Politique

LEGISLATIVES - 5ème circonscription de Saône-et-Loire - Retour sur la réunion publique de Fatima Kouriche

Par Karim BOUAKLINE-VENEGAS AL GHARNATI

Publié le 28 Juin 2024 à 19h00

LEGISLATIVES - 5ème circonscription de Saône-et-Loire - Retour sur la réunion publique de Fatima Kouriche

C'est aux côtés de Damien Saley, son suppléant, que la candidate du Nouveau Front Populaire a mobilisé les forces de gauche du Chalonnais mercredi soir à l'occasion d'une réunion publique organisée à la Maison des Syndicats. Plus de détails avec Info Chalon.

Animée par Sylvie Hérody, la réunion publique du candidat du Nouveau Front Populaire pour la 5ème circonscription de Saône-et-Loire, Fatima Kouriche, et son suppléant, Damien Saley, a eu lieu ce mercredi 26 juin, 20 heures, à la Maison des Syndicats de Chalon-sur-Saône. 

La Montcellienne Fatima Kouriche que l'on connaît plus à Chalon-sur-Saône pour avoir été la suppléante d'Éric Riboulet, le candidat NUPES aux élections législatives de 2022. Quant à Damien Saley, professeur d'histoire-géographie dans le secondaire, il est une des figures de proue de la France Insoumise (LFI) dans le Chalonnais. 

Avant de diffuser le clip officiel de campagne de la liste de gauche, Sylvie Hérody a rappelé qu'il ne restait «que quatre jours et nous pouvons gagner !»

Avant que la candidate et son suppléant ne s'expriment, plusieurs prises de parole. À  commencer par Claire Mallard, la présidente du groupe écologiste (Europe Écologie Les Verts, Génération Écologie et Cap 21) au Conseil régional de Bourgogne Franche-Comté, qui a demandé à ce que l'assistance, 62 personnes dans la salle, imagine que demain, «nous vivions dans un monde où chacune et chacun à le droit de vivre dignement, où les ressources naturelles sont préservées, où l'on prend soin les uns des autres et du vivant».

«Ben ouais, vous voyez tout cela est à portée de vote les 30 juin et 7 juillet»

La militante écologiste estime que «c'est à portée de vote grâce à la formidable énergie» des deux candidats et des bénévoles «motivés» qui sont allés dans chaque coin de la circonscription pour tracter, boîter, convaincrer «avec leur cœur» afin d'«éviter le pire» et «surtout construire le meilleur» grâce à «l'espoir suscité par le grand rassemblement du Nouveau Front Populaire».

«Parce que quand même, on entend tout et n'importe quoi dans cette campagne. Qui sont ces gens pour nous donner des leçons de morale ?»

Claire Mallard tire à boulet rouge sur les principaux détracteurs de la nouvelle formation de gauche. Les «macronistes» d'abord, dont elle récuse les «procès en crédibilité».

Fustigeant les différents gouvernements de l'ère Macron ( Philippe 1, Philippe 2, Castex, Borne, Borne remanié et Attal) qui «ont creusé la dette, enrichi les plus riches, appauvrit les pauvres et qui considère que l'écologie ça commence à bien faire ! Leur bilan, c'est 150 000 logements rénovés en moins que prévu !».

«Autrement, on a les tiktokeurs en toc,non pas du Rassemblement National mais du Revirement National qui change de programme tous les jours : un jour, c'est la baisse de la TVA et la fin de la réforme des retraites et un autre jour, c'est l'inverse. En fait, c'est surtout le parti de l'imposture politique à qui on doit reconnaître quand même une certaine constance : la promesse d'une catastrophe pour les droits sociaux, nos libertés, la protection du climat et de la biodiversité. Il n'y a qu'à voir ce que l'extrême-droite fait quand elle est au pouvoir en Europe : licenciements facilités, restriction du droit de grève, assurance-chômage moins accessible. Par contre, apporter des solutions racistes à la détresse sociale, ça c'est son ADN !»

Discours que la militante écologiste conclut par «Nous sommes la France. Oui, cette France arc-en-ciel qui se mélange, qui vit, qui rit et qui l'ouvre, qui ne fait pas semblant d'être ouverte».

