Chalon sur Saône

Qui sont les Libawat ?

Par Karim BOUAKLINE-VENEGAS AL GHARNATI

Publié le 24 Juillet 2024 à 11h00

Qui sont les Libawat ?

Désormais constituées en collectif après s'être d'abord présentées comme le syndicat des femmes musulmanes de Chalon-sur-Saône, les Libawat sont devenues la nouvelle bête noire du maire. Mais qui sont-elles ? Plus de détails avec Info Chalon.

«Dans Libawat, il y a Lib' comme Liberté», nous explique d'emblée Morgane Guéchi, la présidente de ce collectif pour qui être une femme voilée (elles ne le sont pas toutes) ne veut pas dire être une femme soumise.

Derrière ce mot arabe qui signifie «Lionnes», il y a une poignée de femmes dynamiques déterminées à tordre le coup à cette idée reçue (et à beaucoup d'autres encore), lutter contre les discriminations dont font l'objet les femmes musulmanes et dénoncer les injustices.

«Mais pas que les femmes musulmanes», précise Morgane qui réfute toute forme de communautarisme, «nous sommes ouvertes au dialogue et à l'échange».

«J'ai moi-même été victime de discrimination en voulant accéder à une formation dispensée par un centre de formation bien connu à Chalon-sur-Saône parce que je porte le voile», ajoute *Sarah.

Les Libawat organisent régulièrement des réunions dans une ambiance conviviale.

Uniques dans leur genre en Bourgogne Franche-Comté, ses membres constituent des listes d'entreprises et commerces qui acceptent les femmes qui portent le voile.

«Dans notre pays, la loi permet aux femmes musulmanes portant le voile de travailler dans tous les secteurs professionnels, hormis dans la fonction publique», précise *Miranda.

Elles nous expliquent qu'elles se forment avec une élève avocate, un avocat en droit public et Rose Ameziane, chroniqueuse politique pour BFM, CNews, LCI qui se consacre à l'accompagnement et à la réinsertion des femmes issues des milieux éloignés de l'emploi. Le but étant pour les Libawat de «faire des rappels à la loi à tout type de commerces, entreprises, associations culturelles et sportives qui contreviennent à la loi».

«Beaucoup ignorent la loi et quand ils sont informés, ils sont souvent étonnés ou ils le prennent à la légère», ajoute Sarah.

Libawat est membre de l'Alliance citoyenne, une organisation militante qui lutte pour la justice et l'égalité des droits en mobilisant les citoyens et qui défend les droits des communautés marginalisées.

Sa présidente nous explique que le collectif a pour projets d'organiser des rencontres, des débats, des évènements et des actions utiles aux habitants de Chalon-sur-Saône.

En attendant, elles continuent de se former «pour mieux connaître (leurs) droits», dans la prise de parole en public et dans la maîtrise des outils de l'audiovisuel.

«On envisage de réaliser des podcasts locaux», précise Morgane.

Pleines de bonne volonté, les femmes dynamiques de Libawat veulent également se tourner vers l'humanitaire.

Mises sous les feux de la rampe (implicitement) lors de la dernière réunion publique de Gilles Platret, le maire de Chalon-sur-Saône, qui en a fait ses bêtes noires, elles ont tenu à faire une petite mise au point : «Nous nous désavouons totalement et publiquement du groupe auquel on tente de nous associer (Ndlr : Les Frères musulmans), celui-là ou d'autres groupes. C'est une accusation un peu trop facile que de nous associer à tout prix à l'islam politique. C'est un fantasme ! Nous agissons seules et nous ne sommes que des femmes. C'est peut-être dans le fond qui dérange... Nous prônons la paix, l'union et le vivre ensemble en France. La laïcité, c'est la liberté de croire ou ne pas croire et d'exprimer sa foi librement dans l'espace public. La France est cosmopolite et notre identité multiple n'est pas incompatible avec les valeurs de la République».

* Prénoms d'emprunt.

 

Karim Bouakline-Venegas Al Gharnati