Chalon /autour de Chalon

Le 3 octobre dernier... sa voiture avait explosé un rond-point de Chalon.. la conductrice avait 2 grammes

Le 3 octobre dernier... sa voiture avait explosé un rond-point de Chalon.. la conductrice avait 2 grammes

Dans la salle de l’audience d’homologation des CRPC, ce jeudi 21 juin, une jeune fille attend de passer devant le juge. Elle est nerveuse, mordille une mèche de cheveux, mais elle va passer l’épreuve haut la main, c’est assez rare.

Le 3 octobre dernier, une voiture s’explose sur un rond-point à Chalon. La conductrice est blessée mais son taux d’alcoolémie est énorme, presque 2 grammes, et on découvre que son permis de conduire est en réalité suspendu. Double infraction, donc. Son casier français est néant, mais elle fut condamnée en Suisse en 2022, pour « dommage à la propriété ».

« Une tentative de suicide, mais j’avais tellement bu que je n’avais aucune conscience des gens autour »

Dans ces conditions, pourquoi reprendre le volant ? « J’avais pas mal de problèmes psychologiques, et aussi avec les produits stupéfiants et l’alcool. Cet accident, c’était une tentative de suicide, mais j’avais tellement bu que je n’avais aucune conscience des gens autour. C’est pas une excuse, mais c’est comme ça que ça s’est passé et je me suis soignée. Je ne prends plus du tout de cannabis, c’est fini. »

Le choc de l’accident a détruit le véhicule et a conduit la jeune femme à une convalescence de 6 mois, « en corset », et « j’ai perdu mon job ». Elle a voulu faire un BTS mais physiquement n’était pas encore en état d’assurer. « Je vis donc chez mes parents. »

Ce qui fait la différence, ce n’est pas ce qu’elle dit, c’est la façon dont elle le dit

Ce qui fait la différence avec pas mal d’autres prévenus, ce n’est pas ce qu’elle dit (on voit bien des prévenus s’appliquer à donner au tribunal des éléments de langage qu’on attend d’eux, mais ils ne sont pas dedans, c’est copié-collé), c’est la façon dont elle le dit. Elle a vu un psychiatre, elle a suivi un traitement médicamenteux et des thérapies (consultations individuelles, groupe de parole, etc.) et ça a eu quelques effets.

Passer d’un circuit fermé à un circuit ouvert

« A l’époque je ne me soignais pas, je m'auto soignais en prenant des substances. » A l’époque elle vivait en circuit fermé, ce grave accident a ouvert le cercle. Des tiers sont intervenus, elle l’a accepté (elle n'avait pas le choix, mais ça n'est pas suffisant) et a fait du chemin. 
« Son père est là », précise maître Öztürk au président Lahyani. Parents présents, donc. « Je suis encore suivie au CSAPA KAIRN 71* et je continue d’aller au groupe de parole. »

Trouver une voie

La peine proposée par le procureur est homologuée : stage de sensibilisation à la sécurité routière (amende de 500 euros en cas de manquement) et 3 mois de suspension du permis. 
Le juge, dans un sourire, souhaite à la jeune femme de trouver sa voie. 
On ajoute : une voie qui lui soit bonne et surtout moins coûteuse que celle qui l’a menée à s’exploser pour briser ce dans quoi elle s’était enfermée.

FSA

* https://www.sauvegarde71.org/soins-en-addictologie/