«Et si nous sommes aujourd'hui rassemblés, citoyennes, citoyens, syndicalistes, associatifs, formations politiques de gauche et écologistes, c'st pour que cet espoir se transforme en victoire les 30 juin et 7 juillet. Alors toutes et tous au vote, nos valeurs vaincront et on leur tiendra tête aujourd'hui, demain et tant qu'il le faudra !»

Après, ce fut au tour de Nathalie Vermorel qui représentait le Parti communiste français (PCF), de prendre la parole, proposant entre autres «moins d'argent public aux multinationales et plus d'argent aux artisants et aux PME».

«Taxer les très riches et les superprofits, on a jamais essayé non plus !»

Après une vidéo de soutien de Pierre Laurent, ex-secrétaire national du Parti communiste français entre 2010 et 2018, ce fut au tour de Vincent Castagnino, le secrétaire départemental du SNUipp-FSU 71, répondant à l'invitation du NFP (même si la n'est pas membre de cette coalition), de prendre la parole.

Ce dernier estime que le RN, avec ses «projets de réduction de temps de représentation pour les élus du personnel», et Renaissance avec sa réforme FP et la loi Blanquer, notamment sur l'«exemplarité enseignante», c'est-à-dire selon lui, «interdire s'exprimer publiquement avec des propos que l'on estime dénigrer l'école publique» «veulent mettre au pas les enseignants et leurs représentants».

Vincent Castagnino alerte sur la fin de la mixité scolaire, «le RN étant favorable à la fin du collège unique» et Macron avec «le choc des savoirs qui fait le tri des élèves dans les collèges» mais aussi les cadeaux faits au privé avec, du côté du parti de Marine Le Pen, un «renforcement de l'enseignement privé confessionnel» et «une scolarisation obligatoire à 3 ans», pour Renaissance.

«Aujourd'hui, 13 milliards d'euros par an de financement du privé par l'argent public»

Le syndicaliste tâcle également la «vision autoritaire de l'éducation» prônée par les deux partis, avec une volonté d'imposer le vouvoiement à l'école, l'uniforme présenté comme permettant de lutter contre les discriminations pour le RN et la loi Blanquer avec une volonté d'imposer les drapeaux tricolores et la Marseillaise dans les classes pour Renaissance. Pour lui, le gouvernement veut mettre au pas la liberté pédagogique (manuels labellisés et les guides de bonnes pratiques) et le manque de volonté concernant l'école inclusive, «une inclusion au forceps», précise ce dernier.

«Rien du côté du RN à ce sujet et bilan moyen pour le gouvernement»

La FSU appelle à voter pour les candidats NFP sur le programme de campagne.

«Mais attention, vigilance syndicale de sa mise en application», prévient toutefois ce dernier.

Puis ce fut Philippe Janet pour la section locale de la Ligue des droits de l'Homme de prendre la parole.

«Aujourd'hui, les statuts de la LDH ne nous permettent pas d'appeler à voter pour un parti. Cependant, le danger qui pèse sur notre démocratie est si important que c'est en toute conscience que nous appelons à tout mettre en œuvre pour battre l'extrême droite et mettre en place (un gouvernement) de rupture. Le Nouveau Front Populaire incarne cette aspiration», explique ce dernier.

«La victoire de l'extrême droite aurait les mêmes conséquences dramatiques que celles qu'on a pu voir là où elles ont pu gouverner ou gouvernent. Aux Etats-Unis de (Donald) Trump, dans la Russie de (Vladimir) Poutine, la Hongrie de (Viktor) Orbán, l'Argentine de (Javier) Milei, la Pologne du PiS*, l'Italie de (Giorgia) Meloni, la liberté est piétinée, les droits ont été bafoués, les services publics et les politiques sociales, étranglés. Dans tous ces pays, la violence, la haine de l'autre ont remplacé les valeurs d'égalité, de solidarité, de fraternité».

«Nous devons tout faire pour éviter que cela ne nous arrive. (...) Battre l'extrême droite dans les urnes, combattre son projet raciste doit se conjuguer à l'émergence d'un changement profond, de ruptures sociales et écologiques et d'effectivité des droits».

«Ensemble, nous en appelons à la mobilisation citoyenne contre l'extrême droite», conclut Philippe Janet.

Après une dernière intervention d'un militant de gauche montcellien, c'est au tour de Damien Saley de prendre (enfin) la parole.

«Dans cette élection, nous avons deux blocs à affronter, l'un est notre adversaire, l'autre notre ennemi»

D'emblée, le suppléant de Fatima Kouriche donne le la de son discours.

