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Chalon : 6 mois de prison ferme pour détention de cannabis

Chalon : 6 mois de prison ferme pour détention de cannabis

La perquisition à son domicile a permis de saisir quasi 900 grammes de résine et d’herbe de cannabis mais le prévenu, jugé ce 13 juin selon la procédure de comparution à délai différé, n’en démord pas : c’était une commande pour lui et ses amis.

C’était le 17 avril dernier. Des policiers passent rue lieutenant Rompion à Chalon et que voient-ils ? Un scooter dont la plaque d’immatriculation est mal arrimée et à qui le conducteur fait faire un demi-tour à la coule. Contrôle. Le sac à dos est odorant ? Cannabis. « Ma conso perso » dit l’homme. Il est placé en garde à vue. La perquisition à son domicile est positive, si on peut dire : de l’herbe et de la résine de cannabis, pour 899,8 grammes - et pour 7400 euros dira la procureur -, répartis pour une part dans des bocaux et le reste conditionné en pochons ; deux balances de précision, des sachets zippés. Sur le mis en cause, trois téléphones et 750 euros en espèces, « c’est ma pension d’AAH ».

Une schizophrénie « importante »

En détention le tabac lui manque mais pas le cannabis, alors qu’il déclarait fumer 20 joints par jour. Le président s’étonne de cette contradiction. « La pathologie dont il souffre ne lui permet pas de présenter un système de défense cohérent », expliquera l’avocat du prévenu. Pathologie ? Une schizophrénie « importante » depuis 2003, écrit l’expert psychiatre qui conclut à une altération du discernement. 

Les « amis » ont disparu de la circulation

Altération... Sentiment renforcé lorsque le président interroge l’homme sur ses fameux « amis ». « Oh c’est des amis de l’extérieur (jolie formule, ndla), qui sont pas là, qui m’écrivent pas. Maintenant que je suis incarcéré, je suis tout seul, quoi. »
Le prévenu fait genre qu’il sait comment passer commande, lançant Google avec une recherche de vente de cannabis, « et des sites s’affichent ». Euh… soit. Comment fait-il pour payer ? « C’est pas moi qui paie en ligne. Je sais pas lire, alors... »

« Qu’on ne vienne pas me faire croire qu’il n’est que simple consommateur de stupéfiants »

A sa décharge, l’exploitation de ses téléphones n’a rien donné. A sa charge, y en avait pour plus de 7000 euros chez lui. Il a un casier de 5 condamnations mais muet depuis 2003.
Cyrille Girard-Berthet, substitut du procureur, n’en démord pas : si le prévenu n’est poursuivi que pour détention de drogue, « qu’on ne vienne pas me faire croire qu’il n’est que simple consommateur de stupéfiants. On retrouve à son domicile tout l’attirail du trafiquant ». 
La magistrate requiert une peine de 12 mois de prison dont 6 mois seraient assortis d’un sursis probatoire de 2 ans, avec son maintien en détention pour la partie ferme.

« Monsieur est victime d’un ou plusieurs autres »

« Vous voyez bien qu’il n’est pas armé psychiquement pour se livrer à un trafic, plaide maître Lopez. Il est tellement victime des gens qui se servent de lui, qu’il n’a aucune contrepartie pour sa consommation personnelle. Il n’a jamais un radis, sa famille lui passe un billet en fin de mois et il a chez lui pour plus de 7000 euros de produits ? Monsieur est victime d’un ou plusieurs autres. On n’a pas enquêté du tout sur ses comptes bancaires ni cherché à savoir qui sont ces gens. Monsieur souffre de solitude et d’instabilité émotionnelle. Il ne mesure aucun des risques qu’il prend. Il a un traitement mais ça n’a pas empêché qu’il fasse des tentatives de suicide. Un traitement ne rend pas les choses linéaires. Il a encouru le risque pénal à la place d’autres, ses fameux ‘amis’. »

Incarcéré pour 6 mois puis 2 ans sous main de justice

Le tribunal dit le prévenu coupable de détention de drogue, le condamne à la peine de 12 mois de prison dont 6 mois sont assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans, avec obligation de soins en psychiatrie et en addictologie. Maintien en détention pour les 6 mois ferme.

Le lampiste

Le prévenu en début d’audience disait : « J’ai un traitement qui est lourd. L’angoisse et le stress font des dépressions… alors on plonge dans l’alcool, le cannabis… » Il a bien les traits du vulnérable que les trafiquants utilisent sans vergogne à leurs fins criminelles. Dans les trafics c’est comme ça : le dispositif inclut toujours un(e) ou quelques personnes fragiles, de préférence dépendant(e)s d’un toxique, financièrement modestes ou pauvres, et qui sont exploitées, manipulées, et sacrifiées sans état d’âme.  

FSA