David Castello-Lopes en chair et en os à Chalon le 3 décembre, mais aussi et surtout en chaire…

David Castello-Lopes en chair et en os à Chalon le 3 décembre, mais aussi et surtout en chaire…

L’humoriste en question est en tournée dans toute la France, et Chalon-sur-Saône sera ville-étape le mardi 3 décembre à 20h, salle Marcel-Sembat. Si ce n’est déjà fait, Il reste des places (37,00 euros l’unité, lieux de vente habituels) pour prendre part à cette soirée placée sous le signe de la bonne foi. Interview pour info-chalon.com

Auteur, réalisateur, compositeur, chroniqueur, ex-chef du service vidéo en faveur du journal Le Monde, descriptif non exhaustif, David Castello-Lopes a de quoi fourbir ses armes afin de donner une assise certaine à son argumentaire, risibilité à portée de voix. L’élan populaire a quant à lui pris naissance grâce à ses sketches et ses chroniques, sous l’égide de Canal +, Arte, Europe 1, RTS. Et les réseaux sociaux de manifester abondamment leur degré de contentement…A noter par ailleurs la sortie en librairie de son livre «Les Origines », publié aux éditions Denoël.

Comment est reçu « Authentique », votre premier spectacle?

« Il y a différentes façons de répondre à cette question. On peut se demander ceci : est-ce que la presse est bonne, est-ce qu’il y a plein de gens qui viennent, est-ce que ces gens-là aiment bien ? Je pense que la réponse à ces trois questions, c’est plutôt oui. Je crois qu’il y a un peu plus de cent mille personnes qui ont acheté des billets. Généralement, les retours que j’ai, parce que je vais voir la plupart du temps les gens à la fin du spectacle, c’est qu’ils ont bien aimé. Alors après c’est un tout petit peu biaisé, car évidemment les gens qui restent à la fin sont des gens qui m’aiment déjà bien. Donc ceux qui me détestent sont partis, c’est possible. D’autre part les articles qui ont été écrits dans les journaux ont plutôt été bons. »

Qu’est-ce qu’on y trouve ?

« C’est un one-man-show d’humour. Il y a un mélange de stand-up un peu classique où je fais des blagues courtes. Mais le dispositif est un peu différent d’un spectacle d’humour classique, dans le sens où il y a un énorme écran derrière moi, je joue de la musique aussi sur scène, et je danse un petit peu. Donc c’est un mélange sur la forme, et sur le fond par rapport à un spectacle classique il y a également peut-être une petite différence, c’est-à-dire qu’il y a un thème central avec une démonstration du début à la fin. Ce thème c’est l’authenticité, c’est pour ça que le spectacle s’appelle « Authentique ». Je passe en revue un petit peu ce qu’est l’authenticité chez les êtres humains, parce qu’il n’y a que pour les êtres humains que se pose vraiment  la question de l’authenticité, car il n’y a que nous qui avons conscience de nous-mêmes. On ne se demande jamais si un saumon est sincère, ou si une loutre n’est pas en train de nous la faire à l’envers. »

Etes-vous surpris par l’accueil qui vous est réservé à droite et à gauche ?

« Quand on crée quelque chose de personnel et qu’on le donne à voir au public, on espère toujours d’une certaine façon que le plus de gens possible l’aiment bien. Donc si on est prêt à mettre la chose devant le monde, c’est qu’on est un tout petit peu content de soi, on est un peu fier, sinon on ne le fait pas. J’étais assez content de ce que j’avais fait, et donc c’était une espérance. Après, dire qu’on s’y attend, on ne s’y attend jamais, mais on l’espère. Et de ce point de vue-là je suis content, parce que c’est ce que j’espérais. »

Caressiez-vous le rêve d’être humoriste ?

