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En moins de 3 semaines, il vole 5 voitures pour aller voir des copains, dit-il

En moins de 3 semaines, il vole 5 voitures pour aller voir des copains, dit-il

Une série de « raids nocturnes » en février, dans « un mouchoir de poche » géographique (Lays sur le Doubs, Pourlans, Saint-Pierre de Bresse) pour voler des moyens de transports, et l’incendie d’un des véhicules fin février. Voilà de quoi doit répondre un jeune homme âgé de 24 ans, ce jeudi 7 mars à l’audience des comparutions immédiates.

Le prévenu est en état de récidive pour tous les vols. Huit au total, dont six, commis seul. Pour deux d’entre eux, il était au moins avec un autre, qui sera jugé selon la procédure de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC).

Un contrôle d’identité, puis des rapprochements

L’enquête a démarré avec cet autre, justement, contrôlé le 29 février par le PSIG dans une rue de Pierre de Bresse. Sur lui : une cagoule noire et des clés d’une Citroën. Vu les vols commis dans les nuits du 9 au 10 (un vélo électrique), du 20 au 21 (une voiture et deux clés d’autres véhicules), du 21 au 22 (deux voitures), et du 25 au 26 février (deux Citroën), les enquêteurs font des rapprochements. 
Les auditions de l’homme pendant sa garde à vue conduisent à entendre des jeunes filles. Le prénom d’un autre garçon émerge, puis un visage, dans une vidéo tournée à l’intérieur d’un des véhicules volés. Voilà comment on arrive au prévenu. 

Des vols à la va comme je te pousse ? 

« Que se passe-t-il dans votre tête et dans votre vie pour, en ce mois de février, commettre ces vols et pourquoi ? lui demande la présidente Catala 
- C’est pour aller d’un bout à l’autre (= d’un endroit à un autre), c’est tout. J’allais voir des amis, des trucs comme ça. 
- Et si on n’a pas de moyen de locomotion, que faut-il faire ? 
- Je voulais passer mon permis mais j’ai pas d’argent. - Et pourquoi voler autant de véhicules ? 
- J’en sais rien du tout. »

Erratique, mal planté

On a retrouvé chez lui du matériel contenu dans certains utilitaires. Est-il conscient des préjudices causés aux victimes ? Il en est conscient. Pourquoi avoir essayé d’incendier un véhicule ? « Pour effacer les traces. » Avait-il bu ? « J’avais bu un coup, parce que j’avais perdu mon p’tit. » Entendre par là que sa compagne, déjà mère de leur fille, avait fait une fausse-couche. Du reste, une nuit, il voulait en finir, dit-il. Au volant du Berlingo il s’est collé dans le fossé. Après il a voulu voler une 306, mais elle n’avait pas assez d’essence, alors il est allé voler une autre voiture. « C’était pour vous suicider, monsieur ? – Non, c’était pour rentrer. »

Profil du prévenu

Sans emploi. A arrêté sa scolarité en 3ème. N’a pas de diplômes, ni de revenus. Il est père. Issu d’une très grande famille recomposée, mais placé dès ses trois ans, ne sait pas pourquoi. Il est frappé d’une maladie aussi rare que sérieuse et va à l’hôpital une fois par mois. Commence tout juste à faire des démarches pour avoir une carte vitale. 
A son casier 8 mentions, toutes pour des vols. « Il faut faire quoi pour que vous arrêtiez de voler des choses qui ne vous appartiennent pas, monsieur ? – Je sais pas. »

La substitut du procureur est « atterrée par l’absence de réflexion » du jeune homme. Elle a bien relevé la précarité du prévenu mais elle relève aussi « son ancrage dans ce type de délinquance » et requiert une peine de 3 ans de prison avec maintien en détention.

« Il a grandi avec le sentiment de n’avoir aucune valeur »

« Il n’y a pas de logique dans cette succession d’événements, plaide maître Faure-Revillet. On a un début de réponse dans son enfance. Pas de foyer aimant, il a grandi avec le sentiment de n’avoir aucune valeur aux yeux de ses parents, aux yeux du monde. Il est pris dans une spirale sans fin car il se met en danger, qu’il aille bien ou pas. Alors, le mettre en prison ? Cela n’aura aucune valeur éducative. Il faut lui dire qu’il a de la valeur, parce que depuis qu’il a trois ans on lui dit le contraire. Il faut qu’on l’aide à faire quelque chose de sa vie. Il n’a que 24 ans. » L’avocate demande une peine avec un sursis probatoire renforcé.

36 mois, maintien en détention, puis un suivi renforcé

Le tribunal va l’écouter mais écoute aussi les réquisitions et ça donne une peine de 42 mois de prison dont 6 mois sont assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans. Le garçon devra travailler, indemniser les victimes, et intégrer le dispositif d’accompagnement individuel renforcé piloté par l’association Enquête et médiation. 
Pour la partie ferme de 36 mois, le tribunal ordonne le maintien en détention, puis à sa sortie « il y aura un accompagnement », lui dit la présidente.

FSA