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Yves Duteil bientôt à Chalon : l’émotion et le rêve partiront à l’aventure…

Yves Duteil bientôt à Chalon : l’émotion et le rêve partiront à l’aventure…

Par les temps qui courent, rompre avec le moins bon pour s’abandonner à une douce joie ne serait pas du luxe. Avec son viatique « Chemin d’écriture » sous le bras, Yves Duteil s’en viendra à Chalon-sur-Saône pour faire le nécessaire, salle Marcel-Sembat, le samedi 19 octobre à 20h.Interview pour info-chalon.com

Vous avez plus de cinquante ans de carrière à votre actif. Qu’en retirez-vous ?

« D’abord une forme d’émerveillement, parce que c’est quand même assez extraordinaire et rare, de commencer avec sa guitare et son petit carnet à petits carreaux pour faire des chansons, et se retrouver cinquante ans plus tard avec toujours autant de passion et de liberté. Surtout avec encore un public. »

L’envie de créer et de vous produire sur scène est-elle identique à celle de vos débuts ?

« Oui, en fait on pourrait imaginer qu’il y ait une lassitude, une routine, mais pas du tout ! Je crois que c’est un peu l’inverse, parce que plus vous avancez dans une carrière, plus on attend quelque chose de vous. L’exigence est toujours là, et donc on doit être exigeant envers soi-même avant d’imaginer surprendre le public. Donc oui, c’est toujours la même passion, la même envie. »

Comment l’inspiration vous vient-elle ?

« C’est la vie elle-même qui vous inspire, c’est une source d’inspiration permanente, qui vous place sur le chemin d’événements, d’émotions, parce que les chansons parlent au cœur. Ce sont surtout des émotions. Que ce soient des chansons engagées, des chansons poétiques, il y a toujours une émotion au départ. L’inspiration c’est ça, c’est l’émotion de ce qui se passe sur l’écran de vos yeux. Vous assistez à des moments de tendresse, à des moments d’attentat, de guerre, de peur, à des craintes de maladie, à la perte d’êtres chers, à des événements comme la chute du mur de Berlin, ou la guerre au Moyen-Orient…Enfin nous sommes confrontés à des émotions en permanence, on vit au milieu de ces émotions qui nous submergent , donc c’est un puits sans fond, de sujets sans fond. »

Toutes vos chansons, tous vos albums, suscitent-ils la même émotion en vous ?

«Je dirai que c’est une évolution. En fait, je n’ai jamais essayé de refaire ce que j’avais déjà fait, donc j’ai un attachement particulier pour chacun de mes albums pour des raisons différentes. Je n’ai pas de préférence, j’ai du temps qui passe. Je n’ai pas l’habitude de me retourner pour regarder le chemin parcouru, j’ai plutôt envie de regarder dans le pare-brise ce qui nous attend, plutôt que dans le rétroviseur ce qui s’est déjà passé. »

Une chanson doit-elle, ou peut-elle, être plus qu’une chanson ?

« C’est une grande question, parce que la chanson c’est un espace de liberté. Ca peut être rien du tout, ou ça peut être très lourd. J’ai en tête l’exemple d’ »Une noix », de Charles Trenet. A l’intérieur d’une noix on arrive à faire une chanson avec ça. Ou avec «Les feuilles mortes qui se ramassent à la pelle », au départ vous ne pouvez pas dire que vous allez faire un succès mondial avec ça ! Pourtant il y a beaucoup d’émotion. Ou « J’ai la mémoire qui flanche ». Des chansons qui sont, à la surprise générale, des moments d’universalité. Et puis vous avez « Le déserteur », des chansons comme ça qui sont lourdes de sens, et qui traversent aussi le temps. Donc en fait une chanson ne doit pas être quelque chose, mais peut être tout ce qu’on veut, et ça peut être aussi lourd que léger. Ca peut aussi être profond que superficiel, il n’y a pas vraiment de règles. « Le lundi au soleil », on ne peut pas dire que ce soit un sujet de chanson passionnant, et pourtant ça fait un succès. »

Quelle est l’autodéfinition la plus appropriée vous concernant ?

