Chalon sur Saône

Ekhoes, un nouveau festival qui propose de belles découvertes et rencontres autour des musiques électroniques et électroacoustiques

Ekhoes, un nouveau festival qui propose de belles découvertes et rencontres autour des musiques électroniques et électroacoustiques

Interview de Armando BALICE, co-directeur artistique de ce festival, enseignant et coordinateur du département son/musiques électroacoustiques au Conservatoire du Grand Chalon.

Ce tout nouveau festival, qui se tiendra du 29 novembre au 2 décembre, est une invitation aux expériences du sonore. Porté par le Conservatoire du Grand Chalon, le Centre de création musicale dijonnais Ici l’Onde, la Compagnie Alcôme, le collectif La Méandre, l’Espace des Arts et l’EMA Fructidor. Il proposera : concerts, un ciné-concert, installations sonores, performances, rencontres et ateliers, une table ronde…

Interview : 

Vous avez pris la fonction de Responsable du département son / musique électroacoustique au mois d’octobre dernier, quelle direction voulez-vous donner à ce département ? Quels sont les projets qui seront mis en place ?

Je veux continuer à porter ce qui a été mis en place depuis la création de ce département, né avant même que l’établissement soit un Conservatoire, dans les années 80 ; des grands noms l’ont ponctué, Jean-Marc Weber notamment, qui a été mon professeur. Ayant récemment pris sa retraite, j’ai repris sa suite. Bien évidemment, je vais continuer à orienter la classe du côté des musiques électroacoustiques ; je veux former de potentiels futurs compositeurs et compositrices mais aussi des gens sensibilisés à l’écoute, développer une oreille complémentaire et différente de l’écoute que l'on développe dans la culture musicale. On écoute tout le sonore dans la musique électroacoustique. C’est une ouverture de l’écoute. On s’attache à percevoir d’autres choses dans les sons, de zoomer dans la matière sonore, d’en écouter les infimes variations. C’est une écoute morphologique des sons, en prenant leur dynamique, leur composantes spectrales… En cela, c’est une classe assez importante qui s’inscrit comme une passerelle, un complément des musiques électroniques, des musiques actuelles et même classiques. Je souhaite ajouter à ça de nouveaux enseignements, notamment un atelier d’improvisation où les élèves se confrontent aux matières sonores manipulées en direct avec l’ordinateur, des synthétiseurs ou encore des magnétophones à bandes. C’est une classe qui doit s’inscrire dans son temps également et se confronter aux outils technologiques via le spectacle et l’image. Aussi, je veux dire que l’on a ici une prépa son très dynamique, les élèves y sont triés sur le volet et se destinent aux grandes écoles ;  c’est quelque chose que l’on va continuer à développer et qui est une vitrine de l’excellence. La classe qui forme à la création, à la composition - cette classe est centrale - permet des liens avec les autres classes, les musiques actuelles par exemple. 3 professeurs animent cette classe : Guillaume Dulac, Sami Naslin et moi-même depuis 2020. Ce qui me paraît important, c’est de développer la visibilité de cette discipline et cela se fait également par le biais de partenariats, avec entre autres la Cie Alcôme, créée il y a une dizaine d’années et qui s’installe en Bourgogne. Le fait d’établir la Cie ici va dynamiser le territoire, elle se déplace néanmoins dans toute la France et même à l’international, en direction de l’Autriche où des collaborations concernant les musiques électroacoustiques sont en cours et avec la Chine également. Tout cela, ce sont des choses qui vont se poursuivre. Nous souhaitons vivement que les élèves de la classe puissent avoir des expériences professionnelles, s’inscrivent dans des actions pédagogiques d’où notre volonté de nous rapprocher des établissements, notamment scolaires. Ce sont des actions que je développais en région parisienne et que j’ai à cœur de poursuivre ici. J’ai envie, comme mes prédécesseurs, de faire vivre cette discipline mais aussi de transmettre, d’où l’importance d’être présent auprès des établissements scolaires et des plus jeunes, de faire de la médiation. 

