Agglomération chalonnaise
Jugé pour évasion : « Il a fait son maximum pour rentrer, il devait faire quoi de plus ? Voler une voiture pour aller plus vite ? »
Par Florence SAINT-ARROMAN
Publié le 24 Février 2025 à 17h46
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Une escorte de quatre policiers est dans le hall depuis 14 heures, ce 24 février, au cas où le tribunal décernerait le mandat de dépôt requis (pour 4 mois ferme). La défense a plaidé une relaxe. Suspens : cet homme, écroué sous le régime de la semi-liberté, s’est-il réellement évadé ?
Matériellement, oui. Il était attendu le 20 janvier en fin de journée au centre pénitentiaire, pour réintégrer sa cellule or il n’est revenu que le lendemain vers 17 heures.
« Il n’a pas respecté les horaires » dit le procureur.
« Il a prévenu par téléphone le 20 janvier avant 17 heures, de son problème » plaide maître Andali non sans un grain de sel : « Il a fait son maximum pour rentrer, il devait faire quoi de plus ? Voler une voiture pour aller plus vite ? »
On a relaté l’audience de renvoi ici : https://www.info-chalon.com/articles/2025/01/24/96771/tribunal-de-chalon-on-lui-reproche-de-s-etre-evade-il-veut-preparer-sa-defense/
Ce 24 février les faits n’ont pas changé et la procédure d’enquête tient toujours en un seul procès-verbal d’audition, celui du prévenu. Le procureur lui-même déplore l’absence d’enquête et d’investigations téléphoniques (« ça n’aurait pas été du luxe ») qui auraient donné des éléments susceptibles d’aller dans le sens des déclarations du prévenu, ou au contraire de les anéantir. Le parquet ne peut s’en prendre qu’à lui-même, finalement.
Sa situation actuelle
Le prévenu, qui fut placé sous contrôle judiciaire en attendant ce jugement, comparaît libre puisqu’il a continué pendant ce temps d’exécuter sa peine de 6 mois ferme ( https://www.info-chalon.com/articles/2024/10/04/93480/chalon-sur-saone-une-main-tendue-pour-une-gifle-sur-un-bebe-de-trois-mois/ ) dormant chaque soir en prison et en sortant trois jours par semaine pour chercher du travail, un logement, répondre aux convocations de l’AEM, y voyant une psychologue « quand elle est là » (elle n’y travaille visiblement pas à temps plein) – ailleurs y a pas de place pour un suivi à visée thérapeutique, digne de ce nom. En ce qui concerne l’obligation de soins en addictologie : il est sur une liste d’attente au CAIRN.
La vie des « obligations de soins » suit donc son cours fragile et incertain sur le sol national. Les centres et services dédiés aux « soins » se trouvent de fait incapables (faute de moyens, comme on dit) d’apporter un grand soutien à nombre de ces gens démunis dont la justice exige des prouesses dont pas mal de gens dits insérés, et en tout état de cause sans casier judiciaires, ne seraient pourtant pas capables. C’est ainsi. Cette carence pose question puisqu’on vit à une époque qui veut tout « thérapier ». Cette contradiction n’est pas sans conséquences pour les personnes contraintes.
Le récit
Celui-ci, le 20 janvier, avait pris la navette qui va du centre pénitentiaire jusqu’à Chalon-sur-Saône, pour faire le tour des agences de travail en intérim. A midi, il avait terminé ses démarches, mais devait tuer le temps jusqu’à 18h15 : il n’a pas le droit de réintégrer sa cellule plus tôt.
Sans argent, il aurait dû traîner ici et là à regarder les passants, pendant plus de 6 heures, mais il croise une connaissance, un « monsieur Antony » qui lui propose une balade.
Le prévenu accepte : il voudrait faire une surprise à l’un de ses sœurs qui vit en Bresse. Las, la sœur n’est pas chez elle et monsieur Antony a à faire à Bletterans. Le prévenu l’y attend en battant la semelle.
A 16h30, coup de tonnerre dans le ciel pluvieux de janvier : monsieur Antony change ses plans et laisse le prévenu en carafe. C’est là que ce dernier appelle le centre pénitentiaire pour dire qu’il ne sera pas rentré à l’heure. Mais à l’heure dite, le voici sous le statut d’évadé.
L’homme s’est mis à marcher. Très vite la nuit est tombée et avec elle, la pluie. Faute de charge son téléphone s’est éteint. Sur son trajet il croise un hangar et y passe la nuit. Au matin il reprend sa marche, il mettra la journée à parcourir la cinquantaine de kilomètres qui le séparent de la prison.
« Est-ce qu’on prévient le service pénitentiaire quand on a l’intention de s’évader ? »
Le hic : tout cela ne tient que sur ses déclarations. D’un autre côté, plaide maître Elise Andali : « Est-ce qu’on prévient le service pénitentiaire quand on a l’intention de s’évader ? »
Une simple vérification des bornages de son téléphone aurait permis de vérifier au moins son parcours jusqu’à cet appel, mais, comme le déplore le procureur, rien n’a été fait, donc…
La Cour de Cassation a rendu plusieurs arrêts carrés sur les histoires de retards, et le procureur s’appuie dessus pour requérir. Soit, mais ne faut-il pas tenir compte des circonstances ? insiste l’avocate de la défense.
Le prévenu considère-t-il avoir des responsabilités dans cette histoire ? lui demande la présidente. « Bien sûr, répond l’homme. J’ai voulu m’octroyer un temps libre sans avoir les moyens d’y faire face. » C’est exactement ce qui lui sera reproché lors du délibéré. La « semi-liberté » porte mal son nom : on est sous écrou H24.
« Il n’a jamais eu l’intention de s’évader »
La présidente fait le point sur chaque volet des obligations et interdictions du détenu. Maître Andali a transmis au procureur et au tribunal toutes les pièces qui justifient de son réel investissement. Elle ajoute : « Son histoire est crédible et c’est un tout petit dossier. Il n’a jamais eu l’intention de s’évader ou de se soustraire à sa garde. »
« Cette semi-liberté est très importante pour moi. Elle me permet la meilleure chance de réinsertion. Je vois l’avenir, désormais, et je dois m’occuper de mes enfants. » Ses enfants, entretemps ont été placés, il voit le plus grand dans un lieu médiatisé, il a une interdiction de contact avec le plus jeune (la vérité judiciaire a toute autorité).
Coupable d’évasion sans avoir eu l’intention de s’évader
Le tribunal dit l’homme coupable d’avoir, bénéficiant du régime de semi-liberté, « omis » de réintégrer sa cellule. « Parce que vous ne démontrez pas qu’un élément insurmontable vous a empêché de… et qu’il vous appartenait de vous organiser autrement pour vous conformer à vos obligations » …
… Mais, « compte-tenu de l’exécution en cours et des efforts auxquels vous consentez pour votre réinsertion »
Le tribunal le condamne à la peine de 2 mois de prison aménagés ab initio sous la forme de la semi-liberté.
Sa fin de peine, déjà reportée du 27 février au 3 avril (retrait de tous ses crédits de réduction de peine sans rapport avec ce dossier), recule encore de 2 mois. Ses horaires de sorties ont d’ores et déjà été amputés de deux heures.
Son casier, surtout nourri d’usages de stupéfiants et de deux conduites sans permis et sans assurance, aggravé par la condamnation du 3 octobre dernier, va s’alourdir encore d’une condamnation pour « évasion ».
« Est-ce que c’est clair ? » lui demande la présidente. D’une voix étranglée, l’homme répond : « Oui c’est clair. » Il en tremble encore.
FSA
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