Chalon sur Saône
Journée Internationale des Droits des Femmes / Portrait : Laetitia Volcey, grande gagnante du concours des voix des Outre-Mer et installée à Chalon-sur-Saône, répond aux questions d’info-chalon
Publié le 08 Mars 2025 à 07h56

Soprano, originaire de l’île de la Réunion, dans l’Océan Indien, plus précisément de la commune de la Possession dans le nord-ouest de l’île, Laetitia Volcey est enseignante en chant lyrique au Conservatoire du Grand Chalon. Interview…
Laetitia, pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
J’ai grandi dans un charmant petit village sur les hauteurs de la Possession qui s’appelle Sainte-Thérèse. Après l’obtention de mon Diplôme d’Etudes Musicales (DEM) en chant lyrique au conservatoire de la Réunion, j’ai quitté l’île en 2017 et me suis d’abord installée à Aix en Provence pour poursuivre mes études supérieures. J’y prépare alors ma licence de musicologie, mon Diplôme d’Etat de professeur de chant à L’IESM (Institut d’enseignement supérieur de la musique) et un DEM en chant musique ancienne entre Aix-en-Provence et Toulon. Lorsqu’un poste de professeur de chant s’est libéré à Chalon-sur-Saône, j’ai tout de suite postulé, connaissant ce très bel établissement d’enseignement culturel et sa réputation. J’ai eu la grande joie et l’immense honneur d’être prise en 2021. C’est alors que je me suis installée à Chalon-sur-Saône.
Comment le chant est-il entré dans votre vie ?
Je chante depuis toujours avec toute ma famille et à l’église de notre village. J’ai commencé à chanter des chansons de variétés, française et internationale. J’étais une fan inconditionnelle de Céline Dion et je voulais devenir chanteuse, comme elle. À la maison, mon père nous faisait écouter aussi beaucoup de chansons françaises. Nous avons été bercés par Georges Moustaki, Jean Ferrat, Jacques Brel, Michel Sardou, Pierre Bachelet, Edith Piaf et tant d’autres … de très grands chanteurs à texte. Et puis il y a le maloya, l’une des musiques traditionnelles chantées et dansées de la Réunion, que je cherche aujourd’hui à mettre en regard de ma voix lyrique. J’aime explorer les diverses vocalités dans une démarche de réflexion plus grande autour de la question des styles, des époques, du timbre. Ces lieux de croisement sont tellement riches et féconds ! Ça c’est pour le chant. Pour ce qui est de la musique classique occidentale, j’ai commencé par le piano que j’ai appris entre 9 et 18 ans. Malheureusement je n’ai plus beaucoup le temps d’en faire mais j’adore en écouter. Cependant, la première fois que j’ai abordé le répertoire lyrique, en tant que chanteuse, c’était avec les fameux « Ave Maria » qu’on me demandait de chanter pour des mariages. J’aimais la pureté de la ligne et l’idée d’une voix qui se met au service d’une musique écrite, précise, intemporelle.
Ce n’est que très tard, à 24 ans, que j’ai osé pousser les portes d’un conservatoire pour chercher des outils techniques. Jamais je n'aurais imaginé chanter ce répertoire que je ne connaissais pas et que je n’appréciais pas spécialement en dehors des « Ave Maria ». J’avais en tête les caricatures de la Castafiore ! Et puis j'ai rencontré Ghyslaine Raphanel au CRR de la Réunion et ça a été pour moi un choc, j’ai été bouleversée d’entendre dans ma voix des sonorités nouvelles. J’ai aimé le chant lyrique d’abord à cause de l’aspect organique du fonctionnement de cet instrument pas comme les autres. J’ai été fascinée d’apprendre à mettre mon corps au service d’une partition et de la production de sons qui m’étaient agréables à ressentir et agréables à entendre pour les autres. Ça a été une véritable révélation.
J’ai mis entre parenthèses ma thèse de linguistique anglaise et je me suis entièrement consacrée au chant lyrique et me voilà aujourd’hui !
Vous êtes enseignante, que souhaitez-vous transmettre à vos élèves ?
Le chant tient une place très importante pour moi car il est porteur d’une puissance de vie incroyable ! Le chant me dynamise, il m’élève, il me permet de créer, d’inventer, de porter et véhiculer beaucoup de principes de vie et de valeurs humaines comme la discipline, le travail, la tolérance, l’ouverture, le respect, le dépassement de soi, l’amour, la joie. Aujourd’hui je cherche à transmettre à mes élèves toutes ces valeurs mais en particulier le goût du travail artisanal et du dépassement de soi pour façonner le Beau qui nourrit la dimension spirituelle des êtres humains que nous sommes, toujours dans la joie et la bonne humeur. Mais aussi l’humilité et la résilience dont il faut faire ses armes pour résister aux nombreux obstacles qui se dressent sur la route de tout apprenant et de tout artiste.
Qu'est-ce qui vous a donné envie de participer au concours des voix des Outre-Mer et que vous a apporté cette expérience ?
Passionnée de nature, je me donne à 100% dans ma pratique pédagogique et je me produis régulièrement en tant qu’artiste lyrique. J’ai ressenti toutefois l’envie de faire passer ma carrière artistique à un autre niveau mais beaucoup de pensées limitantes m’en empêchaient : « je suis trop vieille », « je ne connais personne dans ce milieu », « je suis la seule de ma famille, de mon île, à faire cela », « ce n’est peut -être pas ma place ». Mais malgré tout ça, je continue à croire en mes rêves.
Le concours des voix des Outre-Mer, sans limite d’âge, créé par le contre-ténor martiniquais Fabrice Di Falco et Julien Leleu, s’est présenté comme une opportunité extraordinaire pour moi. Soutenue par mes proches, j’ai entrepris cette aventure artistique et humaine qui va bien au-delà d’un simple concours. C’est un vrai accompagnement professionnel, qui dispense des masterclasses et coachings gratuits à tous les candidats en amont du concours, dans des lieux mythiques comme l’Opéra de Paris, avec des artistes d’excellence comme Karine Deshayes cette année qui nous a proposé un masterclasse inoubliable. J’ai pu y forger et consolider un état d’esprit combatif, une rage de vaincre, non pas contre les autres mais contre moi-même, me dépasser, pour donner le meilleur de moi, là où j’en suis. Enfin, c’est dans un esprit de famille, en bonne intelligence, et sans rivalité que j’ai pu rencontrer mes compatriotes des outre-mer tous rayonnants de joie et très talentueux. Ce que j’ai appris ? Oui, il faut y croire, toujours y croire et ne jamais abandonner… et ce soir du 8 mars, la finale sera retransmise sur France Musique dans l'émission « Samedi à l’Opéra ».
Le 8 mars précisément, date de publication de cette interview, est aussi la 'Journée Internationale des Droits des Femmes', quel est votre avis sur cette célébration ?
Je suis très honorée d’être interviewée en ce jour commémoratif de tout un combat et c’est dans la gratitude que je veux me placer, pour toutes ces femmes, mes ancêtres, mes soeurs de toutes les couleurs, de toutes les origines qui ont donné leurs énergies, leurs temps, leurs vies pour qu’aujourd’hui nous puissions avoir ces droits. C’est pour moi un devoir de mémoire. Même s’il reste encore du chemin, cet esprit de sororité, de dévotion, d’exemplarité m’encourage à faire aussi de mon mieux pour les jeunes filles et les jeunes femmes qui viendront après moi. "
SBR - Photo transmise par Laetitia Volcey pour publication. Crédit photo : Loïc Esparon, photo prise à la Cascade Langevin, à la Réunion.



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