Société

CONSOMMATION - Connaissez-vous la méthode BISOU ?

Par Propos recueillis par Julie Polizzi

Publié le 25 Février 2025 à 18h12

CONSOMMATION - Connaissez-vous la méthode BISOU ?

Imaginée en 2017 par deux auteurs travaillant sur la surconsommation, la méthode BISOU s'est imposée comme une pratique fiable pour éviter les achats inutiles afin, non seulement, de réaliser des économies financières mais aussi de repenser nos modes de vie.

 Dans la grande famille des astuces visant à contrôler nos dépenses, la méthode BISOU s'apparente davantage à un maître à penser plutôt qu'à un simple « tips ». Car si cette pratique permet d'empêcher des achats superflus, elle est aussi une porte d'entrée vers une réflexion bien plus large sur le rapport entre notre consommation et notre épanouissement. Derrière cet acronyme se cachent cinq questions centrales : Besoin, Immédiateté, Semblable, Origine et Utilité. Son auteure, Marie Duboin, nous donne les clés pour l'adopter.


QUEL EST L'OBJECTIF ?
Cette méthode permet de s'approprier l'acte d'achat. Le but est de se poser les bonnes questions pour acheter en conscience. L'idée principale, c'est qu'on a tous intérêt à s'interroger sur notre consommation en identifiant les zones de fragilité qui nous incitent à tomber dans certains travers. En utilisant la méthode BISOU, vous allez pouvoir éviter des achats inutiles mais aussi, à partir de là, réfléchir sur vous-même, vos valeurs, votre éthique, vos sources d'épanouissement, etc.


« B COMME BESOIN »
C'est la notion la plus importante et aussi celle qui est souvent mal interprétée ! Il s'agit de savoir à quel besoin cet achat répond chez moi et non pas est-ce que j'en ai besoin. On tombe souvent dans les besoins psycho-affectifs, qui dominent bon nombre de nos comportements, notamment d'achats : se conformer à la norme sociale, une baisse de moral, la nécessité de se rassurer, de montrer son amour aux autres, etc. Autrement dit, comment j'espère me sentir en faisant cet achat ? Si j'achète cette tenue alors que ma garde-robe déborde, est-ce que c'est parce que je manque de confiance en moi ? Pourquoi est-ce que je ressens le besoin d'acheter autant de choses à mes enfants ? Qu'est-ce que cela veut dire de notre relation ? Ce sont ces questions qu'il faut se poser pour décider ou non de passer à l'acte.


« I COMME IMMÉDIATETÉ »
Cette notion est simple à comprendre : est-ce que j'en ai besoin immédiatement ? Ici on met en lumière l'effet d'urgence à acheter qui est entretenu par la société de surconsommation et le marketing à travers notamment les pubs, promotions flash et autres soldes limités dans le temps qui activent chez nous ce besoin de passer à l'acte très vite. On a une propension à satisfaire nos désirs de manière immédiate qui est très ancrée. Pour lutter contre ça, il suffit de noter l'idée de produit sur une wishlist et de la consulter 1 semaine ou 15 jours plus tard : dans la majorité des cas, on ne réalisera pas l'achat ! C'est radical et très efficace.


« S COMME SEMBLABLE »
L'objectif est de s'interroger avant d'acheter un énième objet alors qu'on en a déjà plusieurs qui remplissent la même fonction. Il s'agit de remettre en question ce besoin de racheter et d'accumuler encore et encore. Pour contrer cette tendance, on met l'accent sur toutes les alternatives à l'achat neuf : l'occasion, le don, la location, le troc, le partage, etc. On essaie de déconstruire la norme qui consiste à toujours tout acheter en neuf.


« O COMME ORIGINE »
Cet objet que j'ai envie d'acheter, d'où vient-il ? Comment a-t-il été fabriqué et dans quelles matières ? Par qui a-t-il été créé et dans quelles conditions ? Comment a-t-il été acheminé ? Quelle est son espérance de vie ? Ce ne sont pas des questions faciles mais la méthode BISOU vise à nous ouvrir les yeux. Et c'est là qu'on ressent à quel point c'est impossible d'être un consommateur parfait ! Le « O » pose vraiment la question de l'éthique. Pour éviter d'être dans l'auto-culpabilisation permanente, il faut alors se fier à certains labels de confiance. Mais surtout, le meilleur ami du « O », c'est de moins consommer.


« U COMME UTILITÉ »
La question de l'utilité est très subjective et répondre par « oui » ou « non » n'a pas grand intérêt. Ici, il s'agit donc de développer la réflexion. Combien de fois par an vais-je me servir de ce nouvel objet ? Est-ce qu'il va vraiment changer mon quotidien ou finir oublié dans un placard au bout de deux semaines ? L'idée est d'éviter les achats superflus qui, en définitive, ne vont pas transformer notre vie.


Propos recueillis par Julie Polizzi


COMMENT TOUT A COMMENCÉ...
La méthode BISOU est apparue pour la première fois en 2017 dans le livre de Marie Duboin et Herveline Giraudeau, J'arrête de surconsommer ! – 21 jours pour sauver la planète (et mon compte en banque !). Alors qu'un petit chapitre seulement évoquait cette technique, l'acronyme a fait fureur auprès des médias et a été abondamment relayé, en étant parfois mal compris. Les deux auteurs ont donc approfondi la méthode BISOU dans un second ouvrage dédié, L'abus de consommation responsable rend heureux, publié en 2020 aux éditions Eyrolles.