« Assez peu en fait. Ca fait quand même dix ans que je fais des vidéos où il y a des blagues. Je suis déjà considéré comme un type qui fait des blagues, mais on me considérait rarement comme humoriste, parce que je suis journaliste au départ. Le truc, c’est que dans mes sujets, dans la façon que j’ai de faire du journalisme, eh bien j’ai mis des blagues et des chansons depuis déjà très longtemps. Mais le fait d’être humoriste dans la tête des gens c’est plutôt vraiment de monter sur scène. Pendant longtemps c’était quelque chose que j’avais dans un coin de ma tête, mais loin. Je n’avais juste pas le courage, ça me paraissait impensable de monter sur scène pour faire des blagues, et petit à petit, mais très lentement…Et finalement, sur une période de vraiment plusieurs années, quatre ans, eh bien j’ai trouvé le courage de faire un vrai spectacle, et de le faire comme j’avais envie de le faire, avec, disons, un dispositif un peu compliqué, qui ne soit pas complètement classique. Il y a un écran, une conception lumière avec les jeux qui s’y rapportent, c’est un peu grandiloquent d’une certaine façon dans la forme par rapport à du stand-up classique, où c’est quelqu’un qui parle au milieu de la scène. Donc je ne peux pas dire que c’était un rêve ni un truc auquel je m’attendais complètement. Ca a été extrêmement progressif et tardif aussi, j’ai 43 ans. »

Quelles sont vos cibles, et y a-t-il des catégories de personnes qui succombent plus facilement ?

« Quand on fait des choses, on espère toujours que le plus de gens possible vont pouvoir trouver ça bien, mais je ne pense pas avoir vraiment des cibles. Ce qu’il se passe en revanche, c’est que je remarque, c’est facile à voir sur les réseaux sociaux, que les gens qui me suivent ont entre 18 et 40 ans. C’est plutôt le cœur des gens qui viennent me voir. »

Vos chansons sont-elles le moteur de votre spectacle, ou un élément parmi d’autres ?

« Je ne joue vraiment qu’une chanson sur scène, qui est vraiment partie intégrante du moment en question. Je chante l’hymne portugais et ensuite je le décortique, je dis pourquoi il est de mauvaise foi. Autrement, je joue de la guitare.»

La mécanique du rire a-t-elle encore des secrets pour vous ?

« Bien sûr, ce serait dur de dire que l’on a tout compris à ce qui faisait rire les gens. Parfois on pense que quelque chose va marcher, et en fait ça ne marche pas. On pensait que ça marchait, donc c’est bien qu’on n’avait pas toute cette mécanique du rire. Je pense que personne n’en saisit jamais tout. »

Vous êtes sur France Inter chaque mardi à 8h50. En l’absence de public, et donc de contact direct, la frustration est-elle de mise ?

« J’ai beaucoup plus fait ça dans ma vie que de faire du spectacle. J’ai fait 600 chroniques sur Europe 1, par ailleurs je fais des vidéos où je ne sais même pas si j’ai un public. Je fais mon travail à l’avance et je l’envoie, donc je n’ai même pas les gens devant moi. Là, c’est plutôt plus de public que ce à quoi je suis habitué. Pas dans le spectacle bien sûr, mais dans l’ensemble de ma carrière, c’est beaucoup plus habituel de faire ça que de monter sur scène. Non, il n’y a pas de frustration.»  

L’espionnage industriel existe-t-il chez les humoristes ?

«C’est beaucoup moins facile qu’avant, parce que tout est mis sur internet, donc c’est très, très facile de voir si quelqu’un a copié quelque chose d’autre. Je pense que les humoristes se regardent, ils ont eu tendance à une époque à se copier énormément, maintenant un peu moins. On a vu à quoi ça menait, toutes les affaires de copies comiques c’est parce qu’Internet est arrivé. Après on peut s’inspirer, mais il n’y a pas de mal, tout le monde s’inspire de tout le monde. C’est la copie qui existe moins, car elle est beaucoup plus visible.»

 

Crédit photo : Thomas O’ Brien                                                 Propos recueillis par Michel Poiriault

                                                                                                        [email protected]