Agglomération chalonnaise

Après 28 ans d’enseignement à l’Éducation nationale, elle devient directrice d’une école alternative en Saône-et-Loire

Après 28 ans d’enseignement à l’Éducation nationale, elle devient directrice d’une école alternative en Saône-et-Loire

Quelle école voulez-vous pour vos enfants ? Maria-Jésus Flament dirige et enseigne à l’École des talents qui a ouvert ses portes en 2023 à Jambles, petit village viticole près de Chalon.

Infochalon : Vous avez une grande expérience dans l’Éducation nationale, à l’école dite traditionnelle…

Maria-Jésus Flament : Oui, j’ai enseigné 28 ans à l’Éducation nationale. J’ai commencé en 1995 en SEGPA au collège, puis en élémentaire et 17 ans en maternelle avant d’accepter ce poste de directrice en 2023. En 28 ans, j’ai pratiqué tous les niveaux avec des élèves de 3 à 13 ans, ce qui m’a permis de découvrir l’éventail des âges.

Infochalon : À l’École des talents, les élèves ont-ils un profil particulier ? Est-elle destinée à des élèves en difficulté ou en rupture avec l’école ? 

M-J Flament : Les 10 élèves de ma classe sont âgés de 4 à 10 ans, de la maternelle au CM2, ils ont d’abord été scolarisés dans une école traditionnelle. Tous n’ont pas des problèmes d’apprentissage, il y en a, oui, mais pour d’autres, il s’agit surtout, selon les parents, d’un besoin d’être respecté dans ses rythmes, ou d’être plus actif dans ses apprentissages.

Infochalon : Justement, sur quelles motivations les parents choisissent-ils l’École des talents ?

M-J Flament : À l’École des talents, nos valeurs et notre organisation nourrissent la culture de l’encouragement. L’effectif réduit de la classe permet de mettre en place un cadre flexible et sécurisant qui réponde aux besoins essentiels de l’enfant – progresser à son rythme, alterner des moments de concentration et d’ouverture, se recentrer et découvrir la nature. Chaque enfant bénéficie d’un suivi individualisé qui part de ses capacités initiales et valorise son évolution. Éveiller sa curiosité, prendre confiance en soi, devenir autonome, développer l’entraide sont les étapes de cet enseignement.

Infochalon : Concrètement, par quels moyens l’École des talents répond-elle aux besoins des enfants ?

M-J Flament : Cette première année, nous avons 10 enfants, avec 5 niveaux différents, ce qu’on appelle une classe unique. Je suis secondée par Clara, une jeune étudiante en psychologie qui a choisi de faire son service civique dans notre école.

Je vous parlais de l’être, par opposition au faire. Pour que les enfants entrent dans leurs apprentissages, pour qu’ils soient ouverts et réceptifs, ils doivent évoluer dans un cadre sécurisant. C’est une condition essentielle. Qu’est-ce que cela signifie ? L’enfant, comme l’adulte, est sans cesse en proie à ses émotions, dont certaines peuvent être paralysantes si on ne sait pas les gérer. Quand vous êtes en colère, quand vous avez peur, quand vous vous sentez isolé, incompris… vous êtes dominé par une émotion qui prend toute la place. Notre point de départ est de « nettoyer » ces états parasites.

Ainsi, chaque matin, nous débutons par la « météo intérieure ». Les enfants ferment les yeux, respirent calmement et tentent d’identifier comment ils se sentent, à quel endroit du corps ils ressentent quelque chose. Il est capital de mettre des mots sur les émotions pour apprendre à se connaître. Puis le « nettoyage » passe par plusieurs méthodes : le corps en mouvement, la brain gym, l’affirmation positive… L’enfant apprend peu à peu à identifier ses émotions et nous lui donnons les outils pour les canaliser.

Dans la classe, nous avons un espace équipé de matériel destiné à s’apaiser : livres, balles de relaxation… Ce temps est utile pour soi comme pour les autres, parce qu’on apprend que nos émotions peuvent perturber tout un groupe. Les enfants victimes de leurs émotions ne sont pas réceptifs, ils ne sont pas en capacité à intégrer les apprentissages. C’est alors du temps perdu.

