Agglomération chalonnaise
SELLIG à Chalon le 13 février ! Comment faire rire du quotidien ? Entretien avec l’humoriste
Par Nathalie DUNAND
Publié le 27 Janvier 2025 à 12h58
Ce ne sont pas les médias parisiens qui ont fait sa réputation, c’est son public, le meilleur baromètre de l’humour. L’excellent Sellig sera sur scène à Chalon avec son dernier spectacle « Épisode 6 », jeudi 13 février. Entretien avec un artiste simple et authentique.
« Du vif argent ; excellentissime et d’une gentillesse infinie ». Les mots de son public ont fait sa réputation depuis 30 ans. Et une carrière d’humoriste qui dure… ça dit tout. Tout ce qu’on adore chez Sellig : son accent, ses mimiques, sa gestuelle, ses textes – ces pépites qu’on se repasse en boucle ! Sans oublier ses personnages savoureux (sa sœur et son beau-frère Bernard en tête) confrontés aux situations de la vie quotidienne – on les a toutes vécues, ou on aurait pu, comme le comédien Gilles MAGNARD – de son vrai nom.
Authentique, généreux et doué. Sellig (“Gilles” à l’envers) n’a pas besoin d’artifices pour sortir du lot, il cartonne, loin des plateaux TV, proche du public. Il sillonne la France, faisant plus de 100 spectacles par an qui affichent complets. Ses sketches sont dignes des grands humoristes français. La preuve : ils nous accompagnent.
En bref, Sellig a conquis un public fidèle et carrément sous le charme !
Nathalie Dunand : Votre carrière d’humoriste dure depuis 30 ans, vos spectacles font salle pleine. Vous avez déjà fait 6 Olympia – une salle mythique – et c’est toujours complet. Pourtant, on ne vous soit pas sur les plateaux TV. Pourquoi ?
Sellig : Oui, 6 dates à l’Olympia, c’était complet, et j’en ferai deux autres en janvier 2026. C’est curieux en effet, les médias parisiens ne m’invitent pas pour parler de mes spectacles, on ne pose pas une seule affiche dans Paris, mais le public est toujours présent. Je pense que, dans l’intellectualisme parisien, le divertissement populaire, ça ne plait pas. C’est dommage de ne pas reconnaitre cette forme d’humour. Le rire est puissant, il peut détruire, soigner, sauver et depuis la nuit des temps, le bouffon mangeait à la table des rois (rires).
Donc je fais mon chemin de mon côté, en allant rencontrer mon public, avec plus de 100 spectacles par an, et ça me plaît beaucoup. Et puis, ça m’arrange bien aussi : je peux aller boire un café tranquillement, on ne me reconnaît pas !
Vous vous mettez des limites dans l’humour ? Sujet clivant, dérangeant ?
Sellig : Depuis que je suis petit, ce que j’aime faire, c’est divertir les gens. Alors les sujets qui touchent à la maladie, la mort, la politique, la religion, la sexualité, ce n’est pas mon truc. D’autres le font très bien. Moi, j’aime raconter des histoires drôles et faire rire. Ce qui n’empêche pas que, dans mon écriture, je mets plusieurs degrés.
Avant d’aborder vos textes, parlez-nous de votre style. Ça s’apprend ? Votre gestuelle, vos onomatopées, vos “mesdames et messieurs ” qui apostrophent le public…
Sellig : Pour moi, c’est instinctif. J’aime beaucoup Louis de Funès. Quand j’étais jeune, j’étudiais son jeu de scène, je l’imitais. C’est fabuleux, assez peu d’humoristes jouent avec leur corps et leur faciès pour faire rire.
Quant au “mesdames et messieurs ”, depuis l’Épisode 1, j’ai toujours dit ça…. Mes grands-parents m’emmenaient au cirque, ça peut venir de là…
Votre univers est fait du quotidien et de personnages récurrents (votre sœur, votre beau-frère Bernard). Pourtant vous n’avez pas de sœur, je crois ?
Sellig : Non, mais le personnage de ma sœur est vraiment inspiré d’une personne de ma famille proche. Je ne dis pas qui, je la protège. Pendant un déménagement il y a 30 ans, je me souviens l’avoir vue porter un frigo sur son dos – petit, mais quand même ! Ça m’a donné un déclic. Du coup, ça la fait marrer.
Et puis des gens m’ont très vite dit : « quand est-ce qu’on revoit votre sœur ? ». Puisque j’aime raconter des histoires pour faire rire, je leur ai donné ce qu’ils réclamaient. Et au cours des spectacles, de l’Épisode 1 à 6, J’ai crée une famille, qui a evolué : il y a leur fils, Jürgen, leur chien, Pupuce… Il y a même un BD avec mes personnages, Ma sœur et mon beau-frère, elle s’est vendue à 12 000 exemplaires parce que mes fans se retrouvent dans mes personnages.
Vos sketches multiplient les trouvailles, les pépites qui font exploser les rires. « C’est simple, efficace et tellement vrai : c’est génial ». Les mots de vos fans révèlent ce contraste : écrire à partir du quotidien, est-ce difficile ?
Sellig : Je pense que la difficulté, c’est de rester vrai. Parfois, je me dis que si j’étais une star comme certains collègues, je serais plus loin du quotidien des gens. Or je le vis, et à partir de là, j’écris et le partage. Par exemple, quand je vais boire un café, j’ai la tranquillité, on ne me reconnaît pas. J’observe, j’emmagasine l’expérience. Quand tu deviens millionnaire, ça devient impossible, on ne peut plus parler des mêmes choses.
Vous écrivez seul ? Combien de temps vous faut-il pour écrire un spectacle ?
