Opinion

ENQUETE PISA - Professeur de mathématiques à la retraite, il livre son sentiment

ENQUETE PISA - Professeur de mathématiques à la retraite, il livre son sentiment

MATHEMATIQUES : TOUS CAPABLES !

Les résultats de l’enquête internationale PISA sur le niveau des élèves suscitent l’inquiétude voire l’affolement des collègues enseignants, des parents, des journalistes et des politiques. Cette inquiétude est légitime en regard des enjeux d’apprentissage et de connaissances. Pour autant les pistes à emprunter pour améliorer la situation sont multiples. 

Premier levier : il convient de se persuader que, de la maternelle jusqu’au baccalauréat, chaque enfant est capable de réussir son parcours mathématique. Prétendre le contraire, ce serait comme affirmer qu’aucun n’est capable de nager sur une longueur de bassin, ou de rouler à vélo ! Il s’agit donc de se poser les bonnes questions. 

Second levier : l’apprentissage dans les disciplines scolaires, dans les activités physiques et sportives, ou dans toute autre discipline nécessitent des enseignants en nombre suffisant et bien formés. Enseigner est un vrai métier, il s’apprend. Or chacun a pu observer, et les faits sont largement documentés, la formation des enseignants s’est très largement dégradée ces dernières années. Pourquoi ? Nous y reviendrons. 

Troisième levier: les conditions de mise en situation d’apprentissage ne sont pas toujours optimales. De la même façon qu’un enfant ne peut pas apprendre à nager sans piscine et sans maître-nageur, un enfant ne peut pas apprendre l’arithmétique et la géométrie, sans une école et une classe adaptée avec des moyens technologiques contemporains et une pédagogie spécifique. La recherche et les mouvements pédagogiques peuvent contribuer à de meilleures prises en considération des conditions et des contenus d’apprentissage. 

Quatrième levier : les parents doivent participer activement, et c’est important, à l’accompagnement éducatif des enfants. Et pour ce faire, la réduction des inégalités sociales est décisive. Lorsque la préoccupation quotidienne et vitale des parents est l’emploi, la feuille de paye, le remplissage du frigo, les traites de loyer, il est quasi impossible d’entourer l’enfant et de l’accompagner correctement et sereinement dans son parcours scolaire.

Cinquième levier : celui qui relève des pouvoirs publics et politiques. L’Education des enfants est un vrai choix politique. Or sous la pression d’idéologies liées au pouvoir économique, l’Education est encore trop considérée comme une charge et un coût pour la collectivité nationale et non comme un vrai investissement pour l’avenir. Mépriser les enseignants par manque de reconnaissance, réduire leur temps de formation, réduire leur nombre, réduire le nombre d’écoles, de classes et d’établissements scolaires sont sans aucun doute des  fautes politiques majeures.

En définitive, il appartient à tous les échelons de prendre conscience de tous ces éléments et d’agir conjointement et vigoureusement sur tous les leviers. Tous capables, c’est tout de suite. Les bons résultats de demain, çà commence aujourd’hui. 

 


Lucien Matron

Professeur de collège retraité, enseignant en mathématiques.