Bourgogne
Interview de Valérie PERRIN qui dédicace « Tata » à la SPA de Gueugnon
Par Nathalie DUNAND
Publié le 25 Septembre 2024 à 19h31 , mise à jour le 28 Septembre 2024 à 10h13
En bonne marraine du refuge animalier, la romancière rencontrera ses lecteurs bourguignons de 11 h à 17 h ce samedi. “Tata” sera en vente sur place par la librairie indépendante Les Mille Pages de Paray-le-Monial.
Depuis la sortie de Tata, son quatrième roman, Valérie est prise – avec bonheur – dans le tourbillon de la promo.
Ce mardi 24 septembre, elle nous accorde malgré tout quelques précieuses minutes : « Ça se passe merveilleusement bien, c’est un démarrage de ouf ! », s’enthousiasme-t-elle depuis le taxi qui la ramène des plateaux de Bonjour ! La Matinale de Bruce Toussaint à 9 h 15 et William à midi sur C8.
Une générosité qui ne nous étonne guère de la part de cette romancière-là, fidèle à sa Bourgogne, fidèle à ses chers lecteurs, fidèle à la fidélité même.
Tu as dit, à propos de Tata : « C’est mon livre le plus ambitieux, celui pour lequel j’ai pris le plus de risques ». De quels risques parles-tu ?
Valérie Perrin : On n’écrit pas un premier roman comme le quatrième : on est fort de son expérience, de son vécu en tant qu’auteur. Quand tu sais que tu es attendue par tes lecteurs, que tes lecteurs t’aiment et ont confiance en toi, à ton tour, tu te dis : je vais donner le meilleur de moi et tu te sens plus libre encore.
Tata m’a demandé deux ans et demi d’enquête et d’écriture. C’est le plus documenté de mes romans, à tous les niveaux : le foot, la musique… Par exemple la narratrice est fille de musiciens. J’ai parlé avec un pianiste, une violoniste pour être au plus près des choses.
Or, je savais que tout reposait sur la fin et que, si je n’étais pas satisfaite, je n’enverrais pas mon livre à l’éditeur. Quand je me lance dans l’écriture, je connais la fin, mais tant que tu ne l’as pas écrite, tu ne peux pas être sûre de toi. J’écris au fur et à mesure, j’ai besoin d’être chargée de tout ce que j’apporte, je ne peux pas écrire la fin et revenir en arrière. Finalement, je l’ai fini dans ma maison en Bourgogne et j’ai senti que j’étais heureuse en mettant le point final.
Tata semble être le plus personnel de tes romans, non ? Déjà parce que Gueugnon, où tu as grandi, y est un personnage à part entière…
Valérie Perrin : C’est vrai que les Gueugnonnais qui le liront ont tous les codes ! Ils reconnaîtront le quartier bas, la rue Pasteur, le château du Breuil, l’église où le personnage de Pierre, enfant, joue de l’orgue, ou la cordonnerie de Colette, que j’ai située à l’emplacement de mon école, rue Pasteur. Une cordonnerie a vraiment existé, non loin, elle est fermée. Et surtout la vie en communauté au stade quand le FCG disputait des matchs. Même si on ne s’intéressait pas au foot, on s’y retrouvait, on mangeait des cacahuètes, des sandwichs, c’était une grande fête.
Tata est extrêmement personnel aussi sans que je m’en rendre compte. On met de soi dans certains personnages, de différentes manières et sans le savoir vraiment. Des proches m’ont dit que Justine dans Les oubliés du dimanche, les adolescents de Trois, Violette de Changer l’eau des fleurs portaient une part de moi. C’est sans doute vrai.
On retrouve toujours dans tes romans cet art de rendre l’ordinaire exceptionnel à travers des personnages lumineux derrière leur simplicité apparente. C’est le cas dans Tata. Mais les personnages sombres ont une épaisseur troublante aussi…
Valérie Perrin : Oui, il y a toujours cette part de lumière et d’ombre. Les personnages de l’ombre ont aussi une existence. Dans Trois, il y a déjà le portrait du mari de Nina… Pour Tata, si tu fais allusion à Charpie, oui, il a vraiment existé, il est décédé. J’ai changé son identité. C’était un prédateur qui s’en prenait aux jeunes garçons. J’ai parlé à certaines de ses victimes. Le plus troublant, c’est que, parmi mes lecteurs, l’une d’elles l’a reconnu et m’a envoyé un message en privé. Ça m’a bouleversée. Je voulais parler de Charpie à travers un personnage, Lyès, d’une beauté absolue.
On n’en dira pas plus sur Tata, tu as peu de temps, et les lecteurs pourront se reporter à l’article paru dans Info-chalon. Changer l’eau des fleurs, ton deuxième roman, a été mis en scène au théâtre par Salomé Lelouch et Mikaël Chirinian. Où en est l’adaptation sur grand écran ?
Valérie Perrin : Jean-Pierre Jeunet [réalisateur du Fabuleux destin d’Amélie Poulain, Un long dimanche de fiançailles, NDRL] a fini l’adaptation. En 2025 il sera en préparation de tournage. Et pour incarner Violette, il a rencontré une actrice qu’il a beaucoup aimée.
Le choix des acteurs se fait avec ton accord ?
Valérie Perrin : Avec Jean-Pierre, ça fait des années qu’on discute librement. Il me propose parfois des noms. On se parle franchement. Mais je crois fondamental que le réalisateur aime ses comédiens pour les filmer. Comme la narratrice de Tata, Agnès, avec Pierre, son acteur de mari.
Samedi, tu vas retrouver tes lecteurs pour une séance de dédicace. Comment ça se passe après 3 ans de travail de ton côté et d’attente fébrile du leur ?
Valérie Perrin : Samedi, oui, de 11 h à 17 h au refuge ADPA de Gueugnon. J’ai déjà rencontré des lecteurs de Tata à Nancy, à Paris… C’est toujours un choc. Heureux ! Exactement comme un rendez-vous amoureux, en fait. C’est fou ce que me renvoient mes lecteurs : mes livres ne sont pas des romans, ce sont des gens qu’ils rencontrent. C’est sans doute pour ça que mes rapports avec mes lecteurs sont fusionnels. Finalement, je n’écris que pour eux et eux sont fidèles.
Une dernière chose ?
Valérie Perrin : Oui, j’aimerais préciser que cette rencontre au refuge se fait en association avec une librairie indépendante de Paray-le-Monial, Les Mille Pages. Des exemplaires de Tata seront en vente sur place et une tombola est organisée dont les bénéfices seront intégralement versés au refuge ADPA, pour le bien-être animal. Il y aura 10 livres à gagner, que je dédicacerai avec grand plaisir !
Propos recueillis par Nathalie DUNAND
Dédicace samedi 28 septembre 2024
Lieu : Refuge animalier Annie-Claude Miniau/ADPA
Adresse : La Terre des Mottes, 71130 Gueugnon
Valérie PERRIN, Tata (2024, Albin Michel)
En vente sur place par la librairie Les Mille Pages à Paray-le-Monial
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