Sellig : Il y a 25 ans, on a fait un ou deux sketches à deux. Puis très vite, j’ai pris la barre. Dès l’Épisode 2, j’écris tout seul, je préfère aller où je veux, le dire comme je veux. Pour écrire un spectacle, il me faut 1 an et demi à 2 ans d’écriture parce que chaque phrase est pensée. Oui, il faut du temps.
Vous avez un entourage sur lequel tester les sketches ?
Sellig : Non, je teste directement sur les gens dans des petites salles d’une centaine de personnes. En général, je vais au KFT à Saint-Galmier, près de Saint-Étienne, et je joue tous les soirs. Je travaille mon spectacle pour voir ce qui marche, ce qui marche moins bien. On ne sait pas d’avance comment les gens vont réagir.
Jeudi 13 février, vous serez à Chalon. Parlez-nous un peu de votre spectacle, Épisode 6.
Sellig : C’est la continuité. Je vis, je voyage, je pars en tournée, je vois des choses, le monde changer, et à partir de là, je peux écrire des sketches. Ce qui les nourrit, c’est les situations que je vis. Entre l’Épisode 5 et le 6, j’ai passé la cinquantaine, j’ai pu voir ce que ça faisait, la vision du jeunisme. Et à 50 ans, je me suis retrouvé célibataire. Je me suis inscrit sur un site de rencontres comme tout le monde, et je me suis aperçu que c’était n’importe quoi ! Ils voulaient clôturer mon compte en m’accusant d’usurper une fausse identité ! C’est compliqué, je n’ai pas de papier au nom de Sellig (rire). C’est du vécu ! Il y a Noêl en famille, tout le monde le vit, et moi, eh bien… c’est avec ma sœur ! Ou un sketches sur la cuisine parce que j’ai été cuisinier avant d’être comédien. J’ai voulu parler de la maltraitance des apprentis en cuisine : il faut voir comment ils sont traités, les chefs ça hurle ! Bref, je transforme tous les sujets qui me touchent de près…
Vous êtes quelqu’un de drôle au quotidien ?
Sellig : Ah ! l’humour et les humoristes ! Souvent les gens confondent la personne et son métier. Dans un dîner, on n’est pas plus drôles que notre voisin, on n’est pas des comiques de table. C’est un métier, un art, pas une manière d’être. Vous ne vous levez pas le matin en vous disant « tiens, je vais faire chanteuse d’opéra », on sait que c’est difficile, qu’il faut beaucoup de travail. Par contre, pas mal de gens se disent « tiens, je vais essayer d’être humoriste, je fais rire mes potes », puis ils se rendent compte que ça ne fonctionne pas. Il y a beaucoup d’humoristes, peu de gens drôles. C’est un art, pas souvent reconnu comme tel.
L’écriture tient une place importante dans votre vie. Vous êtes également auteur de 6 romans de science-fiction comique et de nouvelles en accès gratuit sur votre site. Y a-t-il des ponts entre les sketches et les récits de fiction ?
Sellig : Oui, pour moi, c’est deux façons de raconter des histoires. Des histoires courtes avec mes sketches pour monter ce qui m’interpelle, et des histoires longues dans les récits, où j’ai le temps d’installer des personnages. Je crois que je me lasserais de l’une de ces formes si je ne faisais que ça.
J’ai écrit deux romans avec les personnages de la famille de ma sœur et c’est ce qui marche le plus ! Le 7e sortira au printemps.
En octobre 2024, en pleine tournée pour Épisode 6, vous avez eu un accident de moto impressionnant. Par chance, rien de cassé, mais des hématomes notamment au visage. Vous avez écrit « Je serai sur scène, que ce soit en fauteuil roulant, avec des béquilles ou assis ». Qu’est-ce que ça dit de votre relation à votre public ?
Sellig : (rires) Oui, le surlendemain de l’accident, j’étais sur scène. Je pouvais le faire, alors je l’ai fait ! C’est comme les nouvelles dont vous parliez, en accès libre sur mon site : je me dis que j’ai de la chance de faire un métier qui me plaît. Et c’est cool d’en faire profiter les gens. Je me dis qu’il y a un moment où il faut rendre ce qu’on nous a donné. Pour moi, c’est normal.
On voit et on revoit vos sketches avec le même plaisir. Il n’y a pas de lassitude. C’est ça, la magie de l’humoriste ?
Sellig : Philippe Vaillant, le producteur d’Anne Roumanoff, qui m’a produit pendant des années, disait : « à partir du moment où les gens se rappellent 3 sketches d’un humoriste, c’est gagné ». Quand un humoriste commence à laisser des traces, c’est que ça fonctionne ! Faites l’expérience : citez 3 titres de sketches d’humoristes connus, c’est pas toujours facile !
Sur votre site, on lit dans votre présentation : « Un cuisinier, un humoriste, un écrivain, un chroniqueur, un acteur ». Dans quel ordre mettriez-vous cette liste ?
Sellig : Je dirais : auteur, comique, comédien. J’en ai abandonné certains. Chroniqueur, j’ai essayé, mais je ne suis pas fait pour la régularité. On m’a souvent demandé de faire des chroniques à Rires et chansons, j’y arrive pas. Créer sur commande, c’est pas mon truc. J’ai des moments de création, d’autres non.
Je suis là pour raconter des histoires et pour divertir. J’en vis, c’est énorme, et je suis super heureux. Il y a des jeunes qui refont mes sketches, ça m’amuse beaucoup.
Bienvenue dans l’Épisode 6 de Sellig !
Propos recueillis par Nathalie DUNAND
[email protected]
SELLIG – ÉPISODE 6
Jeudi 13/02/2025 à 20 h
Lieu et Réservations : SALLE MARCEL SEMBAT 1 Place Mathias, 71 100 Chalon-sur-Saône
Découvrir tout l’univers de SELLIG sur son site : https://sellig.com/
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