Bourgogne

6 % de la population de Bourgogne-Franche Comté habite en quartiers prioritaires

Par Source INSEE BFC Jean Dupin, Fabrice Loones

Publié le 20 Septembre 2024 à 09h36

6 % de la population de Bourgogne-Franche Comté habite en quartiers prioritaires

 À la suite de l’actualisation des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) au 1er janvier 2024, il y a désormais 62 QPV en Bourgogne-Franche-Comté. Leurs 159 000 habitants représentent près de 6 % de la population régionale. Cette nouvelle géographie augmente le nombre de quartiers dans le nord-est de la région et plus précisément dans les agglomérations de Montbéliard, Belfort et Besançon. La population totale des QPV croît ainsi de 11 %. Avec de grandes disparités entre les quartiers, ces territoires ont tous en commun des fragilités sociales et d’accès à l’emploi. Par ailleurs, la mobilité résidentielle dépend fortement des caractéristiques de leur parc de logement.

 62 quartiers de la politique de la ville au 1er janvier 2024

Apparue dans les années 1980, la politique de la ville a pour objectif de réduire les écarts de développement au sein des villes et d’améliorer les conditions de vie des habitants des quartiers défavorisés. Elle passe par l'identification des poches de pauvreté, appelés quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), dans les agglomérations d’au moins
10 000 habitants. Le contour de ces quartiers doit être régulièrement redéfini pour tenir compte de l'évolution socio-économique de ces territoires et des effets des politiques publiques, avec un recentrage sur des zones considérées comme les plus en difficulté.
Au 1er janvier 2024, une nouvelle géographie d'intervention est ainsi entrée en vigueur. En Bourgogne- Franche-Comté, 62 QPV sont ainsi définis dans 37 communes et 24 unités urbaines. Si tous les départements de la région comptent au moins un QPV, les départements les plus urbanisés sont ceux qui en comprennent le plus. Ainsi, 17 quartiers sont localisés dans le Doubs alors que le Jura et la Nièvre n’en comptent que
4 chacun. Si les unités urbaines de Montbéliard, Belfort, Dijon et Besançon en ont plusieurs, douze d’entre elles n’en comptent qu’un seul. Présentant moins de disparités de revenus, celles de Beaune, Morteau, Champagnole, Louhans ou de Delle n’en ont aucun.

 Près de 6 % des Bourguignons- Francs-Comtois résident en QPV

Au 1er janvier 2020, 159 000 habitants de la région résident dans un QPV, soit seulement 5,7 % des Bourguignons- Francs-Comtois. Cette part est plus faible qu’en France de province (6,8 %). Dans les agglomérations de Belfort, Joigny et Montbéliard, plus du quart des habitants réside dans un QPV, et même près du tiers à Saint-Claude.
À l’opposé, 8,2 % des habitants de celle de Montceau-les-Mines vit dans un quartier prioritaire.
À l'image de leurs agglomérations, les QPV de la région sont de plus petite taille qu’ailleurs en France. En effet, deux sur trois ont entre 1 000 et
2 000 habitants. Le QPV de Planoise à Besançon, le plus important de la région, atteint 15 600 habitants. À titre de comparaison, le QPV le plus peuplé de France de province est le quartier intercommunal Roubaix-Tourcoing- Blanc Seau-Croix Bas Saint Pierre- Wattrelos Nord dans le Nord, avec 77 250 habitants.

Des nouveaux quartiers prioritaires majoritairement dans le Doubs

Dans la précédente géographie prioritaire, la région comprenait 58 QPV. En France métropolitaine, le nombre augmente aussi, passant de 1 296 à
1 362. Afin de pouvoir suivre sur la durée le dispositif, certains QPV le sont restés, malgré une baisse de population de leurs agglomérations qui aurait pu les rendre inéligibles. Dans la région, 54 QPV de 2024 l’étaient déjà en 2015. Parmi eux,
2 quartiers de 2015 ont fusionné et
1 a été scindé en deux. 8 nouveaux quartiers intègrent la politique de la ville, dont 5 dans le seul département du Doubs. Certains nouveaux, comme le quartier Battant de Besançon, étaient néanmoins déjà identifiés en difficulté avant 2015. Enfin, 4 QPV de 2015 ne le sont plus désormais, dont 2 en Saône-et-Loire.

