Société

Derrière les violences conjugales, les violences économiques restent trop méconnues

Derrière les violences conjugales, les violences économiques restent trop méconnues

Corollaire fréquent des violences conjugales, les violences économiques concerneraient 29 % des femmes en France d'après un récent sondage révélant l'ampleur de ce phénomène méconnu du grand public.

 Avez-vous déjà entendu parler des violences économiques ? Selon une enquête d'opinion réalisée cet automne par la Caisse d'Épargne Bretagne Pays de la Loire et l'Institut des territoires, 62 % des Français ignorent tout de ce phénomène. Quant aux 38 % qui en ont déjà eu vent, rares sont ceux à avoir une idée précise de ce dont il s'agit (6 %)…


DES CHIFFRES GLAÇANTS
Privation des moyens de paiement, refus d'accès au compte joint, dépossession du salaire, contrôle des dépenses, destruction de biens personnels ou encore chantage financier sont autant de violences économiques au quotidien qui permettent de renforcer l'emprise d'un conjoint violent et d'empêcher toute possibilité de départ. Cette pression financière peut d'ailleurs continuer après la séparation à travers le non-paiement des pensions alimentaires et des emprunts communs ou encore la multiplication des procédures judiciaires afin d'épuiser et d'asphyxier financièrement les victimes.
D'après ce sondage de la Caisse d'Épargne réalisé auprès de 1 005 répondants, la violence économique « concerne plus d'un quart des Français et près de 3 femmes sur 10 (29 %) ». Dans le détail, « 1 femme sur 5 se voit capter une partie de son argent par son conjoint, 1 femme sur 10 voit les factures du foyer systématiquement mises à son nom, et plus d'1 sur 20 a un conjoint qui saisit tout ou partie de ses revenus ».
Rappelons d'ailleurs que la fédération Solidarité Femmes a alerté sur ce phénomène d'ampleur dès 2022, à travers une campagne de communication nationale. L'association faisait alors état de plus de 10 000 cas dénoncés auprès des écoutantes du 3919, la ligne nationale d'écoute destinée aux victimes. Le chantage économique (50 %) arrivait en tête de liste des violences économiques exercées, suivi par le contrôle des dépenses (22 %), la non-participation aux charges (22 %) et la privatisation des ressources (16 %).


ACCOMPAGNER L'INDÉPENDANCE FINANCIÈRE
Alors que de récentes avancées législatives visent à lutter contre ces actes insidieux, les banques ont également un rôle majeur à jouer, selon 84 % des personnes interrogées par la Caisse d'Épargne Bretagne Pays de Loire. Ce sondage s'inscrit d'ailleurs dans une démarche volontariste de l'établissement qui permet aux victimes de violences conjugales de créer un compte bancaire sur simple appel et de manière confidentielle depuis mars 2024. Gratuit pendant 2 ans, ce compte est doté d'une autorisation de découvert de 300 €. L'objectif : leur permettre de disposer de fonds personnels pour fuir leur conjoint violent. Précisons que le groupe Crédit Mutuel a lancé une initiative similaire au niveau national au mois de juillet.


J.P