Saône et Loire

LEGISLATIVES - 5e circonscription de Saône et Loire - Fatima Kouriche dénonce l'état de la psychiatrie en France et particulièrement sur le CHS de Sevrey

LEGISLATIVES - 5e circonscription de Saône et Loire - Fatima Kouriche dénonce l'état de la psychiatrie en France et particulièrement sur le CHS de Sevrey

La politique du chiffre a fait son entrée en psychiatrie.  Face à ces nouvelles contraintes, les soignants essayent d’adapter leur clinique mais dressent malgré eux une série de frontières les séparant des patients. Ils devaient par le passé libérer des patients, ils doivent dorénavant libérer des lits. Ce changement de paradigme se répercute inévitablement sur l’expérience que font les patients de la psychiatrie publique hospitalière. Ces derniers doivent être autonomes, temporiser leurs demandes, faire preuve d’adaptation au contexte tendu des unités de soins, et accepter une prise en charge incomplète. 

Aujourd’hui, près d’une personne sur cinq est touchée par des troubles mentaux au cours de sa vie. Les tensions sur l’offre de soins en psychiatrie illustrent la nécessité de renforcer le secteur Psychiatrique et la Psychiatrie Infanto-juvénile. Dès lors, nous avons à cœur, nous le Nouveau Front populaire, de répondre à la précarité psychiatrique en Saône-et-Loire, qui s’observe par les difficultés croissantes rencontrées par l’Etablissement public de Santé mentale (EPSM) de Sevrey. 

Malgré la bonne volonté des soignants, la politique gouvernementale visant à réduire des hospitalisations pour des raisons de coûts, a conduit en quelques années à la suppression de 30 lits adultes. A Sevrey, 10 000 patients sont suivis, et sur ces 10 000 patients, il reste aujourd’hui 250 lits. Ainsi, seulement 2,5% de la population totale suivie peut accéder à un lit. En effet, l'ARS (Agence régionale de santé) dans un objectif de restriction budgétaire favorise désormais l'hospitalisation à domicile, gérée par des équipes mobiles comme Vigilan’s. Cependant, Vigilan’s est uniquement présent dans l'agglomération de Chalon-sur-Saône, laissant les autres localités du département sans accès à ces ressources. 

La prise en charge à domicile est encore plus prégnante et néfaste concernant la pédopsychiatrie. En effet, l’Etablissement psychiatrique de Sevrey ne dispose que de 10 lits ; 10 lits d’hospitalisation pédopsychiatrique pour l’ensemble du département de la Saône-et-Loire ! 10 lits pour une population de moins de 18 ans qui est supérieur à 110 000 personnes dans notre département. Or, en France, entre 2016 et 2021, le nombre de passages aux urgences pour troubles psychiques chez les moins de 18 ans, notamment des tentatives de suicide, a augmenté de 65 %. Avoir son fils ou sa fille en hôpital psychiatrique est difficile, mais voir son enfant se détruire quotidiennement chez soi, devoir gérer son traitement, faire face à la violence parfois, est une souffrance insoutenable rendue malheureusement possible par des politiques de réductions de coûts de nos services publics engagées par le gouvernement et soutenu par les votes des élus du Rassemblement National.

Enfin, le déficit de psychiatres et de professionnels paramédicaux conduit à des difficultés majeures pour accueillir les patients. Il y a actuellement un déficit de 30 % de psychiatres dans les établissements de santé mentale publics à l'échelle nationale. Également, 25% des établissements se déclarent en grande difficulté pour répondre aux besoins de la population. Cette situation s’explique par le constat que nous venons de dresser, à savoir, la difficulté des conditions de soins pour les soignants, soumis au stress du chiffre, et parfois aussi à la violence des patients.   

Ainsi, de la même manière que pour l’hôpital de Montceau-les-Mines, il convient de bâtir un réel projet en faveur de nos établissements de soins pour faire face à la dégradation de la prise en charge des malades depuis plusieurs années. Cela passera par un budget renforcé qui permettra d’investir massivement vers nos services publics afin de garantir l’accès, la sécurité́ et la continuité́ des soins sur l’ensemble du territoire. De plus, les soignants sont là pour soigner. Or, la situation en établissement psychiatrique, est telle, qu’ils sont sujets à la violence régulière des patients, ils sont contraints d’aller vite pour gérer les flux, dégradant alors la dignité de leur fonction qui leur est chère. Il faudra ainsi, faire évoluer les statuts des professionnels pour une meilleure reconnaissance, renforcer la formation des professionnels et évidemment redonner du sens au travail en établissement psychiatrique.

Fatima KOURICHE, candidate Nouveau Front Populaire, 5e circonscription de Saône-et-Loire

Damien SALEY, candidat suppléant