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Le petit bizness du vol de parfums à Chalon, Beaune et Lyon

Le petit bizness du vol de parfums à Chalon, Beaune et Lyon

Que de baratin ! Deux jeunes femmes ont été jugées pour des vols de parfum à Chalon, Beaune et Lyon, ce lundi 8 juillet, en comparution immédiate. La plus âgée est en état de récidive légale et elle ne lésine pas sur les mots qui vont bien.

Les faits

Ce mardi 2 juillet en fin de journée, un vigile du magasin Sephora appelle la police : deux jeunes femmes essaient de voler. La police une fois vers la boutique met en place une surveillance et coince les femmes vers leur véhicule. Elles viennent de voler 3 flacons de parfum, elles le reconnaissent immédiatement. Le même jour, elles en avaient piqué 8 bouteilles à Beaune, et puis dans la voiture les policiers en trouvent 18 autres : ceux-là ont été volés à Lyon, dans deux autres enseignes.

C’est que place du Pont à Lyon, le flacon volé se revendrait 50 euros, disent-elles

La plus jeune des deux n’a que 20 ans. Elle porte deux longues tresses. La plus âgé vient d’avoir 28 ans. L’une vit à Vénissieux, l’autre à Lyon, chacune chez sa mère. Chacune soutient voler pour faire face à des difficultés matérielles. La plus âgée ne manque pas d’assurance et abreuve les juges de sa « réflexion », « grosse remise en question », « immaturité », que si elle avait un magasin, olala elle n’aimerait pas qu’on la vole, et tatati et tatata. Tout cela passerait mieux sans casier judiciaire. Les deux ont déjà été condamnées plusieurs fois pour des vols, ici et là dans un large périmètre autour de Lyon. C’est que place du Pont à Lyon, le flacon volé se revendrait 50 euros, disent-elles.

« Grosse remise en question », « bon cœur » et délinquance

Trois condamnations chacune pour des vols, dont deux faits déjà commis ensemble. La plus âgée remet ça avec sa « grosse remise en question », y ajoute leur « bon cœur » puisqu’elles participeraient à des maraudes, des remises de colis et voulaient partir cinq jours en mission humanitaire au Sénégal en août… La présidente Chandet les rassure que le tribunal n’a pas pour fonction de porter des jugements moraux sur les prévenus, mais que par contre, commettre des délits fait d’elles des délinquantes (et qu’elles soient gentilles n’y change rien). Les juges ne sont pas dupes du baratin. Le dernier argument de la prévenue, c’est « le choc carcéral » : « 4 jours de détention ? J’en veux plus, ah non ! » Elle est nature cette jeune femme.

 « Elles sont très mobiles, ces deux-là ! »

La vice-procureur l’est aussi : « C’est un discours pertinent mais dommage, je l’ai déjà entendu et avant le placement en détention ! Ça veut dire que les arguments dont le choc carcéral étaient prêts à l’avance. Vous avez affaire à deux jeunes femmes qui connaissent parfaitement les risques du métier. Elles ont joué, elles ont perdu. A un moment donné le vol doit conduire en prison. C’est aussi la règle du jeu. » Madame Saenz-Cobo y va franco contre la mauvaise foi et le blabla des deux prévenues. 
Un sursis probatoire ? « Elles ne respectent pas les convocations ! » Les amendes routières de l’une comme de l’autre ? « C’est normal qu’elles en aient, elles sont très mobiles, ces deux-là ! La Suisse, Annecy, Besançon, Bourg-en-Bresse, Beaune, Chalon… Est-ce qu’on va tolérer le vol ? Elles sont régulièrement en train de voler. » La procureur requiert des peines de 5 mois et 4 mois, avec maintien en détention.

Maître Augros et maître Diakonoff sont venus de Lyon, défendre les jeunes femmes

Pour la plus jeune, maître Augros plaide une peine en milieu ouvert, « il faut lui éviter le maintien en détention », « les réquisitions sont presque cruelles en tous cas, excessives, par rapport au casier, aux possibilités de réinsertion, et au dossier lui-même ». 
« Il faut remettre l’église au centre du village et les gens au bon endroit, dans l’espace judiciaire » dit maître Diakonoff pour la plus âgée. Il plaide la gradation de la peine et, en conséquence, pour une détention à domicile sous surveillance électronique (DDSE) « qui est une peine sous écrou ».

Des peines mixtes, de la prison ferme aménageable

Les marchandises ont été restituées aux magasins de Chalon et de Beaune. Il n’y a donc pas de parties civiles.
Le tribunal dit les jeunes femmes coupables de vols en réunion et les condamne :
- La plus jeune à la peine de 6 mois de prison dont 3 mois sont assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans. Obligations de travailler, de payer les droits fixes de procédure (127 euros) et de faire un stage de citoyenneté. 
- La plus jeune a elle aussi un SP de 2 ans (4 mois avec sursis en réserve), les mêmes obligations que sa copine. La partie ferme est de 4 mois.

« Si vous commettez de nouvelles infractions… »

Un juge de l’application des peines leur explique le sursis probatoire, anciennement sursis mis à l’épreuve : « Il va falloir respecter scrupuleusement les convocations du SPIP. Et les parties fermes s’ajouteront, cas échéant, aux peines prononcées avant. » Par exemple, ça fera 5 mois + 3 mois pour la plus jeune, soit 8 mois de prison dont elle peut demander l’aménagement. « Si vous commettez de nouvelles infractions, le procureur de la République peut ordonner votre incarcération directement. »

FSA