Chalon sur Saône

Journée nationale d'hommage aux Harkis à Chalon-sur-Saône : «Cette histoire qui a commencé par un engagement, au service d'un pays dont ils espéraient tant, et qui s'est poursuivi par un abandon…»

Par Karim BOUAKLINE-VENEGAS AL GHARNATI

Publié le 26 Septembre 2024 à 14h30

Journée nationale d'hommage aux Harkis à Chalon-sur-Saône : «Cette histoire qui a commencé par un engagement, au service d'un pays dont ils espéraient tant, et qui s'est poursuivi par un abandon…»

Mercredi 25 septembre, une cérémonie a eu lieu devant le monument aux Morts dans le cadre de la Journée nationale d'hommage aux Harkis et autres membres des formations supplétives. Plus de détails avec Info Chalon.

Comme cela fut le cas un peu partout en France ce mercredi 25 septembre 2024, une cérémonie s'est déroulée au monument aux Morts sur l'Esplanade de la Légion d'Honneur à Chalon-sur-Saône, dans le cadre de la Journée nationale d'hommage aux Harkis, aux moghaznis et aux personnels des diverses formations supplétives et assimilés du fait de leur engagement au service de la France lors de la Guerre d'Algérie, entre 1954 et 1962. 

Depuis sa création en 2003, cette commémoration donne lieu chaque année à l'organisation d'une cérémonie à Paris et dans chaque département de l'Hexagone.

En 1954, tandis que des Algériens allaient rejoindre le Front de libération national (FLN) afin de se battre pour l'indépendance de leur pays, d'autres autochtones faisaient le choix de la France et rejoignaient l'armée française. Ces derniers, pour la majorité des civils armés par la France, avaient pour missions d'assurer la sécurité de points stratégiques, de villages ou de zones parfois plus étendues mais aussi de participer à des opérations militaires aux côtés de l'armée française, à l'instar du Commando Georges.

La fin du conflit se traduisit, pour les Pieds noirs comme pour les anciens supplétifs – ceux que l'on a pris l'habitude de désigner communément sous le nom de Harkis – par le déchirement, la fuite, l'exil, ou encore l'horreur pour ceux restés au pays, jugés traîtres à leur pays.

Selon un rapport des Nations unies (ONU), on comptait en 1962, 263 000 Harkis en Algérie (soldats, fonctionnaires, membres d'unités auxiliaires ou policières, etc.). Plusieurs étaient des vétérans des Forces Françaises Libres (FFL) qui ont libéré la France en 1944 et servi en Indochine. Avec leurs familles, ils représentaient près d'un million de personnes.

Après l'indépendance, en 1962, un grand nombre d'entre eux tentèrent de gagner la France, mais les autorités françaises mettent fin rapidement au processus. Seulement entre 10 000 et 20 000 harkis, célibataires et encore membres des forces régulières françaises, sont autorisés à s'embarquer. Les autres sont informés qu'en cas de tentative, ils seront retournés en Algérie. En dépit de cela, plusieurs dizaines de milliers de Harkis se seraient rendus en France. Dans le cadre des accords d'Évian, le FLN s'était engagé à ne pas exercer de représailles ou de discrimination. Mais la répression débute le 5 juillet à Oran avec 1500 morts. Des Harkis, ainsi que des Européens toujours en Algérie, sont victimes d'un déferlement de violence. Respectant les ordres de Paris, les soldats français encore dans la ville n'interviennent pas. La police algérienne non plus. Les Harkis étant considérés comme des traîtres, la colère populaire est impitoyable.

62 ans après ces tragiques événements, le nombre des victimes oscille toujours — selon les sources et les travaux — entre 50 000 et 150 000 pour l'ensemble du territoire algérien…

Ceux qui ont quitté pour la France connaissent pour leur part une intégration difficile. 

La cérémonie a eu lieu en présence d'Olivier Tainturier, le sous-préfet de l'arrondissement de Chalon-sur-Saône, Arnaud Sanvert, le député de la 5ème circonscription de Saône-et-Loire, Gilles Platret, le maire de Chalon-sur-Saône, Jean-Vianney Guigue, le vice-président du Conseil départemental représentant André Accary, le président du Conseil départemental de Saône-et-Loire, et le lieutenant-colonel Jérôme Hardy, représentant l'ingénieur en chef de 1ère classe Teddy Biri, le commandan de la Base Pétrolière Interarmées et commandant de la place de Chalon-sur-Saône.

Quant aux porte-drapeaux, ils étaient coordonnés par Marcel Landré, vice-président de l'Union Nationale des Parachutistes (UNP) — section 712 Guy de Combaud-Roquebrune —.

«Les Harkis sont unis à notre Nation par une histoire, une mémoire et un destin», a rappelé le sous-préfet, en lisant le message adressé par le ministre des Armées et Anciens combattants Sébastien Lecornu

Lors de son intervention, le représentant de l'État est revenu sur «cette histoire qui a commencé par un engagement, au service d'un pays dont ils espéraient tant, et qui s'est poursuivi par un abandon…»

Que dire aussi sur les conditions d'accueil des Harkis par la suite, «qui ne furent dignes ni de l'histoire et des valeurs de la France, ni de la bravoure de ces soldats qui avaient combattu pour nos couleurs…» Aujourd’hui, «la Nation n'oublie rien de ces drames du passé. Elle a été capable de leur demander pardon et de leur reconnaître un droit à la réparation».

À l'issue de cette lecture du message ministériel, des gerbes commémoratives ont été respectivement déposées par le major Régis Poiraud et Claude Péran pour les associations patriotiques et par les élus présents pour les autorités.

Le cortège des portes-drapeaux ayant quitté l'esplanade, les personnes présentes étaient invitées à se rendre au salon d'honneur de la mairie pour le verre de l'amitié.

 

Karim Bouakline-Venegas Al Gharnati