« C’est à vous de le dire ! L’autodescription ce n’est pas une description, on ne peut pas se décrire soi-même, ou alors on se limite. C’est très réducteur d’essayer de se définir soi-même. Dans définir il y a finir. C’est permanent, ça continue. Je ne pourrai pas répondre à cette question, je n’ai pas d’autodéfinition de moi-même. »

Vu les conflits armés, les menaces, les incertitudes, les turpitudes, dans le monde entier, la poésie est-elle en mesure d’avoir des visées thérapeutiques ?

«Thérapeutiques n’est pas vraiment le mot, mais c’est l’ouverture de chemins différents. L’art est un chemin de mémoire. Je ne vous citerai qu’un exemple. Dans l’histoire de l’humanité vous avez les peintures qui décrivent les grands combats des armées des grands empires, la peinture pompier qui met en scène des généraux glorieux, et puis vous avez l’impressionnisme. L’impressionnisme a largement dépassé en popularité tout ce que l’art pompier a essayé de nous imposer : les violences, les guerres, le sang, la gloire…La poésie n’est pas une solution, c’est quelque chose qui met en évidence la nature profonde de l’humain. Cette nature profonde, c’est d’être dans le partage, la solidarité, l’harmonie, le respect, et c’est tout ce qu’aujourd’hui on ne voit pas. C’est tout ce que la société d’aujourd’hui nous offre de moins beau. Dans le respect il y a à la fois une demande, de l’aspiration et un manque. La réalité de la société actuelle est d’être violente, indifférente, de punir la différence, ce n’est pas dans notre nature. La poésie n’est pas une solution, elle arrive comme une aspiration au partage, à un modèle de vie, à une sorte de rêve, mais s’il n’y a personne pour rêver le monde de demain, il ressemblera à ce que l’on observe aujourd’hui de pire. L’art n’est pas une thérapie, c’est une nécessité. »

Magnifique cadeau que ce « Chemin d’écriture » pour vos fans. S’agit-il de la Bible à l’adresse des Duteillophiles ?

«Pas du tout, ah non, je n’ai pas cette prétention. Je n’aurais jamais cette prétention d’être ni un maître à penser, ni un gourou. Une Bible, ça laisse supposer qu’il y en a un qui a raison, et qu’il impose sa vérité à tout le monde. Pour un humain, c’est un peu lourd (rires) ! C’est simplement une transmission, car un jour je ne serai plus là pour transmettre mes chansons. Donc il y aura tous les textes dans le livre « Chemin d’écriture » avec des explications de ma part, du pourquoi ou du comment de telle ou telle chanson, de telle ou telle époque d’écriture, de tel moment ou de tel album. Et puis il y aura tous les enregistrements les plus intéressants qu’on a pu retrouver  dans nos disques durs, dans nos ordinateurs, dans les studios, dans les salles de spectacle, dans les chansons des autres que j’ai aimées. C’est un parcours. On a fait un exercice cet été qui consiste à revisiter toutes les partitions de mes chansons pour pouvoir les offrir en partage à tous ceux qui veulent chanter ou jouer mes chansons exactement comme je les joue à la guitare ou au piano. Ca a été un travail énorme, puisque l’on a revisité plus de cent quatre-vingts partitions, vraiment pour le plaisir de la transmission. »

A Chalon-sur-Saône le 19 octobre, la nuit sera-t-elle plus lumineuse ?

«C’est un concert acoustique, où il y aura des chansons à retrouver, et des chansons à découvrir, parce que je pense que le public ne connait pas toutes mes dernières chansons aussi bien que les anciennes. Donc il y a vraiment de tout, ça s’étale sur l’ensemble de ma carrière, et le spectacle sera effectivement avec de belles lumières, durant lequel je serai en alternance au piano et à la guitare, avec un violoncelle, une basse, et un percussionniste. C’est un concert vraiment très élaboré musicalement, mais qui reste dominé par l’émotion. Alors, si vous parlez de lumineux et de lumières, oui on va essayer d’offrir un peu de lumière dans ce monde, comme une parenthèse. Une parenthèse qui n’est pas une illusion. C’est un rêve, et ma phrase favorite, c’est : «Il faut rêver le monde plus beau qu’il n’est, pour qu’il le devienne. » 

Toutes les places ne sont pas prises

Prix à l’unité : 39,00 euros. Places assises, placement libre. Lieux de location habituels. Renseignements auprès d’A Chalon Spectacles ( [email protected]  , ou au 03 85 46 65 89).  

 

Crédit photo : DR                                                                               Propos recueillis par Michel Poiriault

                                                                                                              [email protected]