«Notre adversaire, c'est la Macronie. 7 ans de souffrance, de destruction de l'école, de l'hôpital public, de la justice, de l'environnement et tout ce qui fait que nous vivons ensemble une dette qui a bondi de 1000 milliards alors que nous étions censés être dirigés par le "Mozart de la finance"... tout cela est le résultat d'une ligne idéologique, celle du néolibéralisme qui met l'État au service du marché contrairement au vieux libéralisme qui voulait réduire la place de l'État. Le néolibéralisme utilise le pouvoir étatique, détruit les services publics: école publique dégradée pour favoriser le privé lucratif, santé dégradée et sécu affaiblie pour soutenir les cliniques privées et le recours aux mutuelles... Les Français résistent pourtant en bons "gaulois réfractaires": gilets jaunes, réforme des retraites, luttes des écologistes mais la Macronie utilise nos policiers contre le peuple et de manière violente pour imposer son ordre néolibéral (qui ne profite pas aux policiers soit dit en passant). Tout cela est permis par une 5ème République à bout de souffle qui donne trop de pouvoirs à un seul homme, trop de poids à l'exécutif qui en abuse. Il faudra donc réformer la Constitution ou passer à la 6ème République pour rééquilibrer tout cela et créer une vraie démocratie en France».

«Notre ennemi, c'est l'extrême-droite avec le Front national. Je rappelle les origines du FN  fondé avec des collabos vichystes, anciens SS et membres de l'OAS qui ont tenté d'assassiner De Gaulle alors qu'aujourd'hui le FN se revendique du gaullisme, quel comble ! Terrible inversion des valeurs qui est défendue dans de trop nombreux médias qui acceptent de dire que le FN est gaulliste et protège les juifs et que la gauche est terroriste et antisémite, quelle confusion, manipulation, quelle erreur devant l'Histoire ! Ne pas oublier non plus que le FN, c'est d'abord un clan, un clan bourgeois, celui des Le Pen. Famille bourgeoise qui vit dans un manoir au Domaine de Montretout à Saint-Cloud, Marine a grandi avec une cuillère en argent dans la bouche, n'a jamais travaillé, a toujours profité des subsides de l'État en faisant tourner la petit entreprise du FN pour toucher ses indemnités d'élue sans jamais vraiment travailler, comme Bardella au Parlement européen. Donc grande ironie de les entendre dire qu'ils sont proches du peuple, des classes populaires, qu'ils soutiennent les ouvriers dont ils ne connaissent rien des difficultés ! Souvenons-nous que le racisme est aux fondements du FN et toujours bien présent. Antisémitisme aujourd'hui aussi même si le FN a changé de sémites : il est passé des Juifs aux Arabes, descendants d'un même ancêtre biblique, Sem, fils de Noé. Mais ne pas se leurrer, la haine des Juifs est juste cachée le temps de s'en prendre aux cibles principales, les Arabes et Musulmans, mais la haine des Juifs est toujours bien présente au sein du FN même s'ils font mine de les soutenir en profitant du contexte international (conflit israélo-palestinien) pour se racheter une virginité avec l'aide médias aux ordres. Donc le FN de Bardella, belle coquille mais sans perle à l'intérieur et avec une huître avariée, bonne à mettre à la poubelle. Imposture!»

Sa dernière attaque concerne le maire de Chalon-sur-Saône, également candidat sur la 5ème circonscription de Saône-et-Loire : «Extrême-droite comme une hydre à deux têtes dans notre circo puisque Gilles Platret surfe depuis longtemps sur la vague du FN, reprends les thèmes de l'extrême-droite jusqu'aux idées de Zemmour sur le Grand remplacement et l'épuration ethnique, stigmatise nos compatriotes musulmans comme il l'a fait dans sa dernière lettre aux Chalonnaises et Chalonnais. Il a perdu sa boussole gaulliste en s'acoquinant avec l'extrême-droite, décevant pour cet homme qui aime tant mettre en avant les grands moments de la Seconde Guerre mondiale et de la Résistance. Sa carrière compte plus que ses valeurs réelles visiblement...»

*Sigle polonais pour Prawo i Sprawiedliwość («Droit et justice» en polonais), parti fondé en par les frères Jarosław et Lech Kaczyński.

 

Karim Bouakline-Venegas Al Gharnati