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TRIBUNAL DE CHALON - Jaloux et violent, le jeune homme de 21 ans va devoir radicalement changer d'attitude

TRIBUNAL DE CHALON - Jaloux et violent, le jeune homme de 21 ans va devoir radicalement changer d'attitude

 « Si les auteurs de violence au sein du couple ne se soignent pas, c’est 100 % de récidive » dit la procureur. A la barre : personne. Le prévenu, âgé de 21 ans, devait répondre de violences habituelles sur sa jeune compagne.

Il doit également répondre d’autres faits, ce lundi 9 septembre 2024 à l’audience des comparutions immédiates.

Le résumé de la procédure les expose :

Le 14 janvier dernier, une jeune femme va porter plainte, à la gendarmerie de Sennecey, pour des violences. Depuis 2021 elle est en couple avec un homme « très jaloux » et « violent » dont elle fut enceinte. Une grossesse émaillée de « p… », « c… asse », « s…pe » et bienvenue parmi nous, bébé.
Gifles, coups de poing, coups de pieds. La femme prend des photos de ses marques et blessures. « Sur le visage, les bras, les cuisses, c’est dire l’ampleur de ces violences » dira maître Leplomb qui représente la victime. « Lors de la confrontation il rigolait quand les enquêteurs l’interrogeaient sur les faits. »

Tout et tout le monde y passe

L’homme s’en prend aussi aux objets, ça valse et ça se fracasse. Il est poursuivi pour dégradations. D’ailleurs en août 2023, il casse « tout ». Les jeunes gens se séparent définitivement, sauf que l’enfant est né, alors le père passe la voir… Le 12 janvier dernier il frappe le père de la jeune femme, au motif que celui-ci avait voulu « faire son Rambo » et l’avait poussé. Réponse à coups de poing au visage et 4 jours d’ITT pour le grand-père du bébé.

« Contrôle coercitif »

Le 29 février, la femme recontacte la gendarmerie pour savoir où en est le traitement de sa plainte, car elle reçoit des menaces. « Tout se sait, écrit-il à la mère de son enfant. Ne mets pas les autres en danger » : il parle de ceux avec qui elle pourrait potentiellement sortir. Flippant, non ?
La procureur parle de « contrôle coercitif ». L’homme allait jusqu’à déchirer les vêtements de sa femme lorsqu’ils ne lui convenaient pas. Suite aux menaces qui prolongent un climat hyper violent depuis 3 ans, la victime revoit le médecin qui fixe une ITT de 15 jours.

Danger

Tout ça pour dire que le prévenu s’en sortira très bien, en dépit de réquisitions claires sur la dangerosité de cette volonté dominatrice qui fait plier l’autre par l’usage de la force et l’affaiblit par les insultes dégradantes. « Ils ont un enfant en commun et ça donne à monsieur l’occasion d’être violent » dit madame Savary, substitut du procureur.

« Il n’a pas respecté son contrôle judiciaire »

Le prévenu arrive sur ces entrefaites. Il est 14h40, la présidente Noirot l’accueille fraichement. La procureur poursuit : « Il n’a pas respecté son contrôle judiciaire : pas de soins, n’a pas pointé, a manqué des convocations, arrive en retard aujourd’hui. Tout ça pour dire qu’il faut impérativement que monsieur se soigne et qu’un cadre lui soit imposé. »

« Elle en rajoute vu que j’ai eu la main leste avec elle »

On se dit que le contrôle judiciaire c’est déjà un cadre imposé, que le prévenu marmonne quelques mots pour contester – « Elle a rajouté des détails qui ne sont pas vrais » - ce qui n’augure rien de bon, qu’il a l’allure brouillonne (chichons et alcool), et l’on songe à ce qu’il a dit aux enquêteurs : pour lui, une femme se doit d’être « discrète » et « ne pas aimer se montrer », et puis « elle en rajoute vu que j’ai eu la main leste avec elle ».

« Il n’a que 21 ans » et « il n’a pas de casier »

Sur la peine, la procureur est claire également : « il n’a que 21 ans » et « il n’a pas de casier ». C’est donc une première condamnation. Elle requiert de la prison assortie d’un sursis probatoire et le retrait de l’exercice de l’autorité parentale sur l’enfant.

Sursis probatoire, 18 mois de prison révocables au cas où…

Le tribunal suit les réquisitions, dit le jeune homme coupable et le condamne à la peine de 18 mois de prison assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans. Obligations de soins, de suivre un stage de sensibilisation aux violences conjugales, d’indemniser la victime, de payer les droits fixes de procédure. Interdictions de contacts avec madame et son père ainsi que de paraître à leurs domiciles.
Retrait de l’exercice de l’autorité parentale. 
Amende contraventionnelle de 4e classe pour les coups portés au grand-père.

Il trouve que c’est trop ? Il a 10 jours pour faire appel. En attendant, toutes les mesures prennent effet immédiatement. Si la victime reçoit un message, un appel, ou pire une visite et si elle alerte les gendarmes, alors le condamné aura quelques soucis : 18 mois de prison sont révocables. Il faudrait que la peur change de camp, mais ce n'est pas gagné, c'est le sentiment que l'on retire de l'audience.

FSA