Bourgogne
Le loup en Saône-et-Loire : les vrais chiffres, les vraies questions
Par Nathalie DUNAND
Publié le 15 Janvier 2025 à 10h56
Combien d’attaques sont officiellement “imputables au loup” dans l’élevage ovin du département ? Les difficultés des éleveurs sont réelles, mais le loup ne doit pas être le bouc émissaire de l’ensemble des problématiques qui menacent les élevages.
Sur Instagram, une publication de Jeunes Agriculteurs de S&L avait lancé un appel à la mobilisation le 12 décembre 2024, jour d’un Comité Départemental Loup (ou CDL), sous le slogan « Objectif 0 attaque », en martelant ces chiffres :
« 299 animaux tués en 2024
98 animaux blessés en 2024
Soit 397 victimes du loup et des dizaines d’éleveurs en détresse !
ÇA SUFFIT ! »
Relayé par Mâcon-Infos.com le jour de la manifestation, paru ensuite sur Info-chalon.com, un article signé par Cédric Michelin reprend à l’identique : « 2024 a encore été une année terrible pour la Saône-et-Loire avec 299 animaux tués par des loups. Sans oublier 98 blessés et les “pertes” indirectes de non-gestation pour les survivantes. »
D'où viennent ces chiffres ? Il existe bien un document officiel transmis à toutes les parties prenantes au sein du CDL 71. Et la réalité est tout autre…
+ de 40 % de données erronées
Nous avons demandé des précisions à Mickaël PAUL, bénévole LPO siégeant au sein du CDL 71, qui a donc reçu un document de 13 pages qu’on appelle Bilan des constats de dommages aux troupeaux – Constats au 3/12/2024 pour la Saône-et-Loire.
Explications :
En cas d’attaque sur son troupeau, que l’animal soit blessé ou mort, l’éleveur doit appeler l’OFB(1) rapidement (dans un délai de 72 heures), qui se déplace alors sur l’exploitation pour faire une expertise et dresser le constat. Plusieurs indices permettent d’identifier, avec plus ou moins de précisions, la cause du décès. Mickaël PAUL tient à préciser que « malgré certaines pressions possibles et rares heureusement qui peuvent se faire sur des exploitations, les agents sont reconnus par la grande qualité de leur conclusion et leur neutralité. Le contexte actuel, où l’OFB est injustement décrié, n’aide pas même si bien sûr, rien n’est jamais parfait dans aucun système. La biodiversité mérite sa police pour éviter les cas de braconnages, les destructions illégales, etc. » La conclusion technique de l’OFB pose alors son diagnostic en ces termes : Loup/Lynx non écarté – Cause de mortalité indéterminée – Loup/Lynx écarté – Non lié à une Prédation.
Après calcul sur ledit bilan, Mickaël PAUL révèle : « sur les “299 animaux tués par des loups” annoncés à la manifestation et relayés dans l’article, 156 sont véritablement déclarés “loup non écarté” par l’OFB. Concernant l’éventualité d’un acte de chien errant, seul ou à plusieurs, des éléments d’attaques ou de consommation sur l’animal permettent en général d’affiner cette possibilité même si une part d’incertitude demeure. »
156 morts, c’est encore trop, bien entendu, mais un débat utile doit d’abord s’appuyer sur des faits officiels. La prédation du loup est une question suffisamment complexe pour ne pas jeter de l’huile sur le feu.
Refuser le débat, une solution ?
L’article poursuit : « Alors que la FDSEA et les JA de Saône-et-Loire avaient boycotté le Comité loup pour manifester leurs mécontentements ».
Boycotter, censurer, une pratique décidément très répandue dans l’air du temps…
Mais le temps, lui, doit être utilisé à trouver des solutions, pas à brouiller les pistes ni dresser les uns contre les autres. Pour y voir plus clair, il est utile de replacer l’élevage dans un contexte plus large, social et économique.
Les principales difficultés des éleveurs, ce ne serait pas le loup !
Dans une éclairante synthèse de 12 pages publiée en 2019, CAP-loup recense « les contre-vérités sur le loup », en s’appuyant sur une trentaine de sources bibliographiques* et affirme que « les difficultés des éleveurs français étaient présentes avant le retour des loups [en 1992] » Et de rappeler ces principales difficultés(2).
Extraits* :
— en France, les éleveurs sont confrontés depuis plusieurs décennies à une évolution de la société avec une forte concurrence internationale des productions ovines. Actuellement, la situation est telle que les exploitations de montagne ne peuvent se maintenir que grâce aux subventions qui représentent en moyenne les 2/3 du revenu des éleveurs, hors aides liées au loup !
Et de pointer l’élevage ovin-viande en France, en difficulté :
— En quelques décennies, les exploitations ont évolué vers des troupeaux de plus en plus grands avec de moins en moins de main-d’œuvre, donc de moins en moins gardés. Malgré cela, en vingt ans, le nombre d’exploitations ovines a été divisé par trois et le cheptel réduit d’un tiers.
— La consommation de viande ovine par Français a chuté de 40 %. Près de la moitié des Français et 2/3 des moins de 35 ans n’achètent pas de viande ovine. Et le peu qui est consommé provient pour moitié de l’importation.
Et l'étude de conclure sur ce point : Si les éleveurs ont des difficultés à cause d’un contexte économique défavorable, aidons les éleveurs et n’instrumentalisons pas le loup.
Par Nathalie DUNAND
(1) OFB : Office français de la biodiversité.
(2) Les contre-vérités sur le loup : https://www.cap-loup.fr/wp-content/uploads/les-contre-verites-sur-le-loup.pdf
* Nous n’avons pas repris les sources biblio dans ces extraits. Pour les vérifier, se reporter au document.
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