Klek Entos se livre auprès d'info-chalon.com
Par Michel POIRIAULT
Publié le 03 Février 2024 à 07h59
rendez-vous le jeudi 8 février à 20h, salle Marcel-Sembat à Chalon-sur-Saône. Interview de Klek Entos pour info-chalon.com
D’où vient cette appellation de Klek Entos ?
« Entos, c’est l’anagramme de Stone, mon nom de famille, et Klek vient de la klecksographie. C’est l’art de faire des tâches, tout au moins de faire tomber des gouttes d’eau sur une feuille de papier, plier les taches d’encre, d’ouvrir la feuille et d’obtenir des formes différentes. Après, c’est de chercher à faire une interprétation, avec une utilisation à des fins de psychothérapie, ou tout simplement à des fins artistiques. La klecksographie, c’est ce qu’on avait utilisé lors du numéro dans l’émission « Incroyable talent », avec une tache dont on demandait la signification à un des spectateurs, et en fonction de ce que le spectateur disait on faisait apparaître une boîte. Comme on cherchait un nom original de personnage, on s’est dit que Klek pouvait être un nom intéressant et facile à dire, dans toutes les langues d’ailleurs, en plus. On a juste retiré le c de klecksographie pour que ce soit plus simple. »
Le public ose-t-il en règle générale ?
« Oui, absolument. Déjà il a osé venir, donc il sait où il met les pieds, et ensuite il s’aperçoit assez rapidement que ce qu’il avait comme image du personnage n’est pas tout à fait la même. Bien évidemment, les gens ont l’appréhension de monter sur scène, mais ils se rendent compte que c’est un exercice qui va les aider à se dépasser eux-mêmes, et peut-être même à apprendre quelque chose d’eux-mêmes. Du coup de repartir avec un acquis lors du spectacle, c’est-à-dire qu’on ne performe pas dans ce spectacle uniquement dans le but de présenter un magicien, mais plutôt dans celui d’apporter quelque chose au public. C’est peut-être très prétentieux de dire comme ça, mais ça a été écrit dans cet objectif, de manière que les gens repartent avec quelque chose. Que ce soit d’avoir dépassé sa propre peur de monter sur scène avec ce personnage, que ce soit dans le discours, dans le texte, qui apportent, sous prétexte de certaines réponses de l’histoire du personnage des choses de la vie de tous les jours, une forme de philosophie de vie qui peut être sérieusement employée après. C’est-à-dire que parfois on rencontre quelqu’un qu’on ne connaît pas dans un bar, qui va nous dire quelque chose qui va nous apporter une réponse, que l’on cherchait depuis longtemps et que l’on n’a pas été capable de trouver même autour de nous avec les gens les plus proches. Les gens osent et repartent avec quelque chose. »
Comment qualifier au mieux votre fonction ?
« Auteur, metteur en scène et interprète. Le personnage est vraiment créé par JB Dumas et moi, après je pourrais être remplacé physiquement assez facilement par un comédien qu’on formerait, à partir du moment où le personnage suit la mise en scène et l’écriture du texte. En revanche l’écriture et la mise en scène c’est vraiment inhérent à JB et moi. JB, à la base il est magicien consultant, il a habité pendant huit ans en Chine, il parle chinois, il a travaillé là-bas pour les magiciens chinois pendant des années dont les plus grands, il les a formés, et ensuite il a travaillé pour des émissions de télé. Après il est revenu en France. Je l’ai d’ailleurs rencontré en Chine à l’occasion d’un congrès, on a sympathisé, et quand il est revenu en France je lui ai proposé de travailler avec moi dans des numéros que j’ai développés pour « Incroyable Talent » en tant que David Stone. Nous nous sommes aperçus qu’on avait pas mal d’atomes crochus. Il avait une vision extérieure qui pouvait apporter beaucoup de richesses à mon côté un peu populaire, ou un peu extraverti on va dire. Du coup, ça a enrichi mon personnage puisque l’on est arrivés jusqu’en finale de l’émission. Dix ans plus tard, quand le covid a paralysé un peu tout en 2020, la production nous a téléphonés pour nous dire qu’elle était embêtée parce qu’aucun artiste étranger ne pouvait venir à l’émission, ceux qui le pouvaient ne pouvaient plus. Donc on m’a demandé si j’acceptais de revenir, et éventuellement masqué. J’en ai parlé à JB, qui avec son esprit de contrariété habituel a trouvé ça marrant, et il m’a proposé de développer un personnage sur la peur. On s’est alors amusés à travailler sur des choses et des tours que je n’aurais jamais présentés en tant que David Stone, car je n’aime pas trop le mentalisme. C’est, à la base, de la magie plutôt comique que j’interprète. L’autre personnage que l’on a créé est l’extrême opposé de ce que je suis, en tout cas sur scène, c’était très drôle. Ce n’est pas un super surexcité, mais une sorte de gendre idéal que l’on a visité, qui fait des blagues, le genre de mec un peu prétentieux que l’on adore détester. Il se déplace extrêmement lentement, a un humour très pince-sans-rire, et il fait très peur. Il m’a permis d’amortir mes années de comédie au Studio Pygmalion, où j’ai travaillé pendant trois ans à l’école, cinq jours par semaine, cinq heures par jour.»
De quels leviers disposez-vous pour parvenir à vos fins sur scène ?
