussi dans sa maison. »

Après avoir mis sur pied « Nelson », Jean-Robert Charrier (l’auteur de la pièce N.D.L.R.)a récidivé avec « 1983 ». On ne change pas une équipe qui gagne ?

« Exactement, parce que Jean-Robert Charrier est fan de Chantal Ladesou depuis des années, et quand il écrit une pièce, il réfléchit. Il me dit que lorsqu’il écoute ma voix ça l’inspire tout de suite pour les répliques. C’est assez extraordinaire d’avoir un jeune garçon comme ça qui vous suit, et qui de temps en temps me sort une pièce. »

Préférez-vous jouer en solo, ou être accompagnée sur scène ?

« Je vais vous avouer un truc : j’adore les deux. J’aime tellement ce métier que j’aime le théâtre avec des camarades, et en plus cette fois-ci je joue avec mon mari et ma fille. Donc vous voyez, quand je pars en province je les amène avec moi, c’est assez marrant. Ce n’est pas moi qui les ai fait engager, c’est Jean-Robert qui les connaissait bien. On joue en famille, tout va bien ! »

Le théâtre, est-ce le nec plus ultra de toutes vos déclinaisons artistiques ?

« Oui, j’aime beaucoup, ça m’ennuierait de n’avoir que le cinéma, la télévision et la radio. Pour moi, le théâtre est la genèse du métier, la base, être sur scène. Sur scène vous avez le public en face de vous, qui agit. C’est une partie de ping-pong entre l’artiste et lui, ça j’en ai besoin. Après, c’est la cerise sur le gâteau. J’adore aussi la radio, c’est un univers très amusant, et très vivifiant pour les gens qui écrivent. « 

L’humour en général, le théâtre de boulevard en particulier, n’y a –t-il que ça de vrai ?

« C’est mon fonds de commerce, c’est un sport journalier pour moi. Je suis complètement là-dedans. Maintenant, si on me proposait un rôle dramatique, bien sûr que j’irais, mais l’humour je le pratique tout le temps. Pas que sur scène en fait, j’essaie de vivre avec humour, c’est hyper important. »

Se construire une carrière avec le rire comme pierre angulaire, il y a pire, non ?

« Oui, je pense qu’il y a pire (rires) ! C’est très agréable, surtout quand on rencontre son public. »

Vous sentez-vous obligée de vous adapter aux fluctuations du rire au gré du vent, ou votre marque de fabrique suffit-elle ?

«Un peu les deux. J’ai une marque de fabrique parce que j’ai un personnage très fort, donc ça oui, mais après c’est vrai que l’humour c’est un petit peu la satire de notre époque. Bien sûr, il faut être à l’écoute, regarder ce qu’il se passe autour de soi, regarder les gens vivre, il y a plein, plein, plein de choses à regarder dans la vie. Donc j’essaie d’observer beaucoup, et puis après je le fais à ma sauce. Ensuite ma sauce c’est Chantal Ladesou ! »

Vous verriez-vous en tragédienne ?

«Ce n’est pas impossible. Je me souviens que des jeunes du Conservatoire de Paris m’avaient proposé de jouer Phèdre. Alors pourquoi pas un jour Phèdre? Je n’ai pas dit non encore. » 

Réservations auprès des points de vente habituels. Attention, il ne reste que très peu de billets…

Crédit photo : Jean-Louis Fernandez

              

Propos recueillis par Michel Poiriault

[email protected]