Culture

Ces « Chers parents » brusquement fortunés, coincés par la transmission…

Ces « Chers parents » brusquement fortunés, coincés par la transmission…

Nec plus ultra en tout état de cause, l’argent, s’il est censé ne pas faire le bonheur, y contribue néanmoins largement, lapalissade ! C’est le message –tout sauf subliminal- qui a été passé ce dimanche 24 novembre à l’Espace des Arts de Chalon-sur-Saône, à la faveur du second volet des Théâtrales 2024-2025.

C’est bizarre comme des choses acquises peuvent subitement ne plus l’être…

Armelle et Emmanuel Patron, sœur et donc frère, les auteurs de la comédie fructueuse « Chers parents », ont uni leurs forces et concentré leur pouvoir psychique sur un élément au caractère fondamental : la famille de bon aloi, avec ce qu’elle charrie comme faits et gestes, grandeur d’âme, coups bas. Grand bien leur a fait d’avoir eu le nez creux, car on a massivement et très régulièrement ri dans les travées chalonnaises en matinée, et même sans doute jaune, tant la ressemblance avec les us et coutumes de la cellule familiale traditionnelle était frappante…La dualité fratrie-ascendants directs a généré en son sein des relations en dents de scie en fonction des thèses nobles et généreuses, ébranlées par des non-dits lourds de signification, des idées fumeuses ou brumeuses, ainsi que et des réactions à l’emporte-pièce

. Si l’on tient compte en plus des sentiments périssables car allant à l’encontre des desiderata de chacun(e)...L’amour filial  va bien évidemment de soi de prime abord, mais il a des limites à ne pas franchir quand il dessert les intérêts de la sœur et des deux frères en proie à des questionnements intéressés. Et quelle foire d’empoigne, au point de s’étriper, de perdre la raison, lorsque Louise, Pierre et Jules, finissent par apprendre que leurs géniteurs ont gagné une somme phénoménale au loto, balayant les certitudes des valeurs morales les plus ancrées. Ces derniers, qui ont révélé vouloir concrétiser la construction d’un orphelinat au Cambodge, et de vivre définitivement sur place, se seront attiré les foudres de leur progéniture en semant la zizanie, car les libéralités dévolues à celle-ci n’a qu’un très lointain rapport avec le gain tombé dans l’escarcelle des heureux élus… »

Aimer, ce n’est pas forcément faire plaisir », a péremptoirement proclamé la maman. De quelle nature doivent être les interactions, la transmission de l’héritage, quels espoirs pour les futurs bénéficiaires ? Vaste et épineuse interrogation, laquelle comporte tellement de chaînons perturbants et évolutifs se nourrissant les uns les autres depuis la nuit des temps…que la porte restera ouverte à tout jamais…Après avoir bu tout son soûl, le public a, par la station debout prolongée, rendu un hommage vibrant à ces comédiens-comédiennes convaincants, même s’il n’y avait pas parmi eux de tête d’affiche.

 

                                                                                                      Michel Poiriault

                                                                                                     [email protected]