«On utilise beaucoup de psychologie, en fait on prend les gens en otage. La manière dont le personnage s’installe dès le départ, il montre qu’il est fort parce qu’il attrape tout de suite quelqu’un de fort dans la salle pour montrer ce qu’il maîtrise. C’est comme dans une cour de récré quand vous chopez le plus balèze, d’un coup tout le monde va écouter. C’est un peu ce que fait le personnage quand il arrive, et après il va pouvoir s’adresser aux autres, d’autant plus qu’il apparaît parfois dans le public, etc. Tout le monde sait que même si on est au fond de la salle on n’est pas à l’abri qu’il vienne nous voir. Ce levier est plus psychologique. Avec Klek on ne sait jamais là où ça mène, car ce n’est à aucun moment cousu de fil blanc. C’est tout le temps une surprise, c’est un peu comme dans certains thrillers, à l’image de « Psychose », on se demande où ça va, où va l’histoire…L’actrice principale du film meurt dès le début du film, on ne comprend plus, on est perdu, où est-ce que cela va nous emmener ? Là c’est pareil avec Klek, comme on ne sait pas, c’est de l’inattendu, on met le doigt dans quelque chose…jusqu’à ce que l’on s’aperçoive qu’en réalité il y a de la bienveillance, et qu’il y a aussi ces messages qui peuvent être interprétés, qui peuvent enrichir, donner de l’énergie, de la force pour repartir du spectacle »
« Mystifier », est-ce la facette la plus intéressante de votre panoplie d’artiste, puisque vous êtes par ailleurs auteur d’ouvrages spécialisés, et producteur de vidéos pédagogiques ?
«C’est quand même la base de surprendre, de voir dans le regard des spectateurs ce moment où ça bloque, il y a un bug. Ils ne comprennent plus ce qu’il se passe. Ca c’est plus dans la magie classique, avec Klek c’est plus les émotions cinématographiques qu’il va parvenir à faire vivre aux spectateurs, c’est la partie la plus intéressante me semble-t-il . David Stone c’est plus l’étonnement, la mystification. Le travail avec Klek est vachement plus intellectuel que celui avec Stone, mais la partie qui me plaît le plus dans mon métier c’est la pédagogie. «
Par conséquent vous vous frisez les moustaches avec l’aspect didactique de vos livres, de vos vidéos ?
« Ce que je trouve génial, c’est de parvenir à rendre l’apparence simple de quelque chose qui n’est pas si évident pour motiver, et d’essayer de trouver une forme de pédagogie qui fait que lorsque je fais des conférences tout le monde se sent concerné et capable de faire ce que je suis en train de leur enseigner. Mes pairs me connaissent plus comme conférencier, « prof », que comme un artiste qui pratique la magie. Après le grand public me connaît plus comme Klek. La première chose que diront les magiciens, c’est : « Ah, David Stone, c’est un conférencier, un mec qui crée des tours et qui nous les apprend. » C’est ce que je préfère dans ce métier, même si ce n’est pas toujours valorisant de travailler dans une salle polyvalente avec cinquante mecs assis sur des chaises. »
Y a-t-il un profil type qui s’abandonne à votre pouvoir d’attraction ?
«Non, c’est extrêmement éclectique et j’ai été très surpris de voir que l’on pouvait toucher des gens de toutes les origines sociales et même de toutes les tranches d’âge. J’ai ma fiancée qui, parfois à l’extérieur, vend des souvenirs de Klek (des livres, des jeux de cartes…) , les gens viennent beaucoup lui parler, elle se retrouve avec des dames âgées qui ont été très touchées par les messages, des enfants de 12 ans qui voient plus le personnage comme une forme de super-héros…On avait fait une écriture extrêmement sophistiquée, après elle a été volontairement retravaillée de façon à la rendre, pas plus grand public, mais plus accessible pour les plus jeunes comme pour les autres, tout en gardant l’essence même du message. Ca a été un objectif d’essayer d’avoir quelque chose d’intéressant à raconter. On a souvent en magie le problème de faire du blabla pour combler, mais pas d’avoir de sens réel à ce que l’on dit, or là il ne s’agit pas que de dire quelque chose, mais d’apporter quelque chose. Un peu comme les effets spéciaux servent un film, qui ne sont là que pour enrichir l’histoire, ou pour donner de l’émotion aux spectateurs. Là c’est pareil, ce n’est pas de la magie qui va montrer combien le magicien est fort, c’est plus ce que l’on pourrait faire, ou à quoi ça sert d’avoir les pouvoirs.»
Déconseillé pour les moins de 12 ans, c’est que ça doit vraiment décoiffer ?
C’est déconseillé maintenant pour les moins de 10 ans. L’année dernière on ne savait pas trop vers quoi on s’orientait. Mon enfant a 3 ans et demi, il est venu voir le spectacle, il savait que c’était moi, mais quand même... Si le môme a déjà vu le personnage à la télé il ne va pas avoir peur, en revanche s’il n’a jamais rien vu, qu’il est au deuxième rang et que d’un seul coup il voit le personnage débarquer, c’est certain qu’il va être terrorisé. N’importe qui le serait, tout au moins les trente premières minutes. On l’a déconseillé aux moins de 10 ans, déjà parce que je ne voulais pas que le spectacle devienne une cour de récré. En fait c’est tout simplement parce que je ne veux pas m’interdire de dire un gros mot à un moment donné si j’ai besoin dans le spectacle, là c’était pour s’assurer que les adultes viennent voir le spectacle sans que ce soit une cour de récré, et on s’est aperçu que les mômes, les jeunes, les ados, aiment le personnage. Ils viennent le voir en connaissance de cause, c’est ça qui est drôle. On vient le voir un peu comme quand on va voir le croque-mitaine. On est bien en plus au chaud avec papa-maman, et on regarde en espérant que le personnage ne va pas trop s’approcher de nous. Il faut reconnaître que c’est, quelque part, très agréable d’avoir peur. C’est une émotion qui fait partie de la vie. »
Des places sont encore à prendre
Tarif unique : 38,00 euros. Placement libre assis. Lieux de réservation habituels.
Crédit photo : DR Propos recueillis par Michel Poiriault
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