Faits divers

TRIBUNAL DE CHALON - Dans la nuit du 29 novembre, la police municipale est intervenue

TRIBUNAL DE CHALON - Dans la nuit du 29 novembre, la police municipale est intervenue

31 condamnations à son casier, en état de récidive légale et il était en probation

 « Moi j’ai une femme. Je ne suis pas homophobe, ni homosexuel. Jamais. Monsieur m’a fait des avances, j’ai dit que c’était (voix forte) un PD ! … et c’est là qu’il m’a mis un verre en plein visage » dit le prévenu.

A l’audience des comparutions immédiates, ce lundi 2 décembre, la victime, soit l’homme dont il est dit qu’il aurait « fait des avances », répond à cela que « sa version me fait légèrement rire » et explique : « L’autre soir quand il a sonné, il m’a dit ‘mon bébé‘. Je lui ai dit de dégager, j’ai pris mon téléphone pour appeler la police et c’est là que les violences ont démarré. »

On n’a pas bien compris qui des deux aurait parlé d’une relation de proximité entre eux. Le prévenu s’en défend comme un diable, arguant de très très nombreux enfants, de plein de femmes différentes, à l’appui d’une hétérosexualité forcenée. L’homme qui est en place de victime a en revanche une manière singulière de dire le contraire : « Qu’on ait couché ensemble l’an dernier, c’est pas vrai. Il avait des problèmes d’érection, et j’avais dit ‘pas de problème, on se couche’. »

Tout ça pour dire que tout est bien compliqué et pas seulement entre eux.

Chalon, la nuit, deux blessés

C’est la police municipale qui s’y est collée, cette nuit-là, appelée dans la nuit du 29 au 30 novembre, pour « une altercation entre deux individus ». Ils sont blessés tous les deux. Les deux hommes se connaissent depuis environ 1 an. L’un a un logement à Chalon, l’autre fait la manche et navigue entre Chalon et Sennecey-le-Grand où vivent ses parents. Il perçoit l’allocation pour adultes handicapés et dit donner 250 euros par mois à ses parents « parce que mon père a 800 euros de retraite alors qu’il a travaillé plus de 50 ans pour la France. C’est dégueulasse. »

Le 29 novembre, il a fait la manche, il s’est bagarré, il a bu et il a cherché où dormir

En attendant, ses parents ne lui laissent pas les clés de chez eux, et comme ils sont absents pour un mois, eh bien le 29 novembre, il a fait la manche, il s’est bagarré, il a bu une dizaine de bières (« Des Kronenbourg, si vous croyez que ça me soule… »), et il s’est pointé chez ce copain, avec d’autres bières, si on a bien compris, et deux valises, pour s’installer un moment.

« Vous avez oublié de stipuler »

Mais le locataire ne veut pas d’un coloc. Le prévenu lui aurait sauté à la gorge, l’aurait fait chuter, se prend un coup de bouteille sur la tête, donne des coups, au visage, dans les côtes, dans le ventre, dans les jambes… Le prévenu à l’audience tient ferme et dit à la présidente : « Vous avez oublié de stipuler que la plaie à la main, il se l’est faite tout seul en me cassant un verre sur le visage, j’ai eu des points de suture. »

A sa charge, « sur personne vulnérable »

L’arrivée de la victime en salle d’audience ne pouvait pas passer inaperçue. Victime de plusieurs AVC, l’homme ne voit plus grand-chose et un agent de sécurité poussait son fauteuil roulant. Lunettes noires, couvert de tatouages noirs aux aussi, masque noir, vêtements noirs, voilà l’effet. 
« Oui mais il peut se servir de ses jambes quand même » s’insurge le prévenu.

« Et merci à la police »

« Moi la seule chose que je demande, c’est que monsieur ne mette plus jamais un pied chez moi, il me fout vraiment la trouille, et merci à la police d’avoir récupéré mes clés » dit la victime.

31 condamnations à son casier, en état de récidive légale et il était en probation

Le procureur liste les points à charge : le prévenu était très alcoolisé et « dans un état très agressif », le certificat médical décrit les blessures de la victime, son état de vulnérabilité n’est pas contestable ; de plus le prévenu a 31 condamnations à son casier, il est en état de récidive légale et il était en probation. Le procureur requiert une peine totale de 10 mois de prison.

« Je sais que je vais aller en prison »

Le prévenu ne doute absolument pas qu’il va y rester, en taule, mais le pire n’est jamais certain, y compris au tribunal en dépit des logiques pénales qui nous habituent à autre chose.

A sa décharge : « des constats incompatibles avec la version de la victime »

Maître Mortier-Krasnicki prend le temps de confronter le récit des faits qu’en a donné la victime, à ce que constate exactement le certificat médical : une plaie à la main et une contusion au visage. « Donc rien ne corrobore les déclarations de monsieur. » 
Ensuite, elle passe au prévenu, montre la balafre de 5 cm de long sur sa joue que le verre en se cassant « a traversée ». Puis on passe à son crâne. Le prévenu incline sa tête vers l’avant, écarte ses cheveux : le coup de bouteille a entraîné la pause de 5 agrafes. « Ça explique qu’il ait perdu connaissance en sortant de chez monsieur » observe l’avocate. « Donc les blessures importantes sont du côté de monsieur (le prévenu). Ce sont des constats objectifs, incompatibles avec la version de la victime. »

La plaidoirie fait réagir la victime qui veut la parole mais la présidente la lui refuse. Du coup, agacé, l’homme se fait raccompagner à l’extérieur du palais de justice.

Décision : ficher une paix totale à la victime

Le tribunal dit le prévenu coupable de violence sur une personne vulnérable, estime que la légitime défense ne s’applique pas à son cas mais retient « le contexte » et le condamne, à titre de peine principale, à une interdiction de tout contact avec la victime ainsi que de paraître à son domicile, pendant 3 ans. La demande de constitution de la victime en partie civile (ce statut le reconnaîtrait juridiquement comme victime, ndla) est déclarée irrecevable.

La galère reprend, dehors

« Vous allez ressortir ce soir » dit la présidente au prévenu. Celui-ci a déclaré que s’il sortait il irait loger « chez ma femme ». Il en a donné l’identité. Il dit qu’ils sont ensemble depuis 7 mois. Sauf que pour se faire : il faut d’abord qu’il trouve le moyen de revenir du centre pénitentiaire de Varennes sur Chalon, en début de soirée. Puis il faut qu’elle soit chez elle et qu’elle consente à l’héberger. Pour dire que tout est compliqué, décidément.

FSA