Société

Stoppez tout ! Halte au massacre des vers blancs dans le compost !

Stoppez tout ! Halte au massacre des vers blancs dans le compost !

La confusion règne dans les tas de compost où il n'est pas rare de croiser, au gré des brassages et des épandages, d'énormes vers blancs peu ragoûtants.

 Une croyance tenace tient à les faire passer pour des larves nuisibles de hannetons, dont il faudrait se débarrasser. Au contraire, laissons vivre les larves de cétoines, scarabées rhinocéros et autres lucanes, puisque c'est d'elles dont il s'agit. 


Il y a au sein des tas de compost une vie grouillante d'organismes, dont les plus imposants représentants sont les vers blancs. Ce sont des larves de coléoptères, qui y vivent durant environ trois ans, avant de se transformer en adultes magnifiques. Si elles sont là, c'est qu'elles y ont été pondues par des mères attentives, soucieuses de faire éclore leur progéniture au cœur même d'un garde-manger géant. En effet, ces larves sont saproxylophages, ce qui veut dire qu'elles se nourrissent exclusivement de bois et de matières ligneuses en décomposition. Elles ne représentent donc aucune menace pour le jardin, bien au contraire.


DÉLIT DE SALE GUEULE
Avant qu'une mue ne les change en imago (insecte adulte) au cours de leur dernier printemps, les larves du compost atteignent la dimension impressionnante de près de cinq centimètres. Blanches ou jaunâtres, plantureuses, dodues, parcourues de quelques poils raides qui les aident à se mouvoir et dotée d'une tête cuirassée pourvue de mandibules, il est clair que leur physique n'est pas à leur avantage. Elles sont pourtant inoffensives et celui ou celle qui se fera mordre par l'une d'elles n'est pas encore né(e). Puisqu'il leur faut trois ans pour atteindre leur taille définitive avant la nymphose, on peut croiser dans le compost des larves de tous les âges et donc, de toutes les tailles.


L'OMBRE MENAÇANTE DU HANNETON
La forme de leur corps, sensiblement incurvé vers l'intérieur, est dite mélolonthoïde, c'est-à-dire semblable à celle de la larve du hanneton commun (Melolontha melolontha) et c'est là tout leur malheur. En effet, le hanneton est un insecte nuisible, tant sous sa forme larvaire, qui se nourrit des racines et des radicelles des plantes, que sous sa forme adulte, qui se nourrit du feuillage des arbres. Il fait d'ailleurs de nos jours encore de gros dégâts dans les forêts de l'est de la France. C'est pourquoi il est indiqué, lorsqu'on tombe sur sa larve, de s'en débarrasser en la confiant, quand on en a, au bon soin des poules.


À LA LOUPE
Si la larve de cétoine se caractérise par une tête minuscule en comparaison de son corps grassouillet, les larves de lucane et de scarabées sont plus longilignes, avec une tête plus grosse et un corps qui enfle vers l'arrière. On pourrait les confondre avec celle du hanneton, dont l'anatomie est identique, mais qui se distingue par une paire de mandibules bien plus développée.


À CHACUN SA CANTINE
Du fait de son régime strict de végétaux vivants, la larve de hanneton vit uniquement dans la terre, au plus près des racines. Il est donc impossible de la trouver au cœur des matières en décompositions. Il faut le rabâcher, les gros vers blancs que l'on découvre dans le compost, souvent par dizaines puisqu'elles sont le résultat d'une ponte généreuse, sont des larves de cétoine dorée, de lucane cerf-volant ou de scarabées rhinocéros. Il ne faut pas les détruire, car ce sont de superbes coléoptères qui ont toute leur place dans les écosystèmes.


Benoit Charbonneau


UN APPÉTIT COUPABLE
Les cétoines dorées adultes aiment se nourrir de pollen en dévorant le cœur de certaines fleurs et des roses en particulier, au point parfois, d'en abîmer les pétales. Si les dégâts sont généralement limités, on peut éliminer les insectes à la main, si besoin.