Au 1er janvier 2018, 143 400 personnes  résidaient dans les quartiers de la géographie prioritaire de 2015. Après l'actualisation du contour des QPV, ce sont près de 15 600 habitants supplémentaires qui en font partie 

 soit une hausse de 11 %. Cette augmentation de population est légèrement supérieure à celle constatée en France de province (+10,2 %). De ces nouveaux habitants, 11 000 proviennent des huit nouveaux quartiers, et 9 900 sont dus à l’extension du périmètre de QPV préexistants. Les nouveaux quartiers englobent désormais davantage les bâtiments publics et notamment les établissements scolaires du 1er et

2nd degré, pour se mettre en cohérence avec le futur zonage de l’éducation prioritaire. Les 4 QPV ayant disparu comptaient 3 800 habitants en 2018 et ceux ayant réduit leur périmètre en ont perdu 1 900. Avec 5 nouveaux QPV, le nombre de bénéficiaires de la politique de la ville dans le Doubs augmente de 20 %. Pour la Haute-Saône et la Côte- d’Or, la hausse du nombre d’habitants en QPV s’explique par l’extension des périmètres de leurs quartiers. La diminution du nombre d’habitants dans la Nièvre est due à la réduction des périmètres des QPV de Nevers.

Une concentration de population beaucoup plus fragile

Les quartiers prioritaires recouvrent par construction des territoires où la pauvreté monétaire est particulièrement intense et concentrée. Ainsi, le taux de pauvreté monétaire de l’ensemble des QPV est de 47 % contre 12,9 % pour l’ensemble des agglomérations contenant au moins un QPV. Il est toutefois très inégal d’un quartier à l’autre : au minimum, 32 % pour le QPV Le Grand-Longs-Traits-Berlioz à Pontarlier, et 61 % pour le quartier 

 Les Glacis du Château à Belfort. Les QPV des agglomérations de Joigny, Dole, Nevers, Mâcon, Luxeuil-les-Bains, Sens et Héricourt ont des taux de pauvreté supérieur à 50 %. La situation sociale des habitants de ces quartiers est donc beaucoup plus fragile que celle des habitants du reste de l’agglomération. Ainsi, les familles monoparentales et les familles nombreuses sont davantage présentes. Ces dernières vivent d’ailleurs plus souvent au sein de logements trop petits. Les parts d’étrangers et les parts d’immigrés y sont également bien supérieures.

Le taux de chômage est plus élevé dans ces quartiers. Tout comme leur taux d’emploi, le taux d’activité des femmes est aussi inférieur à celui de l’ensemble de l’agglomération. Enfin, la population y est en moyenne plus jeune, et entre 16 et 25 ans, moins scolarisée et plus fréquemment sans emploi.

La mobilité résidentielle varie de 7 % à 21 % selon les quartiers

La mobilité résidentielle est loin d’être négligeable dans les QPV. Qu’ils restent dans leur quartier ou qu’ils le quittent, 13,7 % des habitants des QPV de la région ont déménagé courant 2021. C'est un point de plus que l’ensemble des agglomérations, avec des différences importantes entre QPV. La mobilité résidentielle varie de 6,8 % pour Marbé à Mâcon, à 20,5 % pour le quartier Battant à Besançon. Les caractéristiques des parcs de logement expliquent ces écarts. La mobilité résidentielle est plus élevée pour les locataires du parc privé que pour les  locataires du parc social et surtout des propriétaires. Ainsi le quartier Battant comprend 50 % de logement du parc privé alors que celui de Marbé ne comprend que du HLM. Dans la région, au sein des habitants de QPV qui déménagent, les trois quarts quittent leur quartier. Parmi eux, près d’un tiers s’installent dans un autre QPV.

Des arrivants dans les quartiers prioritaires plus pauvres que les sortants

Parallèlement, des personnes viennent emménager dans les QPV. Les mobilités entrantes et sortantes contribuent au renouvellement socio- économique de ces territoires. Le taux de pauvreté 2021 des personnes arrivant dans un QPV de la région est nettement supérieur à celui des personnes qui en partent (50,2 % contre 37,9 %). Celles qui ne changent pas de quartier ont, quant à elles, un taux de pauvreté de 46,8 %. En lien avec cet écart de pauvreté, les familles monoparentales et les familles nombreuses sont davantage présentes dans les entrants que dans les sortants.

Jean Dupin, Fabrice Loones (Insee)