Dracy le Fort

Maison Akésis : Quand les habitants se mettent à l'art

Par Karim BOUAKLINE-VENEGAS AL GHARNATI

Publié le 11 Juillet 2024 à 09h30

Maison Akésis : Quand les habitants se mettent à l'art

Spécialisée dans l'accueil des personnes présentant des maladies neuro-évolutives, la Maison Akésis expose les œuvres de ses 52 habitants. Plus de détails avec Info Chalon.

Même si les études réalisées sur l'art thérapie et la maladie d'Alzheimer sont peu nombreuses, les établissements qui proposent des ateliers d'art thérapie obtiennent de très bons résultats. L'objectif : éveiller les souvenirs à travers des sons et des sensations, apaiser les patients sujets à des crises d’agressivité, redonner les mots et les aider à communiquer d'une manière alternative. Zoom sur cette thérapie douce à la Maison Akésis.

Situé à Dracy-le-Fort, cet établissement de plain-pied est spécialisée dans l'accueil des personnes présentant des maladies neuro-évolutives (Alzheimer et maladies apparentées, Parkinson, SLA…). Du grec ancien pour «guérison», la Maison Akésis prend soin, grâce à une équipe dévouée assez nombreuse pour le maintien de leur autonomie, de ses 52 habitants par un accompagnement centré sur la reproduction d'activités de la vie quotidienne (épluchage de légumes, entretien des plantes, préparations culinaires, entretien du jardin et récolte des légumes…). 

Et depuis peu, l'art thérapie, un traitement non médicamenteux qui permet aux personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer de retrouver une forme d'expression autre que la parole, quand les mots leur manquent bien souvent. C’est aussi une manière de recréer du lien avec le monde extérieur et son entourage mais aussi éviter le repli sur soi grâce à un nouveau mode de communication.

L'art thérapie permet aussi aux malades de réveiller leurs souvenirs, à travers des sensations, images, couleurs, odeurs et sons, comme nous l'explique Soledad Teixera, auxiliaire de vie sociale depuis 14 ans et artiste-peintre à ses heures perdues.

«Je ne peux pas vivre sans peindre», précise cette dernière.

Estimant que les résidents s'ennuyaient beaucoup, elle voulait quelque chose qui les fassent travailler, «autant sur le cognitif que l'émotionnel».

«On a vu que ça leur faisait plaisir. Quand ils peignent, ça leur fait remonter les émotions», nous assure cette souriante auxiliaire de vie sociale.

«On» car Soledad a travaillé sur le projet depuis l'année dernière avec Stéphanie Bellon, assistante en gérontologie et passionnée de peinture sensorielle, en collaboration avec l'équipe.

Nous avons profité d'un spectacle proposé à la Maison Akésis pour visiter l'exposition d'une quarantaine d'œuvres réalisées dans le cadre de cet art thérapie. L'occasion d'échanger avec leurs auteurs.

«Malgré la maladie,  ils transmettent un peu de leur âme dans chacune de leurs réalisations. C'est incroyable !», s'exstasie l'assistante en gérontologie qui nous précise que chaque œuvre est nommée par son auteur et associée au livre préféré de ce dernier.

Tout le monde est très fier de leurs réalisations, à l'image du sympathique Alain Macioce (en photo de une). Très prolifique, l'ancien dirigeant et co-fondateur (avec Jean Comeau) de la Comalec, à Crissey, a réalisé six œuvres d'une beauté à couper le souffle.

Si Michèle Cruchaudet, professeur de coiffure dans une autre vie, a choisi «Mignonne, allons voir si la rose», certainement le poème le plus connu de Pierre de Ronsard, qu'elle associe à son tableau «Un amour de roses», d'autres comme Jacques Rebillard ont opté pour des messages plus personnels, l'amour du désert concernant ce dernier.

Quand on interroge Mili sur sa méthode de travail, elle vous répond sans ambages : «Je l'ai fait comme ça sans trop réfléchir et ça me fait du bien».

Et c'est bien là l'essentiel.

Une exposition à voir (sur rendez-vous) jusqu'au 31 juillet à la Maison Akésis.

 

Karim Bouakline-Venegas Al Gharnati