Le Conservatoire est partenaire d’un nouveau festival ‘Ekhoes’, vous en êtes le co-directeur artistique. Pouvez-vous nous en dire plus…

Je suis co-directeur artistique avec Nicolas Thirion du centre de création Ici l’Onde ; l’idée de mettre en place Ekhoes est née de cette rencontre qui a eu lieu sur un festival qu’il organisait à Dijon. J’avais l’ambition, avant même d’arriver dans la région, de monter un festival, j’en ai parlé avec Nicolas qui m’a proposé de m’aider à le construire. J’avais aussi connu le festival Kontact Sonores, qui mêlait beaucoup de choses expérimentales et hors normes et qui a permis à des pionniers de venir ici. Kontact Sonores a duré 4 ans et a posé les pierres sur lesquelles on essaie de s’appuyer. On ne s’inscrit pas dans la continuité cependant, mais on retrouve dans Ekhoes, les lettres ‘KS’ de Kontact Sonores, c’est un clin d'œil. On a souhaité dès le départ impliquer également les acteurs culturels locaux comme le collectif La Méandre qui a rejoint la programmation. Ce tout nouveau festival bénéficie d’une co-organisation à 3 structures : Ici l’Onde, la Compagnie Alcôme, le collectif La Méandre et de forts partenariats avec le Conservatoire précisément, l’Espace des Arts et l’Ecole Média Art/Fructidor. Pour ce qui est de l’intitulé de ce festival, 'EKHOES' renvoie à l’écho. L’écho acoustique mais aussi l’écho dans la manipulation électronique du son, c’est un effet sonore utilisé depuis les années 50 dans la musique électroacoustique et électronique. C’est aussi, un écho des nouvelles générations qui continuent à faire vivre l’héritage des pionniers des musiques électroacoustiques avec toutes les retombées et influences que ça peut emmener. Ce festival est très éclectique, dirigé vers les musiques contemporaines, expérimentales, actuelles… avec toujours une attention sur le sonore.

Que propose ce festival et à qui s’adresse-t-il ?

La programmation s’est construite autour d’un véritable orchestre de haut-parleurs (acousmonium), une cinquantaine, regroupant une grande variété de hauts-parleurs qui permettent une véritable immersion dans le son à 360°. Cela s’adresse à tout le monde, à tous les curieux du son, ceux qui veulent vivre des expériences sonores et ceux qui n’ont pas peur de sortir des sentiers battus pour découvrir de nouveaux horizons sonores. Se greffent également au festival des à-côtés comme les Journées Internationales de Musiques Electroacoustiques. Pendant la 1re partie de la semaine, il y aura 4 concerts d’étudiants qui viennent de toute la France et un concert, lundi soir, pour fêter les 10 ans d’Alcôme avec des œuvres des membres de la Cie et de personnes qui gravitent autour. On proposera également des conférences et des rencontres. Daniel Deshays, écrivain qui a beaucoup écrit et travaillé sur le son, sera présent mardi après-midi ; mercredi matin, ce sera une table ronde à l’Espace des Arts qui aura lieu et qui sera animée par des responsables d’institutions sur le thème : « Diffusion et réseau pour la jeune création », elle s’adresse aux futurs compositeurs et compositrices mais aussi aux musiciens et permettra d’évoquer les dispositifs d’aide pour les jeunes créateurs, encourager à monter des projets et à s’adresser à ces institutions. Cette table ronde permettra entre autres de questionner la place de la création et trouver une manière de devenir professionnel, de prendre connaissance de son environnement professionnel… Avec l’Ecole EMA/Fructidor, il y aura des rencontres ; un séminaire avec 3 chercheurs de l’Université de Bourgogne autour du paysage sonore. L’ouverture du festival se fera le mercredi soir avec une œuvre de deux grandes figures de la musique électroacoustique, deux grands pontes de l’art expérimental, Dziga Vertov et Pierre Henry, interprété sur l’Acousmonium Alcôme par Jonathan Prager. C’est une œuvre qui est peu donnée en concert, à découvrir absolument.

Toute la programmation : https://conservatoire.legrandchalon.fr/decouvrir/spectacles/festival-ekhoes 

SBR