Culture

« La valse des pingouins » mènera la danse le 20 octobre à Chalon

« La valse des pingouins » mènera la danse le 20 octobre à Chalon

Rien que le savoureux titre prête à sourire ! Il laisse bien augurer de la suite qui, de toute évidence, évitera au public de rester de glace…Interview du fin stratège Patrick Haudecoeur, auteur de la pièce et comédien.

On n’est pas –encore- à guichets fermés…

Les Théâtrales 2024-2025 de Chalon-sur-Saône, portées par PLO (Pascal Legros Organisation), reviendront aux affaires dans leur fief de l’Espace des Arts, pas plus tard que le dimanche 20 octobre à 16h30, sous la forme de l’allègre « La valse des pingouins ». Il est encore possible de réserver sa place, les tarifs allant de 39,00 à 69,00 euros. Soit :

-en ligne (les-theatrales.com)

-par téléphone (Fanny Liziard au 03 85 46 65 89, ou Layra Rodrigues au 01 53 20 00 60)

-sur place : prendre rendez-vous avant auprès de Fanny (03 85 46 65 89, ou [email protected] ); autre solution : au Parc des Expositions (1 rue d’Amsterdam à Chalon) du lundi au vendredi de 9h à 12h, et de 14h à 17h. Fermeture le week-end.

Oscille-t-on entre comédie, opérette et comédie musicale ?

«Pas vraiment. En tout cas pas l’opérette, ni la comédie. On est dans du théâtre musical, je ne sais pas si ça parle beaucoup, ça ne se fait plus trop d’ailleurs, c’était ce que faisaient à une grande époque Les Branquignols. C’est une pièce, on met de la musique dedans, même Labiche faisait cela. Ca permet d’avoir de petites bulles, d’entendre des airs connus des années 50 et pas que des créations. Ca donne une sorte de petite madeleine de Proust, ça nous ramène dans ces années-là. Quand je dis que ce n’est pas de l’opérette, c’est parce qu’il n’y a pas que ça, il y a un ou deux airs, et ce n’est pas de la comédie musicale, car ce sont des comédiens qui chantent ; ce ne sont pas vraiment des chanteurs que l’on peut trouver dans les comédies musicales. »

Est-ce l’originalité profonde de la pièce ?

« On est quand même neuf, plus trois musiciens, ce n’est pas rien, et ça amène vraiment de la fantaisie. Et avant il y avait énormément de femmes. J’ai revu une pièce il y a peu de temps, deJean Anouilh, la metteuse en scène avait remis de la musique dessus, ça se faisait pas mal à une époque. J’aime bien, c’est gai, les gens chantent avec nous, ils reconnaissent les airs… »

Et pourtant le postulat de départ, un chef d’entreprise qui entreprend la sauvegarde de son usine, ce n’était pas gagné d’avance sur le papier ?

« Non, pas vraiment sur le papier. Et puis même, à raconter comme ça… C’est un industriel qui organise une soirée pour séduire le comte de la Garandière pour lui proposer d’investir dans un tout nouveau modèle de bottes, les Badas. Ce sont des bottes à déchaussage automatique, donc ce n’est pas vraiment une situation profonde ! C’est un modèle de botte qui a été créé par mon personnage, autant dire que la démonstration et la soirée ne vont pas se passer comme prévu… »

Le public vous suit-il à la trace ?

« On a fait la première hier (interview réalisée le lundi 7 octobre NDLR). C’est une reprise, on avait joué la pièce il ya dix-sept ans, alors bien sûr ça fait un peu loin, mais pour nous c’était quand même une première. Ce qui est fou, c’est que les gens, dès la première réplique, pof, ça y est, c’est parti ! Je ne sais pas ce qui donne ça : peut-être les personnages d’un seul coup, l’ambiance…Ca accroche tout de suite. »

Pourquoi « La valse des pingouins », à laquelle vous avez donné vie en 2007, revient-elle actuellement sur le devant de la scène ?

« En fait, ce n’était pas moi qui avais fait la mise en scène, j’avais d’autres choses à remettre dedans au niveau de l’écriture, et à retirer. Là ça fait une heure et demie, j’avais envie de la remanier. Et puis elle n’a jamais été captée, alors je me suis dit que si ça faisait la blague et que d’un seul coup je trouvais un producteur qui veuille éventuellement investir là-dedans, ça serait bien. J’apprécie que les pièces soient captées, ça fait un beau témoignage. J’aurais bien voulu par exemple que « La cage aux folle » soit captée, ou « Oscar »…Aujourd’hui ça se fait assez facilement. Alors voilà, je me suis dit que c’était le moment ou jamais de le faire. »

Avez-vous une méthode imparable pour faire rire ?

