Culture
Jeanfi Janssens descendra du ciel à Chalon le 6 février, en espérant y décrocher la lune…
Par Michel Poiriault
Publié le 16 Janvier 2025 à 13h54
Il fut un temps où Jeanfi Janssens était très « tête-en-l’air », pour la bonne cause toutefois, car étant chargé de veiller professionnellement au confort des passagers aériens. Il a depuis retrouvé le plancher des vaches avec un bonheur certain pour être à la botte de l’humour, qu’il promouvra le jeudi 6 février à 20h à Chalon-sur-Saône, salle Marcel-Sembat. Interview pour info-chalon.com
Après Jeanfi au sol et en vol, Jeanfi décolle, voici à présent Jeanfi Janssens tombé du ciel, son troisième one-man-show où il met beaucoup de lui-même, n’hésitant pas à se gifler copieusement.
« Tombé du ciel », les saillies verbales vont-elles fondre sur le public chalonnais le 6 février ?
«Oui, sûrement ! Je me moque un peu des gens, parce qu’à un moment dans le spectacle il y a une interaction avec eux dans le spectacle. Je descends dans la salle, donc il y a quelques saillies verbales, mais qui sont toujours fonction de ce que les gens me donnent à saillir (rires). »
N’êtes-vous pas un poil nostalgique, en ramenant à la surface des péripéties de votre ancienne profession de steward ?
« Non, car c’est une carrière que j’ai adorée, que j’ai aimée faire, mais je n’ai pas changé pour une carrière moins bonne. J’ai une carrière tout aussi exaltante, c’est-à-dire que quitter les avions pour devenir artiste ce n’est quand même pas banal. En revanche je suis nostalgique des départs, du fait de partir loin une fois par semaine, mais pas du métier. Je fais encore part de quelques anecdotes aux passagers, voyez la déformation, pardon, aux spectateurs. Ils en sont friands, et je pense qu’ils se reconnaissent dans pas mal d’entre elles. C’est juste un petit clin d’œil, mais l’essentiel du spectacle n’est plus sur les avions. »
Que vous a-t-elle légué ?
«Des codes, que je n’avais pas au départ, des surprises, parce c’est quand même un milieu qui est très déstabilisant, très superficiel, où il faut se former de vraies amitiés, mais à côté de ça il y a quand même des choses qui font que les gens ne sont pas forcément naturels avec vous. En fait ce sont des codes qui changent, parce que tout change quand on devient connu, et il faut le prendre en compte. Donc on se rapproche beaucoup de ses amis et de sa famille, des gens qui vous ont toujours connu, parce que tout ce qui arrive après, il y a toujours le doute qui s’immisce, on ne sait jamais pourquoi les gens sont là.»
Est-ce ferme et définitif : humoriste vous êtes devenu, humoriste resterez-vous ?
«C’est ce que je sais faire le mieux, que voulez-vous que je fasse d’autre (rires)? Ferme et définitif ? Non, parce que je suis ouvert à toute proposition artistique, je me dirige notamment un peu vers la fiction. Je ne dis pas qu’un jour je ne ferai pas un rôle un peu plus profond, ou un rôle un peu moins humoristique. Mais pour l’instant, monter sur scène pour faire rire c’est ce qui me plaît le plus. »
Comment l’humour s’est-il imposé ?
« Je n’ai pas choisi, je ne me suis pas dit : tiens je vais aller dans les avions, je vais faire autre chose. J’étais dans les avions, je faisais rire les gens, et de fil en aiguille on m’a proposé de faire un concours d’humoristes. Une copine m’a inscrit à mon insu à un concours d’humoristes, c’est comme ça que je suis monté sur les planches, mais cette capacité à faire rire, je l’avais déjà, et sans mettre un mot sur humoriste. C’est juste une nature, ce n’est pas un choix de métier ni de carrière. »
Faut-il que ça vous fasse rire, avant que ce ne soit le cas pour le public ?
« Il faut que ça fasse rire ma mère avant que ça me fasse rire. Si ça la fait rire, je sais que ça va marcher, parce que ma mère c’est les gens, c’est une espèce de baromètre. Si ça ne la fait pas rire il faut que je retaille les vannes, c’est parce que je les ai mal formulées, en tout cas ça veut dire que ça ne marchera pas. Ce qui me fait rire est complètement différent, mais je les teste d’abord sur ma mère, et si je vois qu’elle réagit je sais que ça marchera. »
Vous mettez-vous des limites ?
« Non, parce que je donne beaucoup de moi aux gens, notamment déjà aux Grosses Têtes à la radio on me connaît pour ça, pour ce franc-parler, et puis je plonge les gens dans mon intimité. On ne m’a pas pris pour la culture aux Grosses Têtes (rires), mais parce que je faisais rire sur ma vie. Je me moque surtout de moi avant de me moquer des autres, donc comme je me moque de moi, je donne tout aux gens je pense. Je n’ai pas trop de limites, tant que ça peut faire rire, mais pas à n’importe quel prix. Comme c’est un humour d’autodérision, il ne choque ni ne blesse personne. »
Le fait d’écrire vous-même est-il un parti pris, et quand vous interprétez les textes de quelqu’un d’autre, qu’est-ce que cela donne ?
« J’ai fait une pièce de théâtre de Laurent Ruquier (Un couple magique NDLR), une autre pièce qui s’appelait Que la meilleure gagne avec feu Laurence Badie, que j’ai adorée. Le one-man-show c’est toujours très, très personnel, et c’est se raconter devant les gens en prenant un angle pour raconter sa vie qui est censé faire rire, donc qui mieux que moi peut écrire sur ma vie ? »
Y a-t-il de l’insouciance, ou de l’inconséquence dans l’humour, ou s’agit-il d’une science à part entière ?
« De l’insouciance, non. Pour moi c’est une thérapie aussi, je traite mes problèmes, tout ce que j’ai eu de dramatique dans ma vie. Plus c’est dramatique, plus j’en retire un ressort comique sur scène, et ça me permet de me traiter en même temps. Je pense que beaucoup d’humoriste restreignent les choses, parce que la société est ainsi faite, et c’est compliqué de dire les choses. Je trouve qu’on a moins de liberté aujourd’hui qu’il y a vingt ans, mais en ce qui me concerne, comme je me moque surtout de moi, je n’ai pas beaucoup à me restreindre. »
Est-ce le grand écart entre votre troisième seul-en-scène et la collégialité des Grosses Têtes ?
«Ce sont deux activités différentes, c’est comme si je vous demandais si vous préférez aller à la banque ou à la boulangerie ! Les Grosses Têtes c’est un plaisir, mais c’est un peu les Grosses Têtes qui m’ont appris la spontanéité et l’immédiateté. C’est un exercice de répartie, donc c’est très compliqué de trouver le timing. Ca m’a donné un timing, et ça m’a beaucoup aidé sur scène. L’un sert l’autre, et l’autre sert l’un. »
Il reste des places…mais en nombre limité
Tarif unique : 42,00 euros. Lieux de vente habituels. Renseignements auprès d’A Chalon Spectacles (03 85 46 65 89, ou [email protected] )
Crédit photo : Pascalito Propos recueillis par Michel Poiriault
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