Dans la classe, nous commençons toujours par apaiser le mental avant de travailler aux fondamentaux (lire, écrire, compter). Dans un second temps, chacun a son plan de travail, avec des exercices qu’il fait selon l’ordre et le rythme qui lui conviennent, du moment qu’il a atteint les objectifs (les compétences) à la fin de la semaine. Il apprend peu à peu à devenir autonome. C’est un cheminement qui demande du temps, mais c’est un but essentiel dans notre école.

Infochalon : Vous nous avez parlé des fondamentaux. Qu’en est-il du reste des apprentissages ?

M-J Flament : Tous les après-midis sont consacrés à ce que nous appelons les « savoirs complémentaires essentiels », qui sont aussi variés qu’il y a d’intervenants passionnés : yoga, théâtre d’improvisation, jardinage, découverte des plantes, cirque, philosophie pour enfant, sciences, arts, découverte des continents… et j’en passe. Les transmetteurs de savoirs sont multiples !

Et chaque fois, je réinvestis en classe les savoirs abordés dans un atelier pour les ancrer de façon cohérente et durable dans nos apprentissages.

La clé pour rendre les élèves réceptifs à ce qu’on leur transmet est toujours la même : les surprendre et respecter leurs besoins contrastés : bouger, se reposer, s’exprimer, travailler dans le silence, s’ouvrir au monde. Nous changeons parfois de cadre et faisons l’école du dehors. Une même activité dans un environnement extérieur donne des résultats très différents ! Je l’avais déjà expérimenté à l’Éducation nationale. Dehors, les enfants se sentent plus libres de s’exprimer, ils sont plus actifs dans leurs apprentissages. Il faut aussi varier les approches (sous forme de défis, de jeux), le contenu, lui, reste l’acquisition des compétences du socle commun. Dans un premier temps, on suscite leur curiosité pour les amener ensuite à observer et se concentrer dans une activité. Cela paraît contradictoire, mais répond aux besoins de tout être. L’inverse de la culture du zapping finalement.

Infochalon : Quelle est votre analyse après cette première année d’existence de l’École des talents ?

M-J Flament : En ce qui concerne les parents tout d’abord, ils ont été partie prenante. L’École des talents prône une politique horizontale et non verticale. Certains ont surveillé le temps méridien, ou assisté à des ateliers. Le choix que font les parents de mettre leur enfant dans une école alternative demande d’être au clair avec ses attentes. Ce n’est pas une formalité, c’est un projet de vie familiale : qu’est-ce qui est le plus important pour mon enfant ? Qu’est-ce que je suis prêt à faire pour lui ?

En ce qui concerne les enfants, j’ai observé que l’engagement de leurs parents a été très bénéfique ! Je résumerais en disant que c’est une occasion unique d’apprendre à penser par soi-même.

Enfin, pour ma part, cette première année a été un vrai défi : devenir salarié d’une association, être membre du CA, gérer une classe unique, définir un nouveau cadre, multiplier les échanges avec les intervenants bénévoles, les parents… C’était beaucoup de travail (malgré le nombre réduit d’élèves), mais tellement enrichissant ! Et je suis partante pour une nouvelle année.

Les inscriptions à l’École des talents ont lieu durant tout l’été. Elle scolarise des enfants de la maternelle au CE2. N’hésitez pas à prendre contact pour tout renseignement.

L’École des Talents
8, rue du Quart Berry – Jambles (71241)
Renseignements et contact :
Pierre Bousquet, Président de l’Association L’Univers des talents
Tél. : 06 32 90 86 23
Mail : [email protected]
Site : www.universdestalents.com
Facebook : @Universdestalents71

Publi-rédactionnel Nathalie DUNAND
[email protected]

La semaine prochaine, retrouvez un autre Retour d’expérience sur l’École des talents : l’interview d’une maman et de sa fille en CP à l’école.

Déjà parus sur Info-chalon.com :

« Redonner du sens à l’école » : Pierre Bousquet nous parle de l’École des talents


Oui pour le yoga à l’école : Anne-Véronique, ex-infirmière et bénévole à L’École des talents à Jambles