« Si j’avais une méthode, j’écrirais plusieurs pièces, beaucoup plus ! Non, il n’y a pas de méthode, je pourrais dire que je ne me prends pas au sérieux, déjà. Ca c’est important, et en même temps, pour moi, ramener le rire est quelque chose de très précis. C’est presque au niveau du musical. Et bien sûr, tout ça en amenant la sincérité. Quand on est dans une histoire comme là où il n’y a pas grand-chose, on est quand même dans le burlesque, ça va quand même assez loin dans la pièce, je ne vous raconte pas tout. Ce n’est pas la peine de surjouer tout ça, ce que je demande aux comédiens, c’et d’être dans la plus grande sincérité. C’est comme lorsque l’on mange un petit salé, et que l’on rajoute du sel. Là c’est pareil. Déjà, il y a de la folie ; plus on jouera sincèrement, et plus la folie passera. D’ailleurs, on commence doucement à tirer le public, on ne peut pas emmener tout de suite les gens dans la folie. »   

Qu’est-ce qui est le plus jouissif pour vous : écrire, ou jouer la comédie ?

«Maintenant j’écris beaucoup avec Gérald Sibleyras, ça permet de s’entraîner tous les deux. Il y a moins d’angoisse au sujet de la page blanche, c’est plutôt bien, mais c’est vrai que si je n’avais que ça, la scène me manquerait. Parce que le fait de jouer, en plus de jouer ses propres textes, de se dire : est-ce que ça va marcher, est-ce que ce que j’ai imaginé va correspondre, le défendre…J’ai envie de vous répondre les deux. Ce sont deux sentiments différents. »

A l’instar d’autres artistes, le théâtre supplante-t-il pour vous le cinéma, de par le contact direct instauré ?

« Le supplanter, je ne pense pas. En revanche, on ne pourra jamais s’en passer, c’est ça qui est extraordinaire, parce que si l’on avait pu se passer du théâtre, si d’un seul coup le cinéma, la télévision ou internet avaient fait disparaître le théâtre, ça serait fait depuis longtemps. C’est vraiment autre chose, les gens en ont besoin. Quand le cinéma est arrivé ça n’a pas empêché les gens d’aller au théâtre, quand le disque est arrivé ça n’a pas empêché les gens d’aller au concert, etc. Donc je pense vraiment que c’est un plus, je me suis rendu compte qu’heureusement ça ne disparaîtra jamais. Même si on met des hologrammes, ça ne remplacera jamais le spectacle vivant, ce n’est pas possible. »

Auriez-vous aimé pratiquer le théâtre d’antan ?

«Pas plus que ça, non, les classiques, ça ne me manque pas. Ce que j’aurais bien aimé, c’est donner la réplique à certains comédiens, du genre Michel Serrault, Jacques Villeret,…J’ai eu la chance d’avoir Jean-Claude Brialy, Jean-Laurent Cochet…Une petite frustration, car si j’étais né un peu plus tôt, j’aurais été un peu plus vite dans le métier, j’aurais pu donner la réplique à ces gens-là. »

Etes-vous également inspiré par la tragédie ?

« Non, mais curieusement je suis très inspiré par la musique romantique. Quand j’écris par exemple, ça m’arrive de mettre du Chopin, ou du Rachmaninoff…Il faut que je trouve un sentiment de romantisme, parce que le rire de mon personnage, le clown de mon personnage vient de ses malheurs. D’ailleurs beaucoup de rires viennent, à la base, du malheur d’un autre, le premier étant quand on glisse sur une peau de banane ça fait rire, quand on reçoit une tarte à la crème…J’essaie de me remettre dans cette intention-là, dans ce sentiment-là quand j’écoute, mais ce n’est pas forcément au niveau théâtral, ça va être plus au niveau musical. Au contraire, quand j’écris j’évite de regarder des pièces, d’aller au théâtre, de regarder des films, parce que ça peut parasiter, polluer, à ce moment-là.»

Avez-vous des projets en cours ?

« Le seul projet qui est en cours, et bien en cours, c’est la dernière pièce en date qui a été écrite avec Gérald Sibleyras, qui s’appelle « Mon jour de chance ». Elle est actuellement au Théâtre Fontaine. Ca a commencé il y a à peine trois semaines, ça démarre très, très fort avec Guillaume de Tonquédec. Et puis on s’est remis sur un autre projet, mais on est aux balbutiements. »

 

Crédit photo : Bernard Richebé pour le portrait de Patrick Haudecoeur

                                                                                   Propos recueillis par Michel Poiriault

                                                                                   [email protected]