Bresse Chalonnaise

A Louhans, elle volait là où elle était employée, pour se faire licencier, dit-elle

A Louhans, elle volait là où elle était employée, pour se faire licencier, dit-elle

« C’est très particulier comme démarche, non ? – J’étais à bout, je n’en pouvais plus. » Ce jeudi 7 mars, une femme qui va sur ses 60 ans, répondait de vols répétés sur 5 jours, dans le commerce où elle était employée.

Elle est à la barre de l’audience d’homologation d’une peine proposée par le procureur de la République, dans le cadre d’une CRPC (comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité), et si la présidente Croissandeau l’interpelle sur sa « démarche » c’est que la prévenue justifie ses larcins ainsi : « J’ai commencé à travailler là-bas, je travaillais tous les dimanches, tous les jours fériés, en plus. J’ai demandé à ne plus travailler les dimanches après-midi. Mon conjoint est routier, on ne se voyait plus. Mais non ! J’étais toute seule au tabac, toujours seule. A la fin je n’en pouvais plus, alors j’ai fait ça. »

« Ça » : voler des paquets de cigarette, des cigares, et surtout gratter des tickets de jeu. Elle dit qu’elle voulait démissionner mais que son employeur ne voulait pas. L’employeur, une femme sensiblement de la même génération, répond au juge : « Je lui ai dit qu’elle était libre. » Maître Maréchal, avocat de la prévenue : « Ma cliente est une femme gentille, son employeur lui mettait la pression en lui disant : ‘Si tu pars, on ne s’en sortira pas’. »

L’audience dit que les vols ont été constatés grâce à une vidéosurveillance et que la prévenue n’a pas vraiment reconnu tout de suite. C’est que l’employeur voulait faire remonter la prévention sur une large période, « à mon avis, ça durait depuis trois ans ». Sur la période retenue, du 22 au 26 février 2022, l’employée fait bonne figure : « ça, je le reconnais ».

Elle était employée au bureau de tabac depuis 2015. Quelle curieuse affaire. D’un côté des employeurs très remontés, de l’autre une petite femme, une vaillante - qui travaille à l’usine maintenant -, mais une vaillante qui visiblement n’aime pas être toute seule (elle le dit et le répète beaucoup).

La présidente interrompt l’employeur lorsqu’il commence à dire « Moi, je veux une peine plus… ». « La peine est proposée par le procureur, ce n’est pas la victime qui s’en charge. » 
Maître Maréchal s’est manifestement battu pour ramener la prévention à 5 jours, sur la foi « d’un inventaire imprécis et non détaillé », d’un « laisser aller dans ce bureau de tabac ». Les vols : « Madame savait qu’elle se ferait prendre, elle l’a fait volontairement. » Curieuse démarche, en effet.

La juge homologue la peine proposée par le procureur, soit une amende de 2 000 euros, avec sursis. « Vous avez un casier vierge. On entend le contexte de ce dossier un peu particulier, mais vous avez conscience que… » La dame secoue la tête vigoureusement : oui, oui, elle a conscience.

FSA