Saône et Loire

Le Député Rémy Rebeyrotte rend hommage à Robert Badinter

Le Député Rémy Rebeyrotte rend hommage à Robert Badinter

Robert Badinter nous a quitté... Il y a des jours où le deuil vous rattrape.  
Ce matin, j'apprenais le décès d'un de mes Maitres à Sciences Po, l'immense Alfred Grosser, qui fit tellement pour la compréhension mutuelle et la réconciliation entre la France et l'Allemagne de l'après-guerre, pour que la construction commune succède aux guerres et aux démolitions à répétition qui mortifiaient nos peuples à chaque génération.
Et comme un malheur n'arrive jamais seul, Robert Badinter nous a quitté, lui aussi, aujourd'hui.
L'immense Robert Badinter, Maitre Robert Badinter, le Grand Ministre de la Justice qui marqua si profondément le XXéme siècle par les causes qu'il a plaidé, défendu et réussit à faire adopter.
   
Je me rappelle l'inauguration de la rue qui porte son nom à Autun ou, amusé, avec son sourire aussi discret qu'inimitable, l'oeil qui frise et révèle une intelligence fulgurante, prenant des accents hugoliens, il avait dit qu'il aurait aimé vivre ici tant la Ville est belle, et qu'on lui aurait envoyé son courrier "A Monsieur Badinter, rue du même nom"!
Quel humaniste, quel combattant sans faiblir de la cause de l'Homme, contre la peine de mort -son discours à la Tribune de l'Assemblée Nationale résonne et raisonne encore-, contre l'homophobie, la torture, l'esclavagisme, etc.! Quel défenseur du Droit, de l'État de Droit et des Libertés fondamentales ! Quel éclaireur de notre Société, de vos Sociétés humaines, expliquant, à chaque moment majeur, avec des mots simples et clairs, la voie à suivre, le chemin!
Oui, nous perdons gros ce 9 février! Des phares, des boussoles de l'esprit et de nos vies, de formidables piliers du combat pour la "seule querelle qui vaille, celle de l'Homme", pour reprendre les mots du Général de Gaulle. Ces hommes étaient de ce niveau, parmi nous, formidablement humains, mais aussi au dessus de nous, pour nous éclairer, nous tirer vers le haut, nous arracher à la démagogie, à la barbarie et à la fange des idées courtes et nauséeuses, et nous élever toujours , nous aider à nous dépasser. 
Un immense merci à Alfred Grosser et à Robert Badinter dont les mots, les conseils, les lumières, les livres resteront gravés à jamais dans nos cœurs, sur nos tables, dans nos esprits.
Mais aujourd'hui, en me souvenant de tant de moments à l'Institut d'Études Politiques, à l'Assemblée, à l'Élysée, à Autun ou au Creusot, je suis inconsolable. Et je pleure comme un enfant. Nous sommes nombreux à pleurer, orphelin d'une part de nous même. 
J'adresse toutes mes condoleances à leurs familles et à leurs proches et amis. Je sais ce qu'on leur doit et l'immense combat qu'il faut continuer à porter, fidèle à leur mémoire, à leurs valeurs, à leurs engagements, à leurs enseignements. Je leur dit un grand merci. Je sais tout cela...mais aujourd'hui, je pleure, sans doute par ce que je mesure la perte et cherche la force de continuer l'immense devoir à accomplir pour être à la hauteur de ce qu'ils nous laissent.


Rémy Rebeyrotte
Député, 
Secrétaire de l'Assemblée Nationale, 
Maire honoraire d'Autun.